Bamako, le 24 avril 2025 – Le climat politique malien traverse une nouvelle zone de turbulence avec l’interpellation ce jeudi 24 avril, peu après midi, de Mamadou Traoré, plus connu sous le surnom de « le Roi », président du parti Alternative pour le Mali et membre actif de la plateforme Espérance Nouvelle Jigiya Kura.
Bamada.net-L’arrestation de cette figure politique intervient dans un contexte où les tensions demeurent vives autour des libertés publiques, des droits civiques et de la répression des voix critiques. Mamadou Traoré faisait partie des 11 leaders politiques récemment emprisonnés dans une autre affaire politique, dont les contours restent encore flous pour l’opinion.
Une interpellation sous le sceau de la cybercriminalité
Selon les informations recueillies par Bamada.net, Mamadou Traoré a été interpellé par les forces de l’ordre du commissariat du 15ᵉ arrondissement de Bamako, sur instruction du Procureur du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité. Aucune précision officielle n’a encore été fournie sur la nature exacte des faits qui lui sont reprochés. Ce silence des autorités alimente les spéculations et renforce la perception d’un climat politique sous haute tension.
Réaction immédiate de la plateforme Jigiya Kura
La réponse de ses alliés politiques ne s’est pas fait attendre. À travers un communiqué publié le jour même, la plateforme Espérance Nouvelle Jigiya Kura, regroupement politique dont Mamadou Traoré est un membre influent, a condamné fermement l’arrestation.
« La plateforme Espérance Nouvelle « Jigiya Kura » informe l’opinion nationale et internationale de l’arrestation, ce jeudi 24 avril 2025, de son membre Mamadou TRAORÉ dit le Roi, président du Parti Alternatives pour le Mali. (…) En attendant d’en savoir plus sur les motivations réelles de cette interpellation, la plateforme (…) apporte tout son soutien au camarade Mamadou TRAORÉ dit le Roi. », peut-on lire dans le communiqué signé par Housseini Amion Guindo, président de la plateforme.
Un climat politique chargé
Depuis plusieurs mois, le paysage politique malien est traversé par une série d’arrestations, de convocations judiciaires et de campagnes de discrédit visant des responsables politiques, des acteurs de la société civile et des journalistes. Ces événements viennent s’ajouter à un contexte déjà marqué par la transition en cours, les réformes institutionnelles controversées, et la pression croissante exercée sur les mouvements d’opposition.
Le nom de Mamadou Traoré est souvent associé aux cercles critiques de la gouvernance actuelle. Son engagement au sein de Jigiya Kura, plateforme qui s’est érigée en force de proposition et parfois de contestation face aux autorités de la transition, en fait une cible de choix pour ceux qui souhaitent museler la dissidence.
Réactions en chaîne et inquiétudes
Sur les réseaux sociaux comme dans les couloirs politiques, l’interpellation de Mamadou Traoré suscite de vives réactions. Des militants, des leaders d’opinion et des défenseurs des droits humains dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
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Dans un tweet, un militant pro-démocratie déclare : « Le Mali ne peut pas avancer si ceux qui portent la voix de l’alternance sont muselés. L’arrestation de Mamadou Traoré est un coup de plus porté à notre démocratie. »
Pour d’autres, il convient de rester prudent tant que les charges exactes n’ont pas été dévoilées. Le recours au Pôle de lutte contre la cybercriminalité laisse entendre que des propos ou des contenus numériques seraient en cause, mais là encore, rien de concret n’a été rendu public.
Un précédent inquiétant
Cette affaire n’est pas sans rappeler d’autres cas similaires ayant visé des personnalités politiques ces derniers mois. Le recours à des institutions judiciaires spécialisées, souvent sans débat public ni transparence, soulève des interrogations sur la séparation des pouvoirs et la solidité des institutions démocratiques dans cette phase de transition prolongée.
Mamadou Traoré, surnommé « le Roi » par ses partisans pour son franc-parler et son engagement inébranlable en faveur d’un Mali nouveau, s’était notamment illustré ces dernières années par des positions critiques mais constructives envers la gestion du pays.
Et après ?
L’affaire ne fait que commencer, et plusieurs organisations de la société civile appellent déjà à la libération immédiate de Mamadou Traoré, en attendant des clarifications sur le dossier. Certains estiment que cette interpellation pourrait raviver les tensions et provoquer de nouvelles vagues de protestations dans les jours à venir, surtout si les motivations s’avèrent d’ordre strictement politique.
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MLS
Source: Bamada.net