L’enlèvement à Kidal puis le meurtre de deux journalistes de Radio France Internationale restent au cœur de l’actualité franco-malienne. Après le tragique événement, le monde de la communication est mobilisé. A commencer par RFI. La directrice de France Médias Monde, dont relève RFI, Marie Christine Saragosse est arrivée dimanche dans notre pays à la tête d’une forte délégation qui a été reçue hier en audience par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Celui-ci, dès l’annonce de la triste nouvelle, avait décroché son téléphone pour dire à son homologue français, François Hollande, toute la tristesse et toute la colère du peuple malien. La délégation à Koulouba était conduite par l’ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson.
Les autorités maliennes ont exprimé leur indignation, promettant que tous les efforts seront déployés pour élucider cette abominable affaire.
Le sort tragique des envoyés spéciaux de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupont retrouvés morts samedi, tués par balles dans les environs de Kidal, a fait l’effet d’une douche glaciale. En France comme un peu partout en Afrique où RFI est plus qu’une simple station de radio, la colère le dispute à la consternation et à l’indignation.
La presse nationale est aussi endeuillée. Pour faire part de son indignation, elle a organisé, hier après-midi, une marche blanche qui est partie de la Maison de la presse pour aboutir à l’ambassade de France dont les locaux se trouvent au Quartier du fleuve.
Par ailleurs sur le terrain à Kidal, des opérations conduites par la Gendarmerie nationale assistée d’unités spécialisées de l’opération Serval sont en cours pour retrouver au plus vite les assassins des deux journalistes français.
A sa sortie d’audience chez le président de la République, Marie-Christine Saragosse a exprimé sa colère et son indignation devant « cet acte à la fois barbare et absurde ». Elle a confié que le président de la République a réaffirmé sa détermination à faire toute la lumière sur cette affaire criminelle. « Il a dit que cet acte ne restera pas impuni », a indiqué Marie-Christine Saragosse.
La patronne de France Médias Monde a par ailleurs annoncé l’arrivée dans notre pays de magistrats français « qui travailleront main dans la main avec les magistrats maliens » pour trouver rapidement les assassins des deux journalistes français qui, du reste, avaient séjourné à plusieurs reprises dans le Septentrion.
« Nous irons jusqu’au bout », aurait promis le chef de l’Etat, indiquant que « nous ne sommes pas des barbares » pour autant. « Nous ne sommes pas dans le œil pour œil, dent pour dent. Nous croyons en la réconciliation de ce pays et comme nous sommes des êtres humains, nous ne répondons pas à la violence par la violence », a indiqué IBK, toujours selon les propos rapportés par Marie-Christine Saragosse.
Interrogée sur l’avenir de RFI dans notre pays, la visiteuse a répondu qu’il faut rester là malgré le danger. « RFI sera partout où cela est nécessaire et refusera de renoncer face à la barbarie ». Elle s’interdit ainsi de ne faire du journalisme que quand tout va bien. Pour la patronne de France Médias Monde, il est important de « témoigner ». « Bien sur que nous allons rester au Mali. Nous allons couvrir les législatives et nous avons des projets de coopération avec l’ORTM », a-t-elle insisté en se disant très touchée du fait que la télévision nationale ait mis en berne le logo de RFI sur ses écrans.
S’agissant des arrestations, elle dira que ce sujet n’a pas été débattu au cours de l’audience. Cependant elle croit savoir que des opérations sont en cours pour démasquer les auteurs du crime qui plonge aujourd’hui toute la presse dans le deuil suscitant colère et indignation.
A. M. CISSE
