nfirme ce que le Reporter a toujours pensé. Que, soldat, promoteur d’un débile coup d’Etat, Amadou Haya Sanogo, fut un instructeur à ne pas imiter. Un capitaine qui ne cherchait qu’à se sauver. Un chef militaire stratège qui ne pense qu’à lui-même. Avisé, votre journal conseillait au capitaine de ne pas composer avec les politiques. Que cela ne se fait pas ! Hélas, Haya nous traitait d’égoïstes avec des menaces de mort. Dur d’avoir plutôt raison.
Reste que du piètre capitaine au show man télé, devenu général cadeau de Noël, Amadou Haya, du fond de sa cellule, ne peut que nous donner raison. Ainsi, Le Reporter qui vous a toujours entretenu de l’ambiance Sanogo, continue suite à son arrestation de vous édifier sur l’avènement de la honteuse ère d’Amadou Haya Sanogo. Avec l’apport de certains qui ont été mêlés et qui sont décidés à ce que la vérité soit dite. Première chronique sur l’ambition démesurée d’un homme qui se prenait pour un être à part et considérait le Mali, comme un titre foncier, dont le malheur aura été de danser le djanjon. Un rythme qui ne se danse pas comme cela, avec seul fait historique des Hayades, ces tirs meurtriers !
Hayamania : duel politique fatal à Sanogo !
Kati. Aux lendemains du coup d’Etat du 22 mars 2012. Le balai est intense. Hommes politiques, avocats, leaders de la société et cadres de ce pays se croisent devant le camp militaire. Ici, se trouve un jeune militaire. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, ramassé par des jeunes soldats dont l’action a fait partir de Koulouba ATT. Son plateau d’allégeance est fort élevé. On y trouve : Mountaga Tall, Oumar Mariko, Mohamoud Dicko. Ce dernier affirmera avoir été forcé à être présent. Comme toujours, Dicko doit s’expliquer. Kati devient alors la capitale du Mali. Son camp militaire est plus fréquenté que le grand marché de Bamako. Tous sont convaincus que ne pas voir ce capitaine, correspond à un suicide. Un camp qui abrite depuis peu des personnes arrêtées par la junte. Personne, parmi les visiteurs de la junte, ne parle de la libération des prisonniers politiques et civils. Mieux, on commence à chanter de leur bonne foi.
Pourtant ils tuent, pillent et violent. L’Iman Dicko est le premier à ouvrir la brèche. «Ils sont animés de bonne foi pour le pays», dit-il. C’est à partir de ce jour qu’a commencé, selon notre source, le deal IBK-Haya. Mahamoud Dicko fera le point de sa rencontre à IBK. Politique et avisé, «IBK fournit alors des voitures et du carburant à la junte», affirme notre source. C’est après que Haya envoie auprès de Blaise, le président du Burkina Faso, une mission en vue de négocier comment le capitaine Sanogo peut gérer une transition, comme l’a fait un certain ATT. Une mission composée de Dicko et de Jean Zerbo. Ce dernier rejettera les autres missions, au motif qu’il n’a pas à négocier une présidence de Sanogo. Depuis lors, l’Archevêque de Bamako a cessé de fréquenter Sanogo. Et s’est senti trahi par Dicko et IBK, au profit du deal Sanogo-IBK.
À sa décharge, Haya, aux premières heures de son coup d’Etat, était lucide, affirme notre source. Méfiant, il ne faisait confiance à personne. Sauf que la langue des opportunités lui dressa un destin national. Lequel devra se matérialiser à travers une nouvelle Constitution et la tenue des concertations nationales. Mais, l’imprudence du capitaine lui sera fatale. Et sa chute commence dès ce jour, où il rencontra IBK à Kati. Un grand jour où la junte fait une démonstration de force devant IBK. Un accueil avec tous les honneurs. Selon notre source, ce jour-là, Haya avoue qu’il veut gérer pendant un bout de temps, à défaut, aider IBK à conquérir le pouvoir. Notre source ajoute que c’est ce même jour qu’Haya exprima face à IBK son souhait de faire comme ATT : céder le pouvoir et revenir plus tard.
