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Après sa libération, Amadou Haya Sanogo veut se positionner sur l’échiquier politique

C’est hier lundi 15 mars 2021 que le capitaine bombardé général Amadou Haya Sanogo a enfin recouvré la liberté. À travers la loi d’entente et un protocole d’accord signé entre l’Etat et la partie civile, la justice ordonne sa libération ainsi que celle de ses coaccusés.

Certains de nos compatriotes en sont encore à se demander pourquoi tenir ce procès en ce moment. La réponse a été donnée par le principal inculpé, Amadou Haya Sanogo, qui a dit clairement à des proches qu’il s’apprêtait à s’engager dans la politique.

Les avis de certains avocats et parents avaient été recueillis avant cette décision qui devrait se concrétiser avec la bénédiction de plusieurs personnalités militaires, politiques et religieuses.

Lundi 15 mars 2021, la Cour d’appel de Bamako, lors de ses assises, a ordonné que l’action publique soit éteinte contre Amadou Haya Sanogo et coaccusés dans l’affaire ministère public contre Fousseiny Diarra dit Fouss suite à l’assassinat de 21 bérets rouges exécutés et enterrés dans une fosse commune à Diago.

Amnistie déguisée selon certains juristes ? Le président de séance, Gaoussou Sanou,Conseiller à la Cour d’Appel,soutient que celle-ci s’est basée sur la loi d’entente nationale et le protocole d’accord signé entre le gouvernement du Mali et les parents des victimes. Avant de lever la séance, le juge a affirmé qu’un pourvoi peut être formulé dans un délai de 3 jours.

«Je suis opposée à cette décision du tribunal, c’est une justice aux ordres. J’ai été violée par des militaires qui sont aux affaires actuellement. Malick Diaw est le bras droit de Haya.Actuellement, il est président du CNT. Donc la même chose peut se reproduire et la même justice dira qu’il y a une loi d’entente nationale. Je ne vais pas faire de pourvoi mais je vais saisir la justice internationale», manifeste ainsi sa colère, Amina Soumaré,qui se dit victime de viol.

Pour revenir aux deux jours d’audience à la Cour d’appel de Bamako, il y avait un important dispositif sécuritaire, avec des gendarmes et policiers, sans oublier le respect des mesures barrières,notamment le port obligatoire du masque pour avoir accès à la salle d’audience Boubacar Sidibé.

Au premier jour de l’audience, le jeudi 04 mars 2021, les accusés étaient présents : Amadou Haya Sanogo, bonnet bleu marine, boubou beige ; à côté de lui, Ibrahim Dahirou Dembélé, ancien ministre de la Défense.Entreeux, Yamoussa Camara, ministre de la Défense au moment des faits ; Blonkoro Samaké, gendarme, Amadou Konaré numéro 2 de la junte de l’époque, Seyba Diarra numéro 3, Siméon Keïta, Fousseini Diarra dit Fouss.

Dans la salle d’audience, la centaine de places disponibles n’est pas occupée pour le moment ; ceux qui y ont pris place portaient tous des masques y compris les accusés. 17 accusés présents, 2 absents, il s’agit de Siraman Fané et Hama Sanogo Dolo décédés.

Les juges, une fois installés, procèdent à la vérification de l’identité des 17 accusés présents. À la barre, il se présente ainsi : «Je suis le général de corps d’armée Amadou Haya Sanogo, spécialité infanterie, ancien chef d’Etat, logé à la base aérienne de Bamako».Autre déclaration choc : «Je ne suis pas concerné par cette affaire, on m’a ajouté par banditisme», expliquele général Yamoussa Camara, ministre de la Défense au moment des faits.

Ce jour sur la vingtaine de témoins,quatre seulement étaient présents. Les parties civilesétaient représentées par leurs conseils à l’exception de madame Aminata Soumaré. C’est après qu’il y a eu la lecture de l’arrêt de renvoi.

Aunom du collectif des avocats de la partie civile, Me Ibrahim Waly Diawara déclare : «Monsieur le président, nous avons un document, c’est un protocole d’accord entre nos clients et le gouvernement de la République, ce protocole est en exécution à partir de ce moment.Nous nous désistons et nous nous retirons de la procédure. Mon interventionacte la décision du collectif des avocats de la partie civile».Aussitôt, les avocats de la partie civile quittent la salle d’audience.

«Nous souhaitons que les faits tombent sous le coup de la loi d’entente nationale, et ce procès doit être clos ici sur la base de la loi d’entente nationale et nos clients doivent être exonérés de toutes les poursuites dans le cadre de cette affaire»,plaide Me Alassane Sangaré, au nom du collectif des avocats de la défense.

«Nous demandons que l’action publique soit éteinte contre nos clients sur la base de l’article 03 de la loi d’entente nationale, surtout que les avocats de la partie civile se basent sur cette même loi»,renchérit Me Mariam Diawara, avocat de la défense.

«Sur la base de la loi et même dans le protocole d’accord signé entre le gouvernement et les victimes… nous souhaitons que le droit soit dit dans cette affaire»,requiert Idrissa Arizo Maïga, procureur général près la Cour d’appel de Bamako. C’est après cela que la cour a décidé de délibérer sur les exceptions soulevées le lundi 15 mars 2021.

Le lundi 15 mars 2021,à la Cour d’appel de Bamako, Amadou Haya Sanogo, costume noir, cravate, lunettes noires, a pris place dans la salle comme les autres inculpés. Quelques avocats de la défense sont présents, aucun avocat de la partie civile.

«L’audience est reprise, veuillez-vous asseoir», annonce le président du tribunal Gaoussou Sanou. Et quelques instants plus tard : «Sur la base de la loi d’entente et le protocole d’accord signé entre le gouvernement de la République et les victimes, la cour ordonne que l’action publique soit éteinte contre les inculpés, qu’ils soient immédiatement libérés si aucune autre charge n’est retenue contre eux»,déclare de façon péremptoire le président du tribunal Gaoussou Sanou. Fin d’un vrai faux suspense !

Amadou Haya Sanogo s’engagera dans la politique

La rapidité de la tenue de ce procès, en oubliant là qu’il avait été suspendu en 2016 à Sikasso ; sa tenue soudaine à Bamako, pendant cette période de transition, avec des militaires aux affaires. Voilà entre autres choses qui poussent plus d’un à se poser des questions.

Laréponse à ces interrogations pourrait être ceci : dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 mars 2021,avec un proche d’Amadou Haya Sanogo, nous avons eu une entrevue. C’est à celui-ci que le général de corps d’armée -spécialité infanterie- a fait savoir qu’il va faire de la politique.

Cela était prévisible car, depuis un certain temps, des jeunes se mobilisent pour Amadou Haya Sanogo, un peu partout à travers des tournois de football, des leaders politiques, avec la bénédiction de certains militaires qui sont aussi dans la dynamique d’une candidature de Amadou Haya Sanogo, sans oublier un leader religieux influent qui se dit prêt cette fois-ci à mouiller le maillot pour l’enfant de Ségou.

Au demeurant, l’engagement dans la politique de Haya n’est pas un fait nouveau.L’interrogation se situe plutôt sur comment, en cette période, mettre tout ça en synergie, s’il n’a pas le soutien de ses frères d’armes qui sont actuellement au pouvoir. Surtout qu’une candidature de ceux qui sont au pouvoir est plus qu’improbable. Mais il leur reste la possibilité de soutenir un candidat surtout militaire.

Kassim TRAORE

Source : Le Reporter

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