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Association pour la Lecture Education et le Développement (ALED) : Un partenaire incontournable pour la promotion de la lecture au Mali

interview

Dans le souci de bien s’imprégné des objectifs visés par l’ALED, notre équipe de reportage est allé à la rencontre de Mme Camara Malado Fofana qui est l’Assistance Exécutive de ladite association. Dans son bureau orné de livres, cette battante ayant opté pour la promotion de la lecture et de l’éducation dans notre pays, nous a profité gracieusement de toute sa disponibilité et sa gentillesse dans ses locaux sis à l’Hippodrome en commune II du district de Bamako. Mme Camara s’est prêtée à nos questions, afin de nous donner d’amples informations sur cet immense exploit, une association créée en 1997 avec l’objectif de promouvoir le livre et de la lecture au Mali. Sa création a permis d’installer plus de 80 bibliothèques, 154 coins de lecture dans le pays.

L’Annonceur : Qu’est-ce que ALED ?

Mme Camara Malado Fofana : L’association pour la lecture, l’éducation et le développement (ALED) est une organisation non gouvernementale, non confessionnelle à but non lucratif et qui œuvre pour la promotion du livre et de la lecture au Mali à travers des activités d’installation de bibliothèques et de coins de lecture, de distribution de livres, de formation, de suivi et évaluation de bibliothèques.

L’Annonceur : Quels sont les objectifs visés par ALED ?

Mme Camara Malado Fofana : Promouvoir chez les enfants le plaisir et le goût de la lecture ainsi que l’utilisation de matériels de lecture avec une plus grande autonomie, favoriser et améliorer la distribution et l’exploitation des livres et autres matériels (bulletins, revues, journaux et fournitures scolaires). Elle vise également promouvoir l’installation, l’équipement et le renforcement de bibliothèques en milieu scolaire, rural, périurbain et urbain,

soutenir l’alphabétisation au Mali en développant une politique adéquate de production et d’approvisionnement en matériels de lecture pour les enfants, soutenir la conception et la mise en œuvre de manifestations propices à la lecture, intégrer la dimension Genre et Développement dans les activités de l’organisation par la stimulation du goût et de l’habitude de la lecture chez les filles/femmes, former les enseignants en enseignement de la lecture, écriture pour permettre aux enfants de lire avec aisance afin d’améliorer la qualité de l’éducation.

 

L’Annonceur : Quels sont les travaux déjà réalisés par ALED dans le cadre de la promotion de la lecture au Mali ?

Mme Camara Malado Fofana : ALED a réalisé suffisamment d’activités pour la promotion de la lecture au Mali. Et si je devrais remonter un tout petit peu à l’historique, ALED est issue de l’organisation Canadienne pour l’éducation au service du développement qu’on appelle ‘’CODE’’, lequel a favorisé la création d’ALED en lui transférant toutes les compétences et technologies nécessaires afin qu’elle puisse être autonome, s’exécuter en tant qu’organisation nationale. Pour revenir à votre question, ALED a contribué au lancement d’une dizaine de maisons d’éditions pour favoriser la production locale du livre et rendre le livre accessible à tous les maliens et à toutes les maliennes. Car, comme vous le savez autant que moi, les coûts du livre à l’importation reviennent très élevés suite aux taxes qui y sont afférées. Surtout qu’acheter un livre n’est pas du tout Malien. Rares sont ceux qui se donnent le plaisir de s’acheter un livre. Ce qui fait que nous avons encouragé la production locale du livre au Mali. ALED a organisé des manifestations propices à la lecture à travers l’organisation de plusieurs semaines de lecture dans les régions de Ségou, Sikasso, Koulikoro.

Elle a favorisé la mise en place de plus de 80 bibliothèques dans le pays et nous en assurons le suivi d’une quinzaine actuellement. Cela, parce que nous nous retirons progressivement de celles qui commencent à devenir autonomes pour prendre en charge leur propre destinée.

ALED a, par ailleurs, installé 154 coins de lecture dans les écoles fondamentales de Ségou et de Sikasso dans le cadre de son nouveau projet intitulé ‘’Mali en Lecture’’. L’installation de ces coins de lecture se réfère aux initiatives du Ministère de l’éducation nationale dont le souci majeur est d’améliorer le niveau d’apprentissage des élèves du cycle fondamental en lecture-écriture pour favoriser leur réussite scolaire. Les fonds documentaires offerts par ALED dans les bibliothèques et coins de lecture se composent à majorité de livres de lecture de plaisir tels que  les romans, les albums, les ouvrages de référence (dictionnaires, encyclopédies, etc.) qui sont culturellement pertinents et adaptés à la réalité socio-environnementale des lecteurs.

