Les Massive Open Online Courses (MOOCs) sont en vogue aux Etats-Unis. Il s’agit de cours de masse diffusés par internet. Ils arrivent en France, via un ensemble d’universités et de grandes écoles. Dominique Boullier, professeur de sociologie à Sciences Po, responsable de la pédagogie numérique, en décrypte les enjeux.
En France, à qui vont s’adresser les MOOCs ?
Dominique Boullier : A des publics autres que les étudiants, qui sont déjà enrôlés dans les universités. Mais à vrai dire, on ne le sait pas encore vraiment. C’est un public large, pour une partie des gens qui ont éventuellement quitté l’université et qui s’intéressent, par curiosité ou par nécessité professionnelle, à de nouvelles approches, à de nouvelles disciplines. Puis il y a aussi les futurs étudiants qui sont intéressés, pour voir et comprendre un peu mieux de quoi va être fait leur activité à l’université.
Les MOOCs, c’est nouveau en France. Mais il y a déjà pas mal d’inscrits, n’est-ce pas ?
En France, la plate-forme ouvre maintenant, et présente aujourd’hui précisément huit cours. Mais l’ensemble des cours qui vont ouvrir dans l’année sont, pour le moment, programmés à hauteur de 25. Et on a déjà au minimum 88 000 inscrits. Ca bouge très vite sur ce plan.
Que va-t-on apprendre exactement ?
Toutes les disciplines sont concernées. Souvent sur les MOOCs, notamment américains, il y a beaucoup de choses qui sont liées au computer science, à l’informatique, parce que ce sont des savoirs que l’on peut plus facilement formater et diffuser de façon standard. Mais en réalité, dans la plate-forme française, nous avons absolument toutes les disciplines, qui peuvent aller d’approches historiques sur la guerre mondiale à l’espace mondial comme on a nous, par exemple à Sciences Po, aux humanités scientifiques ou bien à la ville durable, à des éléments liés au management par exemple, puisque c’est un des MOOCs du CNAM, qui est leader en matière d’audience pour le moment. Il y a beaucoup d’approches possibles, et des approches beaucoup plus techniques, comme sur les réseaux mobiles, sur la fabrication numérique, etc.
Concrètement : on est chez soi, on télécharge quand on veut un cours, et on suit ses cours les uns après les autres. C’est ainsi que cela fonctionne ?
Il faut bien voir que ça suppose d’être présents quand même, pendant au minimum six semaines voire une douzaine de semaines pour suivre le programme, puisque les contenus sont diffusés au fur et à mesure, semaine par semaine. Mais on peut les consulter à son rythme. C’est ça l’avantage bien entendu, avec des petits grains de connaissance, c’est-à-dire des petites unités de vidéos ou des contenus bien séparés, bien identifiés qu’on peut organiser, qu’on peut parcourir à volonté. C’est ça le grand avantage. Donc on est chez soi effectivement, mais la meilleure qualité d’un MOOC se jugera sur la capacité à accompagner les étudiants, c’est-à-dire qu’on leur propose un forum où on leur propose une façon de les « tutorer » avec des activités qui, petit à petit, dans les nouvelles générations de MOOCs, devront sans doute être beaucoup plus riches encore et beaucoup plus interactifs, puisqu’actuellement on est plutôt dans des modèles de diffusion.
Qui dit cours, dit examen ou mémoire. Comment ces cours sont-ils validés ?
Pour l’instant, il n’y a pas de validation. La « certification », comme on l’appelle, se fait cours par cours, dans certaines des plates-formes dans le monde. Mais c’est une discussion qui est nécessaire, parce qu’on a rarement la garantie de la personne qui est au bout de l’ordinateur. Et c’est pourquoi il faudra inventer des méthodes de certification un peu particulières, pour être sûr que ce soit bien la personne qui a fait le travail qui soit validée. En attendant, ça ne veut pas dire pour ça qu’il n’y a pas d’exercice, qu’il n’y a pas des activités avec des retours et des feedbacksqui peuvent être très utiles pour l’apprentissage.
rfi