La gestion des frontières est très complexe. Surtout avec un pays comme le Mali qui partage environ 7568 km de ligne frontière avec sept pays (l’Algérie, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal. Pour mieux gérer ces questions, le Mali a adopté en octobre 2000 une Politique Nationale des Frontières (PNF). Après 12 ans de mise en œuvre, il convient de s’interroger sur l’état et l’efficience de cette politique.
C’est justement ce qui a occasionné un atelier dit d’enrichissement et de validation des résultats du processus de relecture de la Politique nationale des frontières (Pnf du Mali) qui a commencé hier mardi 18 octobre et dont les travaux prendront fin demain.
L’objectif visé par le processus de la relecture de la Pnf à travers l’atelier national qui a regroupé plus de 120 personnes, est de parvenir à la définition partagée des concours de la future Pnf à savoir la vision, les orientations et axes stratégiques par l’ensemble des acteurs. L’atelier vise également la recherche d’une forte implication des acteurs nationaux, régionaux et locaux en vue d’un début d’appropriation du processus pour une mise en œuvre efficace et inclusive de la future Pnf. Pour le secrétaire général du Ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la réforme de l’Etat, Allaye Tessougué, cet atelier national de réflexion sur la politique des frontières de notre pays s’avère indéniablement un évènement inédit. Car à en croire le Segal, sa singularité est consacrée d’une part par la délicatesse et la transversalité des questions des frontières et d’autre part, par le nombre et la qualité des invités qui ont fait le déplacement à Bamako pour témoigner de l’importance que celles-ci revêtent dans leur vie de tous les jours. Aussi indique-t-il, ‘’ la relecture de cette politique est d’autant nécessaire que les 7.561 kilomètres de ligne frontière que notre pays partage avec sept pays limitrophes sont devenus des espaces de prédilection du radicalisme violent, de la criminalité organisée transfrontalière et du grand banditisme avec son corollaire de trafics en tout genre’’. A cela, poursuit le Segal, s’ajoutent les souffrances de nos populations frontalières liées à l’absence de l’administration locale dans certaines zones, l’insuffisance de surveillance des zones frontalières et la dégradation des conditions de vie socioéconomique.
A l’issue des 3 jours de travaux, une nouvelle politique nationale des frontières devrait être adoptée. Cette politique prend en compte les diverses préoccupations, les défis et priorités auxquelles le Mali est confronté, surtout depuis les événements de 2012, à savoir entre autres : les crises multiformes sociopolitique, institutionnelle, sécuritaire et économique que traverse le Mali ; l’évolution des priorités de l’aménagement du territoire, de la décentralisation et des réformes de l’Etat et spécifiquement de la régionalisation qui intègrent les aspects tant de l’intégration économique régionale que ceux de la gestion intégrée des frontières, les constats tirés du bilan de la mise en œuvre de la Pnf 2000, à savoir : l’insuffisance du cadre juridique et institutionnel de gestion des frontières, l’inadaptation du dispositif de financement des questions de frontières… ; la nécessité de prendre en compte des orientations et stratégies des institutions africaines, régionales et sous régionales en matière de gestion des frontières telles que l’UA, la CEDEAO, l’ABN, l’OMVS… ; le principe de la gestion concertée des frontières dans la zone sahélo-saharienne expérimentée à travers l’engagement des pays du G5 Sahel.
Pour le représentant de EUCAP Sahel Mali, la dimension sécuritaire de la relecture de la Politique nationale est une priorité car cela constitue une condition essentielle au retour des services de base et à une meilleure gouvernance nécessaire à la stabilité de l’ensemble du pays.
Le représentant de l’OIM a quant à lui, indiqué que cette nouvelle politique mérite un appui de leur part.
Soulignons que le processus de relecture de la politique nationale des frontières du Mali est rendu possible grâce aux concours des partenaires que sont : la coopération Allemande à travers la Giz, le Gouvernement japonais à travers l’Oim, la Minusma, Eucap Sahel et le Programme des nations-Unies pour le développement.
Aliou Touré
Source: Le Matin