En plus, ALED organise des sessions de formation en enseignement de la lecture-écriture à l’intention des enseignants (es) en s’inspirant des méthodes de lecture en vigueur au Mali telles que la pédagogie convergente, le curriculum, l’approche équilibrée, le ‘’Ciwaralise’’ en symbiose avec Reading in Ghana, méthode d’enseignement de lecture appliquée au Ghana. Parallèlement à cette formation, est organisé un atelier axé sur l’animation de la lecture qui consiste à doter les enseignants des techniques et méthodes efficaces pour donner l’envie de lire aux élèves.

Ces sessions de formation sont accompagnées d’un suivi/évaluation pour apprécier le seuil de performance atteint par les enseignants dans l’application des techniques acquises et aussi apprécier le niveau des élèves dans l’acquisition des habiletés en lecture-écriture. Nous savons que la lecture ne fait pas partie de nos quotidiens, mais ALED œuvre inlassablement pour qu’elle devienne un plaisir.

 

L’Annonceur : Pour parvenir à l’installation de plus de 80 bibliothèques, 154 coins de lecture dans le pays, quelles sont les difficultés éventuelles que vous avez rencontrées ?

Mme Camara Malado Fofana : Elles sont énormes, surtout si nous voyons qu’ici au Mali, c’est maintenant que les gens commencent en réalité à comprendre que la lecture est la clef de l’éducation, de tout apprentissage en un mot. Pour en venir à la question, au début lorsqu’on se rendait sur le terrain pour prospecter les sites pouvant abriter des bibliothèques, peu de gens, même les hauts cadres, n’en percevaient pas la nécessité. Donc le désir n’était pas du tout apparent. Si c’est ALED qui partait à la recherche des lecteurs, aujourd’hui cette réalité a tendance à se renverser suite aux multiples demandes d’installation de bibliothèques et de coins de lecture qui nous parviennent et dont nous ne disposons malheureusement pas de moyens financiers suffisants pour y faire face. Le fait de prendre conscience de l’importance de la lecture est déjà un pari gagné.

Mais quelle est l’autre difficulté présentement, c’est la disponibilité d’un seul partenaire qui, depuis plusieurs années, nous accorde son appui pour faire face aux défis énormes qui se présentent à nous. Cette insuffisance de ressources financières se répercute même sur l’effectif du personnel d’ALED qui est assez réduit pour répondre à tous les besoins dont le plus crucial est le suivi permanent des enseignants en classe.

L’Annonceur : Enfin, toujours par rapport à la lecture, avez-vous des recommandations à l’endroit de la population (parents, élèves, enseignants entres autres) ?

Mme Camara Malado Fofana : Vous avez parlé des parents, cela me réjouit. Les parents ont simplement démissionné de leur rôle de suivi des enfants. Or, ils constituent les toutes premières images qui se présentent à l’enfant. L’école est un complément de la famille. Il est malheureux de constater que les parents reposent tout sur le dos des enseignants en ne visant que le passage de leurs enfants d’une classe à une autre. Peu importe le seuil de performance réalisé par l’enfant en classe. Cela constitue un premier facteur lié à la détérioration du niveau d’apprentissage scolaire.

Par ailleurs, l’école doit collaborer avec les familles qui sont des partenaires incontournables pour favoriser un meilleur encadrement des enfants. En ce sens que les parents doivent être informés régulièrement des résultats scolaires de leurs enfants. Ce manque de coordination entre la famille et l’école est une situation dégradante du processus éducatif qui mérite d’être corrigé.

En outre, il faut savoir que tout le monde ne peut pas enseigner, car si enseigner signifie transmettre le savoir, cette faculté ne peut relever de n’importe qui. A cet effet, les autorités éducatives doivent mettre l’accent sur la formation des élèves-maîtres qui sont appelés à devenir des futurs enseignants pour prendre en main, la destinée des enfants.

Enfin, j’en appelle aux enseignants de mettre fin à l’éternel conflit qui les oppose au sujet de la multiplicité des méthodes de lecture qui se chevauchent dans les écoles. Toutes les méthodes se valent. Il suffit tout simplement d’appliquer celle (s) qu’on arrive à mieux maîtriser pour atteindre les résultats attendus. Car, on ne se lassera jamais de le répéter, la lecture est la base de tout apprentissage et si cette base est ratée, on ne saurait espérer sur la réussite scolaire.

Interview réalisée par Alimatou Djénépo

SOURCE: L’Annonceur

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