Les fins de mandats sont souvent des périodes difficiles à passer. Surtout dans le cas malien, où il est un président de la République alité, toujours en contrôle médical à l’extérieur du pays. A cet effet, la constitution du 25 février 1992 stipule en son article 36 : «Lorsque le président de la République est empêché de façon temporaire de remplir ses fonctions, ses pouvoirs sont provisoirement exercés par le Premier ministre. En cas de vacance de la présidence de la République pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par la Cour constitutionnelle saisie par le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre, les fonctions du président de la République sont exercées par le président de l’Assemblée nationale».
Cet article 36 de la Constitution crée des insomnies chez nos politiques qui ne voudraient pas se soumettre à cette loi en cas de vacance de la présidence de la République. Dès lors, on comprend aisément les hostilités ouvertes contre le président de l’Assemblée nationale du Mali, Issaka Sidibé. La démocratie, selon Le Larousse, est le régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui- même, sans l’intermédiaire d’un organe représentatif (démocratie directe) ou par représentants interposés (démocratie représentative). C’est le cas au Mali, où les représentants du peuple sont les députés.
Il s’avère souvent que l’élection des députés ne fait l’objet d’aucune enquête de moralité par les électeurs. Mais là n’est pas le mal. Il sied au sein des partis politiques, où les militants se livrent actuellement une lutte fratricide pour la succession du président IBK en cas d’empêchement à exercer ses prérogatives de chef de l’Etat. C’est une guerre de succession bien exécutée contre le président de l’Assemblée nationale qui aurait déjoué toutes les pronostiques pour son élection au perchoir, en 2014.
Course pour le perchoir : il n’était pas attendu, mais il est arrivé premier
Issaka Sidibé est un inconnu du marigot politique malien. Son parcours politique est sobre. Suite à la mort programmée du Parti démocratique pour le progrès (PDP) crée par Me Drissa Traoré, Issaka Sidibé, qui était militant de ce vieux parti très connu dans les années 1990 sur l’échiquier politique national, quitte le PDP pour rallier le Rassemblement Pour le Mali (RPM), en 2001, pour son amitié avec Ibrahim Boubacar Keïta. Sa constance au Rassemblement Pour le Mali fait de lui député dans la circonscription électorale de Koulikoro, de 2002 à 2007.
Durant cette législature, il fut rapporteur général à la Commission de l’Economie et des Finances. Membre actif du BPN-RPM, Issaka Sidibé doit tout à son parti qui n’a ménagé aucun effort pour son élection au perchoir.
Aujourd’hui, les militants RPM se sentent délaissés à quelques encablures de la fin de son mandat. «Isaac» n’était pas attendu à prendre part à la course pour le perchoir, mais il est arrivé premier.
Aussi, le RPM déplore-t-il son manque d’intérêt dans les nominations dans son cabinet de personnalités influentes du parti des tisserands. En homme averti, le président de l’Assemblée nationale devait se préparer en conséquence pour encaisser les coups tordus des politiques. Car au Mali, le prix à payer de la réussite et la renommée frôlent le suicide politique.
Depuis janvier 2014 à ce jour, Sidibé paie les frais de sa victoire. Un mécontentement général plane sur l’hémicycle parce qu’il y a un président élu par la majorité présidentielle qui ne fait plus l’unanimité. Raison invoquée ? L’équipe dirigeante du cabinet du président serait décriée pour méconnaissance du travail à leur assigné. Et elle aurait été recrutée sur fond de népotisme ou de régionalisme, selon certaines mauvaises langues.
Bref! Il faut qu’Issaka Sidibé procède à un changement des cadres de son cabinet pour que tout puisse continuer.Comment peut-il gagner la confiance des députés et du peuple, peut-il se faire le chantre du changement ? Par lucidité, tout simplement.
Insécurité: violence de l’information
Bavures ou actions volontaires, les entorses aux droits humains sont nombreuses. Depuis un certain temps, notre société est envahie par la violence de l’Internet, le dénigrement de l’autre, la méchanceté gratuite à détruire celui qui aurait réussi sa marche. Notre pays devient un coupe-gorge.
Le peuple ému par cette violence que répercutent les médias, sentit monter un grand frisson d’angoisse. Pour tout le monde, l’accroissement constant de la violence des médias est une évidence ; mais comment la combattre ?
L’argent, d’abord !
Tous cherchent à accéder à l’argent d’abord (salaires exorbitants et indemnités exorbitantes). Mais de là à détruire l’autre. C’est ce pas que certains barons de certains partis politiques ont allègrement franchi pour brandir le spectre d’une honte nationale sur la seconde institution du pays qu’est l’Assemblée nationale du Mali au moment où notre pays traverse une recrudescence des attaques djihadistes sur tout le territoire, la représentation du peuple est frappée par un déshonneur qui a ému plus d’un Malien.
