L’armée française sous le prétexte charmant qu’il est impliqué dans un récent attentat qui a coûté la vie à un soldat de l’hexagone, a arrêté Yoro Ould Daha dans la nuit du mardi 29 juillet 2014. Le fait irrite la population de la Gao voire l’armée malienne lesquelles dénoncent les dessous de cette arrestation.
Selon un habitant de Gao que nous avons contacté, même si la population n’a pas encore manifesté en masse contre cette arrestation, la colère est perceptible dans les « grins » et sur les radios locales.
Notre interlocuteur explique que pour les populations de Gao, par cette arrestation, la France cherche à aider le MNLA contre le MAA pro-gouvernemental dans la mesure où Yoro Ould Daha est un responsable militaire de ce mouvement qui a récemment infligé de lourdes pertes au MNLA dans les localités de Anefis, Tabankort, Almoustrat.
On se rappelle que le MNLA dans ses velléités offensives sur les régions du Nord s’était attaqué au MAA pro-gouvernemental dans ces localités avant et pendant les négociations d’Alger pour, dit-on, tirer une gloriole sur la table de négociation. Mais il a été suffisamment corrigé avec plusieurs morts dans ses rangs. C’est dans ce cadre surtout qu’un cessez-le-feu a été signé à Alger le 24 juillet dernier. Et c’est dans ces entrefaites que l’arrestation de ce responsable MAA pro-gouvernemental est intervenue par la France.
A Gao, on estime que Yoro Ould Daha et son mouvement se battent pour l’intégrité territoriale du Mali en combattant le MNLA. Donc, son arrestation fait dire à la population de cette ville que la France cherche à renforcer ce MNLA séparatiste et de ce fait agit contre l’intégrité territoriale du Mali.
Le hic dans cette affaire est que le présumé terroriste arrêté par les forces armées françaises n’a pas été remis à la gendarmerie malienne comme ça se doit en pareils cas. Dans tous les cas, nous avons appris qu’en réunion hier mercredi 30 juillet 2014 dans la capitale de la cité des Askia, les groupes armés pro-gouvernementaux ont exprimé leur inquiétude par rapport à cette arrestation.
Et l’armée malienne à travers la Direction de l’information et des relations publiques (Dirpa) a rendu public un communiqué le mercredi 30 juillet 2014 qui va dans le même sens. « Une commission des responsables des mouvements armés doit se réunir, ce mercredi 30 juillet à Gao, pour définir les contours de la mise en application du cessez le feu, signé le 24 juillet 2014 à Alger sous l’égide de la Minusma et la facilitation algérienne.
Les discussions se porteront sur la question du repli des combattants du MNLA sur ses bases initiales, avec le retrait de ceux-ci de la localité d’Anefis ainsi que l’arrêts immédiats de toutesvelléités offensives sur l’ensemble des régions du nord ; la libération par le MNLA de l’axe routier Gao-Anefis-Tessalit – In Halid ; Et l’interdiction de toute forme d’agissement du mouvement séparatiste.
Cette rencontre va se faire dans un contexte de tension depuis l’arrestation, hier mardi, (29 juillet) du chef de la milice arabe, Yoro Ould Dah à son domicile au 4e quartier de Gao par les forces françaises, au motif de son appartenance au MUJAO pendant les événements tragiques de 2011-2012.
Si dans un passé récent, Yoro Ould Dah fut un élément très actif du Mujao et a participé activement à bouter le MNLA hors de la ville de Gao, il a complètement changé de camp depuis les opérations de reconquête des localités du septentrion malien. Il est devenu le fer de lance de cette milice arabe qui s’est alliée aux autres milices Imghad, peulh, sonraï et Bellah pour s’opposer aux velléités des indépendantistes du MNLA dans la vallée du Tilemsi et autres localités de la région de Gao.
Yoro Ould Dah est un arabe Lambar évoluant précédemment dans le commerce de produits alimentaires jusqu’à la conquête par les groupes djihadistes et le MNLA des trois régions du Nord du Mali, au premier trimestre de l’année 2012. Selon plusieurs sources, c’est en réaction à l’érection de la ville de Gao comme capitale de l’Azawad par les indépendantistes touareg du MNLA, qu’il avait rejoint le MUJAO au dessein d’organiser une contre offensive afin de chasser les indépendantistes de la cité des Askia.
Il est en outre le chef de file de cette coalition arabe-Imghad, sonraïs et bellahs qui s’oppose au MNLA depuis le 21 Mai 2014, après le retrait de l’armée malienne de Kidal. Yoro Ould Dah a participé aux nombreux combats qui ont opposé cette coalition de résistants arabe, Imghad, sonraï au MNLA. Des affrontements qui se sont soldés par plus d’une centaine de morts.
Cette arrestation vise –t- elle à affaiblir la coalition des milices afin de changer les rapports de forces en faveur du MNLA et permettre aux indépendantistes de prendre le contrôle de la vallée du Tilemsi avant la reprise des négociations prévue le 17 Août prochain à Alger ?
En tout cas, il est difficile de comprendre les raisons de cette arrestation en ce moment précis par les forces françaises qui collaborent avec d’autres cadres islamistes Touareg à Kidal dont Cheick Ag Haoussa, Bah Ag Moussa, Ibrahim Benna et Ibrahim Ag Wanassnett.
Une localité de Kidal qui connaît une accalmie relative et qui est sous le contrôle du HCUA dont les cadres multiplient des messages radiophoniques pour sensibiliser les populations au processus de paix et de réconciliation. Une mise en garde a été faite à l’endroit de la jeunesse précisant que chacun répondra désormais des ses actes une fois le rétablissement de la souveraineté totale du Mali sur la ville de Kidal », expliquait la Dirpa le mercredi 30 juillet 2014.
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