Le financement du projet d’assainissement de la ville de Bamako (PAVB) qui avait suscité tant d’espoir chez les habitants de la ville des trois caïmans, et de vantardise du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga vient de connaître un coup d’arrêt. La Directrice générale du Bureau régional de Développement et de prestations de services pour l’Afrique de l’Ouest du Groupe de la Banque africaine de Développement (BAD), Marie-Laure AKIN-OLUGBADE dans une correspondance au ministre de l’Economie et des Finances du Mali, Dr Boubou Cissé, lui a notifié l’annulation du Financement du projet. (Objet : Projet d’assainissement de la ville de Bamako (PAVB).
Notification d’annulation du Financement du projet. Accord de prêt FAD N°2100150036743 et FAT N°5900150001151). La lettre en date (Ref.) du 15 février 2019 a été reçue par le département de l’Economie et des Finances, le 20 février 2019, avec ampliations des ministres de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable Mme Aida M’Bo Kéita, de l’Energie et de l’Eau Sambou Wagué, du Directeur général de la Dette Publique Elly Prosper Arama, de la Directrice générale adjointe de la Dette Publique Mme Fadima Tapo, du DG de la Smapep SA Yenisanga Koné. Depuis deux semaines, que ce financement a été frappé d’une annulation, le gouvernement n’a fait aucun communiqué pour informer les Maliens, ni la primature, ni le ministère de l’Economie et des Finances, encore moins le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable.
Cette déconvenue lève un coin de voile sur l’incapacité de l’attelage gouvernemental à mobiliser les ressources accordées à notre pays pour se sortir du marasme. Les autorités de la Banque africaine de Développement s’en sont rendues compte et en sont devenues très amères, « Nous avons l’honneur de porter à votre très haute attention que le projet cité en objet a été approuvé par la Banque depuis le 11 janvier 2017. A ce jour, soit vingt-cinq (25) mois après son approbation, aucun décaissement n’a été effectué sur les ressources y allouées. Nous voudrions à cet égard rappeler qu’au regard des règles et procédures de la Banque en matière de prêts et dons, « tout prêt ou don signé, et qui ne décaisse pas dans un délai de plus de quatre-vingt-dix (90) jours et une période cumulative de plus de cent quatre-vingt (180) jours est éligible à l’annulation ». Au vu de ce qui précède, nous constatons malheureusement que les conditions d’annulation de l’opération en objet sont à présent réunies. Par conséquent, nous vous avisons que ladite annulation sera effective à compter de la présente date de notification.
A cet effet, nous vous précisons que conformément à la règle en la matière, il vous est possible de disposer de 70% du montant annulé, dans l’allocation de votre pays. » Un vrai camouflet sur le visage du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, qui doit en être très affecté. Lui qui se promenait de commune en commune, de cérémonie en cérémonie pour clamer le bénéfice de ce financement de l’assainissement de la ville de Bamako, qui il faut le reconnaitre est une attente collective, un pain béni, que la BAD du fait de la mal gouvernance de nos gouvernants, vient de retirer des mains du gouvernement.
Que s’est-il donc passé entre le Mali et ses amis de la BAD ? Certains proches du milieu parlent d’un doublement d’attention de la part de nos partenaires, qui sont devenus plus regardants, très regardants et vigilants sur la moralité de certaines opérations, depuis la découverte de procédés rocambolesques de décaissement de l’argent public au sommet de l’Etat, qui piétinent les procédures budgétaires généralement admises. Quand on peut mettre à disposition jusqu’à 50 millions de FCFA de l’argent public, sans aucune traçabilité de ce fonds, alors qu’on contracte des dettes en longueur de mandat, cela devient inquiétant pour les bailleurs, qui commencent à se retenir de jeter de l’argent de leurs contribuables, par la fenêtre.
Cependant, pour d’autres, la situation s’explique par le peu de discipline et de solidarité qui caractérise le gouvernement Soumeylou Boubeye Maïga, se traduisant par l’immobilisme. Le gouvernement se serait installé dans le conflit d’intérêts entre ministères au point que la complémentarité ne sert plus de lien solide entre les ministres. « Ce non décaissement par l’État, après l’approbation du projet depuis 2 ans, est la résultante d’une guerre de tranchées entre ministères interposés intervenant dans toute la chaîne de l’écosystème de financement. Selon nos informations, le ministre de l’Économie et des Finances, Boubou CISSÉ a manqué de flexibilité dans la gestion de cette ligne de financement. On lui reprocherait une intransigeance poussée et de vouloir faire passer sous son parapluie tout le dispositif qui avait au départ un caractère transversal. Ce flottement s’est accentué avec le processus d’organisation de la présidentielle de 2018 très tendu », écrit notre confrère de confidentielafrique.com
Daou
Source: Le Républicain