Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres vient de rendre publique son rapport trimestriel sur la situation au Mali. Ce rapport de 22 pages décortique sans complaisance la situation sécuritaire, humanitaire, politique et juridique qui prévaut au Mali. Le rapport évoque également le processus de paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. « A quelques mois de l’élection présidentielle, qui aura lieu le 29 juillet, je demeure profondément préoccupé par la lenteur avec laquelle le calendrier adopté par le Comité de suivi de l’Accord le 16 janvier est appliqué, la détérioration des conditions de sécurité et ses incidences néfastes sur les élections ainsi que sur l’environnement opérationnel de la Mission. Les élections prévues à ce jour sont certes importantes, mais les parties ne doivent pas perdre de vue les responsabilités qui leur incombent dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord», a-t-il dit. En outre, il a encouragé le Gouvernement, l’opposition et les groupes armés à faire en sorte que les élections se déroulent pacifiquement dans tout le Mali, notamment dans le nord du pays.
« À quelques mois de l’élection présidentielle, qui aura lieu le 29 juillet, je demeure profondément préoccupé par la lenteur avec laquelle le calendrier adopté par le Comité de suivi de l’Accord le 16 janvier est appliqué, la détérioration des conditions de sécurité et ses incidences néfastes sur les élections ainsi que sur l’environnement opérationnel de la Mission. Les élections prévues à ce jour sont certes importantes, mais les parties ne doivent pas perdre de vue les responsabilités qui leur incombent dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord », c’est par ces mots que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a commencé ses observations sur la situation du Mali. Avant d’ajouter que l’ONU, y compris la MINUSMA, et la communauté internationale continueront d’aider les parties à appliquer les principales dispositions de l’Accord qui ne l’ont pas encore été.
A l’en croire, il est essentiel de réaliser des progrès dans les domaines prioritaires de l’accord, notamment la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité et le processus de cantonnement et de désarmement, de démobilisation et de réintégration, pour faire avancer le processus de paix. Néanmoins, dit-il, ces gains à court terme ne pourront conduire à une paix durable au Mali que s’ils viennent renforcer les objectifs plus vastes de réconciliation nationale, de développement économique, de bonne gouvernance et d’instauration d’une société résiliente et inclusive. Selon le secrétaire général de l’ONU, l’autorité de l’État doit être restaurée et étendue en priorité si l’on veut protéger efficacement les civils et faire bénéficier les populations touchées par le conflit des retombées tant attendues de la paix.
« Je me félicite de la nomination récente d’agents de l’État, en particulier de préfets et de sous-préfets dans les régions du nord et du centre du pays. J’exhorte le Gouvernement à fournir à ces agents les ressources nécessaires pour assurer leur déploiement et leur installation rapides et efficaces à leur poste respectif. J’encourage le Gouvernement, les partis d’opposition et les groupes armés signataires à faire en sorte que les élections se déroulent pacifiquement dans tout le Mali, notamment dans le nord du pays. La collaboration entre le Gouvernement et les groupes armés signataires et les efforts visant à renforcer le dialogue entre les partis de la majorité et les partis de l’opposition contribueront à atteindre cet objectif. Je suis profondément préoccupé par les conditions de sécurité qui règnent dans le pays, en particulier par les actes de terrorisme perpétrés contre des civils innocents et leurs incidences négatives sur les moyens de subsistance, l’accès aux services de base et l’exécution des programmes d’aide humanitaire et de développement. La détérioration des conditions de sécurité au Mali continue de menacer la stabilité régionale du Sahel », a déploré Antonio Guterres.
Il est urgent, précise-t-il, d’intensifier la lutte contre les menaces asymétriques, en particulier les engins explosifs improvisés ou les mines qui font de plus en plus de victimes parmi les civils. En outre, il s’est dit profondément préoccupé par la situation dans les régions du centre, où des attaques et des violations des droits de l’homme continuent d’être perpétrées.
‘’Le nombre de victimes a augmenté de manière considérable, avec 141 morts et 309 blessés en 2017’’
S’agissant des indicateurs relatifs à la justice et à la réconciliation, il a fait savoir qu’aucun progrès sensible n’a été enregistré. Aux dires de Antonio Guterres, durant le dernier trimestre, les conditions de sécurité se sont dégradées et les attaques dirigées contre la Mission et les Forces de défense et de sécurité maliennes se sont intensifiées.
« Il apparaît que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans ait continué d’accroître sa capacité opérationnelle et d’étendre la zone dans laquelle il intervient, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou. On a ainsi observé une augmentation des attaques meurtrières entre 2016 et 2017. En effet, tandis que le nombre d’attaques à l’engin explosif improvisé est resté relativement stable, avec 130 attaques recensées en 2017 contre 139 en 2016, le nombre de victimes a augmenté de manière considérable, avec 141 morts et 309 blessés en 2017, contre 70 morts et 184 blessés en 2016 », a-t-il révélé.
Au cours du dernier trimestre, indique Antonio Guterres, les groupes terroristes ont mené 63 attaques, à savoir, 37 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 20 contre la MINUSMA, 5 contre un groupe armé signataire et 3 contre l’opération Barkhane (plusieurs cibles étaient parfois visées lors d’une même attaque), alors qu’ils en avaient mené 71 pendant la période précédente. A ses dires, les attaques ont été les plus nombreuses dans les régions de Mopti (24), Kidal (16), Gao (8), Tombouctou (5), Ségou (4), Ménaka (3) et Koulikoro (3). A l’en croire, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a été très actif dans les régions de Gao, de Kidal et de Ménaka et a revendiqué la plupart des attaques survenues durant la période considérée.
Selon le portugais, Antonio Guterres, les attentats terroristes ont fait 20 morts et 12 blessés parmi les groupes armés signataires. Et d’ajouter que durant le dernier trimestre, la MINUSMA a recensé 133 cas de violation des droits de l’homme et d’atteinte à ces droits, qui ont fait au moins 483 victimes. « En mars 2018, 715 écoles étaient fermées dans les régions de Kidal, de Gao, de Ménaka, de Tombouctou, de Mopti et de Ségou en raison de l’insécurité, notamment des menaces et des attaques par des extrémistes violents dont elles étaient la cible. En conséquence, 214 500 enfants n’étaient pas scolarisés », a-t-il dit. Par ailleurs, le secrétaire général a mis l’accent sur le renouvellement du mandat de la Minusma prévu en juin prochain.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain