L’attaque du poste de la Gendarmerie nationale de Ouan, au cours de laquelle 1 agent a été tué et 2 autres grièvement blessés, a fait monter d’un cran la panique au sein de la population qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Avant-hier lundi, en fin d’après-midi, le poste de la Gendarmerie nationale de Ouan, une commune située dans le cercle de Tominian et la région de Ségou, a été attaquée par des hommes armés assimilés à des jihadistes.
Selon un premier bilan, un Gendarme a été tué au cours de l’attaque et deux autres grièvement blessés.
Suite à des alertes d’attaques imminentes, un détachement de la Garde nationale avait été dépêché à Fangasso, commune située à une dizaine de kilomètres de Ouan pour la sécurisation des populations et de leurs biens.
Cependant, courant le week-end dernier, ce détachement a quitté cette position, rendant de nouveau très vulnérable la localité. C’est à peine deux jours après le départ de ce détachement de la Garde nationale qui a tenu à distance pendant quelque temps, les assaillants, qui sont des hommes armés non identifiés, sont venus s’attaquer au poste de la Gendarmerie nationale.
Ouan, depuis la dégradation de la situation sécuritaire, est perpétuellement sous pression, rapportent des sources locales.
Pour rappel, en 2015, les forces de sécurité ont arrêté un jihadiste d’Ansar Eddine qui voyageait dans le pays avec une forte somme d’argent et des documents de propagande. Son arrestation, près de Ouan, a permis d’interpeller plusieurs présumés complices à Bamako, mais également à Sikasso et près de la frontière ivoirienne.
Selon l’honorable Abdoulaye Koné, député élu à Tominian, au cours d’une conférence de presse en juillet 2015, le ministre de la Sécurité ainsi que la commission de défense de l’Assemblée nationale ont été saisis du dossier. Il a cité le cas de Tasilima où les jjihadistes avaient élu domicile, une localité située à 10 kilomètres de Tominian. Ils s’en sont pris aux villageois dans la nuit du 4 juillet 2015. Et le lendemain, Karaba Emile TRAORE a été cueilli dans sa maison et exécuté froidement devant tout le village. La faute qu’on lui reprochait, c’est d’avoir transmis l’information aux autorités sur la présence des jihadistes dans le village. Et ils ont une liste noire des personnes à abattre, des personnes collaborant avec les forces de l’ordre. En outre, il a fait savoir que plus précisément tous ceux qui ne sont pas de confession musulmane sont désormais des cibles potentielles. La population de Tominian est constituée à 95% de chrétiens et les autres animistes.
La situation n’est guère davantage reluisante aujourd’hui, nonobstant les déploiements sporadiques des FAMa.
Peu avant cette attaque de Ouan, la commune rurale de Fangasso, dans le cercle de Tominian, a été victime d’attaque terroriste le dimanche 8 octobre, dans la nuit. Elle a été dirigée contre la maison de l’agent des eaux et forêts de Fangasso. Touchés par balle, l’agent forestier et son ami du service de l’agriculture venu causer chez lui ont rendu l’âme au Centre de santé de référence de Tominian, malgré des soins intensifs.
Dans la nuit du 8 au 9 juillet dernier, une attaque a visé les postes de la Gendarmerie nationale et des Douanes, à Bénéna, dans le cercle de Tominian, près de la frontière burkinabè.
‘’Nos forces armées et de sécurité ont repoussé une attaque terroriste dans la nuit de samedi à dimanche dans la localité malienne de Benena, située à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso’’, a indiqué un responsable de l’armée malienne, cité par l’AFP.
Les forces armées maliennes ont également donné d’autres détails sur cette attaque. Sur leur site officiel, les FAMA ont précisé que les assaillants portaient des « accoutrements en noirs ».
Une autre source, policière, s’est également confiée à l’AFP précisant que « c’est une triple attaque. Les assaillants sont arrivés à motos. Ils ont ouvert le feu. Il y a eu une riposte énergique. Nous avons saisi des munitions et sur place, on a retrouvé des traces de sang. Les assaillants sont repartis avec leurs victimes ». Les assaillants ont en effet visé la police de la localité de Benena, d’après la même source.
L’enchaînement des attaques terroristes sème la psychose à Tominian devenu un des cercles les plus vulnérables. Un responsable du cercle ne mâche pas ses mots. Pour lui, ‘’Tominian est aujourd’hui plus exposé aux attaques terroristes que Djenné, sans qu’on en parle. Il est temps de prendre les mesures pérennes qui s’imposent pour protéger les populations et leurs biens dont c’est le droit inaliénable’’.
Selon un ressortissant du cercle, le Maire de de Lanfiala est en séjour forcé à San depuis plus de 5 mois, parce sa vie est menée dans sa commune. Il ne serait d’ailleurs pas le seul élu à changer de lieu de résidence dans le cercle. Autant dire qu’il y a péril en la demeure, dans l’indifférence ?
Par Bertin DAKOUO