Longtemps, le capitaine Sanogo, chef de la junte, a voulu mettre en œuvre ce plan : s’installer à Koulouba comme ATT. Mais, n’est pas ATT qui le veut. Le plan du capitaine rencontrera des obstacles. Opposition du Fdr, embargo sur le Mali, mésentente dans l’armée. Et pour ne rien arranger, Sanogo ne trouve aucun moyen pour libérer le Nord du Mali. Sauf chanter partout que le Nord est sa priorité n°1. Très peu pour convaincre les Maliens de son sérieux. Peu importe ! Le capitaine croit en son destin et devient aveugle par une ambition démesurée.
Au terme des 40 jours de l’intérim, Sanogo tente de faire descendre Dioncounda Traoré par la force. La Copam et certains hommes politiques sont utilisés. À en croire notre source, le but de la Convention nationale et la marche de la Copam sur Koulouba était de liquider le Pr président. On comprend alors qu’au moment où le Mali faisait face à l’avancée des jihadistes, Sanogo organisait des marches pour liquider Dioncounda, déstabiliser ainsi la transition et se faire propulser à la tête du pouvoir. Dans ce duel à mort, Dioncounda Traoré aura été sauvé par les éléments de la Garde nationale. En effet, et d’après notre source, ce jour-là, Kati demanda à la Garde nationale de décamper en vue d’être remplacée par des hommes armés venus de Kati. Mais, la Garde nationale refusa et sollicita du renfort. C’était les 8, 9 et 10 janvier 2013. Sauvé ainsi, Dioncounda quitta son domicile pour l’hôtel Salam sous la protection de son garde de corps. Et le 11 janvier 2013 face à la situation, il demande l’aide de la France pour sécuriser Bamako et le Nord du Mali. Le capitaine constate alors qu’il ne peut éliminer Dioncounda, mais lui donne l’assurance de le sécuriser, en contrepartie d’une récompense. Ainsi naît le duel Sanogo-Dioncounda. Et c’était lors de cette rencontre entre Haya et Dioncounda à la résidence de ce dernier que le jeune militaire avoua son ambition de gérer le pays. Ce que Dioncounda Traoré accepte.
Deuxième imprudence de Sanogo
Homme politique avisé, Dioncounda sait comment prendre sa revanche sur celui qui a toujours voulu l’éliminer physiquement. Il a surtout l’ambition de gérer ce pays, mais Dioncounda sait aussi que Haya a 500 hommes. Qu’il garde les armes du Mali, venues de la Guinée. Qu’il perçoit par mois la somme de 164 millions de Fcfa. Et que les militaires se sont superbement enrichis et détiennent la chaîne de commandement militaire : sécurité d’Etat, Gendarmerie, état-major de l’armée, police et certains militaires sur le front.
Vieux matheux qu’il est, Dioncounda emploie les théorèmes et les hypothèses. Déchiffre les équations à plusieurs inconnues. Et finit de comprendre que l’équation de Sanogo n’est pas aussi compliquée que cela. Il fait alors appel aux anciens militaires maliens et étrangers. Et se souvient de cette phrase d’un vieux officier français qui dit : «Pour anéantir un groupe de ce genre, c’est la promotion exceptionnelle avec un grade supérieur pour leur chef ; ça va créer des dissensions».
Ce que Lavoisier connaissait bien, Dioncounda l’utilisa avec succès. Le capitaine est nommé général 4 étoiles. La suite est connue. Hé oui, il voulait faire comme ATT. Pour cela, il composa avec les hommes politiques, qui voulaient eux aussi régner à Koulouba. Résultat : son premier partenaire Dioncounda le nomma général pendant que le second, IBK, le donne en cadeau de Noël à la justice. En l’arrêtant au motif de complicité d’enlèvements. Amadou Haya Sanogo, du piètre capitaine au général cadeau de Noël !
Hayamania, la suite dans le Reporter !
Békaye DEMBELE
SOURCE: Le Reporter