Annoncée cette semaine dans la capitale malienne puis à Gao, la visite du Président français au Mali a été annulée sine die par l’Élysée, selon un communiqué en date du 17 décembre 2012. Emmanuel Macron était attendu en effet aujourd’hui lundi à Bamako pour une rencontre inédite avec le colonel Assimi Goïta, président de la transition du Mali, dans un climat de haute tension entre la France et la junte militaire. Le président français venait avec deux messages : d’abord sur la nécessité d’une clarification du cadre politique de la Transition au Mali; ensuite une mise en garde contre un éventuel recours aux mercenaires du groupe russe Wagner.
Par ailleurs, comme à l’accoutumé, Emmanuel Macron devait célébrer Noël avec les troupes françaises engagées au Mali depuis plus de huit ans. Mais, contre toute attente, l’Élysée a annoncé qu’il ne peut pas effectuer le déplacement. Officiellement, la décision d’annuler ce voyage répond à un souci de mise en cohérence entre les mesures annoncées au niveau national et l’agenda international du président, et de préserver les contingents militaires contre un risque contamination au regard de la dégradation de la situation sanitaire en métropole. Mais il n’est pas exclu que le chamboulement du programme de découle également de l’échec des négociations sur les ultimes réglages de la rencontre avec Assimi Goita, selon les estimations de certains observateurs.
Lesquels soutiennent que l’Elysée souhaitait associer le président en exercice de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Cedeao, ainsi que le président du G5 Sahel pour la tenue d’une conférence de presse à quatre. Selon d’autres sources, Koulouba souhaitait pour sa part que les échanges entre les deux chefs d’Etat portent sur la sécurité au Mali et dans le Sahel, en l’absence des présidents ghanéen et tchadien – et refusait toute idée d’une conférence de presse après avoir refusé d’aller rencontrer Macron à Gao.
Au nombre des non-dits de l’annulation de la visite pourraient par ailleurs figurer la grogne anti-française qui bat son plein dans la sous-région et qui aurait pu dégénérer en manifestations et comités d’accueil hostiles à la présence d’Emmanuel Macron au Mali.
A quelques mois de la présidentielle chargée d’enjeux, tous ces motifs se valent quoique le plus plus plausible demeure la gestion de la crise du Covid en pleine expansion à France, laquelle a conduit également le Premier ministre Jean Castex à revoir son agenda européen.
Amidou Keita
Source : Le Témoin