Les «inforoutes» maintes fois annoncées sont là, véritables TGV vers le savoir. Et comme elles circulent dans les deux sens, on peut recevoir et diffuser à tout va. N’importe qui a accès à tout, peut tout transmettre, du n’importe où vers n’importe où, et n’importe quand, pourvu qu’un câble téléphonique ou un réseau de téléphone mobile passe par là.
Au bout du click la liberté. Maintenant que tout le monde y a accès, que n’importe qui peut la faire circuler, quelle est la valeur ajoutée de l’information ? Que le monde était simple lorsque ceux qui savaient décidaient et les autres obéissaient !
La démocratie est la plus mauvaise des systèmes politiques car la règle d’or est et reste le respect de la loi. Si les textes fondamentaux sont violés on va vers le pire : la dictature des plus forts sur les plus faibles. C’est ce qui se passe malheureusement chez nous.
Le cas Cheick Modibo Diarra
Malmené par les hommes politiques parce que pas très futé en politique, il est forcé de rendre sa démission. Et laisse le pays dans les mains des politiquement médiocres. Lorsque le général Amadou Toumani Touré est chassé du pouvoir, le 22 mars 2012, par un groupe de soldats, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu à Abidjan, le 27 mars 2012, un mini-sommet assorti d’un communiqué rétablissant la Constitution du 25 février 1992, ainsi que les institutions républicaines.
Doincounda Traoré, président de l’Assemblée nationale du Mali devenait président par intérim du Mali. Mais avant cela, les signes avant-coureurs du putsch du 22 mars 2012 avaient laissé dire que Dioncounda était prêt à assurer l’intérim du président de la République. Le délai constitutionnel du président du Mali par intérim s’étendait sur quarante (40) jours.
Comme toutes les œuvres du monde ont donné naissance à des merveilles sauf la politique, elle donna naissance à des montres qui se dévorent. Ce fut le cas des quarante (40) jours d’intérim de Dioncounda qui étaient très courts. Là aussi, les hommes politiques ont forcé la main du Premier ministre «Plein pouvoir», proposé par la CEDEAO, à proroger le délai de la durée du mandat du président de la République par intérim.
À cet effet, une demande du Premier ministre «Plein pouvoir» N°2012-003/CCM du 31 mai 2012 portant prorogation de délai de la durée du mandat du président de la République par intérim, est adressée au président de la Cour constitutionnelle.
- Cheick Modibo Diarra alors Premier ministre, manipulé par les politiciens, avance comme argument dans sa saisine : «Les évènements survenus, le 22 mars 2012, ont entraîné la suspension de la Constitution et la dissolution des institutions de la République. Dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel, après la démission du président de la République, la Cour constitutionnelle a constaté la vacance de la présidence de la République par Arrêt N°2012-001/CC/ Vacance du 10 avril 2012.
En exécution de cet Arrêt, le président de l’Assemblée nationale a été investi pour assurer l’intérim du président de la République. L’élection du nouveau président de la République devrait être organisée vingt et un (21) jours au moins et quarante jours au plus à compter de la notification de l’Arrêt du 10 avril 2012.
Selon les conclusions du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, l’occupation des Régions de Tombouctou, Gao, Kidal et d’une partie de la Région de Mopti par des forces rebelles, entraînant le repli des structures de l’Etat et le déplacement d’une frange importante de la population dans la moitié sud du pays et dans certains Etats voisins, ont rendu impossible l’élection du nouveau président de la République dans les quarante (40) jours.
Des pourparlers ont été engagés entre les acteurs de la vie politique pour définir l’autorité devant exercer les fonctions du président de la République pendant la période devant conduire à l’élection du nouveau président. Cette situation n’étant pas prévue par la Constitution, j’ai l’honneur de demander une prolongation de deux (02) semaines du mandat du président intérimaire pour permettre l’aboutissement des négociations».
A travers ces considérations, la Cour constitutionnelle ordonne que le président par intérim assume ses fonctions jusqu’à l’élection du président de la République (IBK).
Les renards du landerneau politique malien avaient bien préparé et réussi leurs coups contre le Premier ministre «Plein pouvoir», Cheick Modibo Diarra. Aujourd’hui, l’ancien Premier ministre «Plein Pouvoir» cherche difficilement à se frayer un chemin après l’épisode de la transition qui aurait dû lui être une opportunité en politique. Mais hélas !
Le général Amadou Haya Sanogo paye lui aussi aujourd’hui les frais de sa témérité pour avoir oser mettre un frein à la mauvaise gouvernance érigée en projet de société.
Amy SANOGO