La crise du football malien servirait-elle aujourd’hui d’alibi pour certains pour se faire une nouvelle virginité politique ? La question, on ne peut ne pas la poser au regard de certaines tractations en cours, dont notamment cette histoire de médiation des anciens de l’AEEM parrainée par certains caciques politiques, à l’image de Aly Nouhoum Diallo, ce d’autant que ce n’est pas aujourd’hui que la crise du football a commencé !
En effet, de sources dignes de foi, nous apprenons que les anciens de l’AEEM se sont rencontrés la semaine dernière chez l’un des proches du Dr. Oumar Mariko, en présence du Pr. Aly Nouhoum Diallo, de l’ancien ministre Modibo Kadjoké et du président de l’AMS-UNEEM, avec la crise du football malien comme plat de résistance. Au cours de cette rencontre, nous apprend-on, une commission de médiation a ainsi été mise en place, avec pour mission d’œuvrer pour trouver une issue heureuse à la crise que traverse notre football au grand bonheur des Maliens. Une commission de médiation présidée par Boubacar Galadio Camara, un activiste notoire, grand habitué de politique souterraine, et certainement le magistrat le plus politique du Mali !
On pourrait donc se demander légitimement sur les motivations de ce subit besoin de s’impliquer de la part des anciens de l’AEEM, et surtout pourquoi le choix de Boubacar Galadio Camara comme tête de proue de la commission mise en place à cette fin ? Pour mémoire, Boubacar Galadio Camara, de l’AEEM au CNJ-Mali, s’est toujours révélé comme une « tête de mule » pour ses camarades sans jamais perdre la qualité de « sage » auprès des aînés, si bien qu’on ne ratait jamais l’occasion de se rabattre sur lui à chaque fois que « ça chauffait » dans la grande famille de la jeunesse malienne.
Ainsi, se rappelle-t-on, de la grande crise qui a secoué la jeunesse malienne en 2010 suite au renouvellement du bureau du CNJ-Mali, et qui n’aura connu son épilogue que sur son intervention, et cela sur sollicitation express du président ATT.
Sitôt après cette parenthèse, et certainement par souci de s’affirmer politiquement, soit pour se positionner en « faiseur de roi », soit par opportunisme, il lancera un grand mouvement politique déguisé sous le nom de ARC-Mali à la veille de la présidentielle avortée de 2012. Ce « machin » qui ne disait pas son nom en main, il va ainsi parvenir à manœuvrer, malgré son statut de magistrat, dans le grand marigot politique malien.
Adulé et auréolé par l’éclat de ce mouvement politique déguisé devenu le point de convergence de l’élite de la jeunesse malienne, il fut ainsi à l’époque courtisé par la quasi-totalité des candidats engagés dans la course à la magistrature suprême, avant que le coup d’Etat du capitaine Amadou Haya Sanogo ne vienne casser cet élan ! Sans pourtant briser le rêve politique de Boubacar Galadio Camara.
En effet, dans une logique de légalité constitutionnelle, Boubacar Galadio, sous la bannière de ARC-Mali, monte à Kati pour appeler les putschistes au rétablissement de l’ordre constitutionnel, avant de se retrouver, nous ne savons comment, avec son mentor Hamèye Founé Mahalmadane et autres magistrats de renom comme Malick Coulibaly, devenu ministre pendant la transition, Daniel AmagouinTéssougué, Yaya Karambé, aujourd’hui ambassadeur, ou encore l’avocat Me Mamadou Gakou…parmi les conseillers juridiques de Amadou Haya Sanogo.
Ses espoirs y ont-ils été déçus ? A-t-il fini par se convaincre qu’il ne pourra rien apporter comme changement allant dans le sens du confort de la démocratie ? En tout cas, à la grande surprise de tout le monde, l’homme claquera la porte avant de s’envoler pour l’Europe en vue de renforcer son cursus universitaire.
N’est-ce pas un peu curieux de voir ce jeune magistrat officiant aujourd’hui au niveau du Pôle judiciaire spécialisé revenir au devant de la scène, comme président d’une commission de médiation pour la résolution de la crise du football malien mise en place par des anciens de l’AEEM sous le parrainage de Aly Nouhoum Diallo ? Pourquoi la crise du football ? Pourquoi a-t-il abandonné le syndicalisme (il fut membre du Syndicat libre de la magistrature) ? Pourquoi ne se bat-il pas sur ce terrain-là qui est son terrain de prédilection ? Le magistrat le plus politique du Mali, Boubacar Galadio Camara, nourrirait-il aujourd’hui des ambitions politiques ?
“Nous sommes des Maliens, soucieux, comme tout bon citoyen, de la crise que traverse notre football. Une crise qui s’enlise, et qui tend à prendre d’autres proportions, avec en toile de fond, des jeunes joueurs maliens, des arbitres maliens et de beaucoup d’autres acteurs du football, aujourd’hui privés de perspective d’avenir pour certains, et de gagne-pain pour d’autres.
Face à cette situation, pour le moins dramatique, nous-nous sommes dits qu’il est temps, pour chaque malien, de quel que bord qu’il soit, d’agir, et cela dans l’intérêt supérieur de la nation malienne. Voilà tout le sens de notre initiative. Nous n’agissons ni pour “X”, ni pour “Y”, nous agissons pour le Mali, pour les Maliens.
Autrement dit, le devoir patriotique nous interpelle, et nous allons jouer notre partition”, se défend-il.
Mais sans convaincre, car au-delà du parrainage de cette initiative des anciens de l’AEEM par le Pr. Aly Nouhoum Diallo, chose que Galadio récuse, car pour lui, “Aly Nouhoum Diallo reste avant tout un camarade qui est à notre écoute, qui nous oriente et qui nous donne des conseils…. et aussi un Malien qui vit dans sa chair, et la crise du football, et les conséquences qui en découlent…”, la situation politique du pays a changé depuis 2013, avec l’élection du président IBK à la magistrature suprême du pays.
En effet, entre Boubacar Galadio Camara et le parti présidentiel, il n’y a qu’un pas, son père, le richissime opérateur minier Boubou Camara étant président d’honneur du RPM, et toute sa famille étant quasiment du RPM ! Faut-il en déduire que celui qu’on peut qualifier de « Soumeylou Boubèye junior », tant leurs méthodes, si insaisissables et si sournoises, se ressemblent, soit aujourd’hui dans la logique de troquer la toge contre la politique au sein de ce qui serait prédisposé comme sa « famille politique naturelle », à savoir le RPM ?
Nous en redoutons fortement, car cet homme-là ne fait rien au hasard, et sa subite réapparition au devant de la scène au nom d’une soi-disant commission de médiation des anciens de l’AEEM n’est en fait que de la poudre aux yeux, pour « brouiller les pistes », comme on dit ! Attendons seulement de voir !
La rédaction