Amadou Bengaly, le président de la Fédération malienne de Volley-ball nous a accordé une interview exclusive dans laquelle il nous parle des performances du volley-ball malien, des perspectives et des difficultés auxquelles le bureau exécutif de cette fédération est confronté, aujourd’hui.
Amadou Bengaly, président de la Fédération malienne de Volley-ball
«Si le Comité national olympique et sportif du Mali n’existait pas, il fallait le créer. Sans lui beaucoup de fédérations sportives allaient disparaitre»
«Le président Habib Sissoko et son équipe ne vivent que pour le développement des disciplines sportives»
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Amadou Bengaly : Amadou Bengaly, président de la Fédération malienne de volley-ball. Actuellement, je suis le troisième vice-président de la Zone III de Volley-ball qui regroupe certains pays de l’Afrique de l’Ouest. Je suis également le trésorier général du Comité national olympique et sportif du Mali Cnosm.
Quel est l’historique pour la Fédération malienne de volley-ball?
La Fédération malienne de volley-ball est née de la pratique du volley-ball. Il faut d’abord préciser que cette discipline a été créée le 9 février 1895 aux Etats-Unis par un Professeur d’éducation physique des UCJG, à Holyoke dans le Massachussetts, William G. Morgan afin d’occuper les athlètes pendant l’hiver. Quant au Mali, il est arrivé avec les coopérants soviétiques, tout juste après les indépendances. Donc, c’est à partir de ce moment que la pratique de volley-ball a commencé au Mali. Vers les années 1962, il y a eu une première équipe de volley-ball constituée par des Maliens et des coopérants soviétiques. C’est suite à cela que la Fédération malienne de volley-ball a été créée en 1964. De 1964 à nos jours, cette fédération a été dirigée par 4 présidents. Le premier président était Boubacar Diarra, suivi de Souleymane Doucouré. Bakary Camara a été le troisième président et enfin moi-même, Amadou Bengaly, je suis arrivé en 2015.
Parlez-nous de la pratique de volley-ball au Mali?
Vous savez, le volley-ball a eu des hauts et des bas. Après la création de la Fédération malienne de volley-ball dans les années 1960, le volley-ball était une discipline dont la pratique était obligatoire dans toutes les écoles. En plus de cela, il était pratiqué lors de la semaine nationale de la jeunesse où toutes les disciplines se pratiquaient. Je me souviens, lorsque j’étais au lycée, nous pratiquions chaque jeudi le volley-ball avec les athlètes de tous les lycées de Bamako. Pendant la période 1975-1978, j’étais membre de l’équipe de volley-ball du lycée de Badala et j’ai même été le capitaine de cette équipe en 1978. Aujourd’hui, cette discipline se pratique dans toutes les régions du Mali, même si d’autres sont en retard par rapport à Bamako.
Et comment se porte aujourd’hui le volley-ball malien?
Aujourd’hui, le volley-ball malien se porte bien, malgré les difficultés. Si je dis bien parce que le volley-ball malien est connu au niveau national, sous régional, africain et international. Nous avons participé à plusieurs compétitions sous régionales et africaines. D’abord, nous avons participé plusieurs fois au tournoi de la solidarité de la Zone III (ndlr : regroupant certains pays de l’Afrique de l’ouest) qui est devenu plus tard la Coupe d’Afrique de la nation de la Zone III. Et à chaque participation nous enregistrons de très bons résultats. En 2009, nous avons organisé ce tournoi (Coupe d’Afrique de la Zone III) au Mali où nous avons été finalistes malheureux chez les hommes et demi-finalistes chez les dames. En plus de cela, en 2012, malgré la situation du pays, les dames de l’AS Commune V, renforcées par certaines joueuses des autres équipes de Bamako, ont remporté le trophée du tournoi Zone III au Niger. En 2015, nous avons également participé aux éliminatoires des Jeux africains de Brazza où les nôtres se sont classés troisième. Malheureusement pour nous, ce sont les deux premiers qui devaient participer. En 2018, l’équipe nationale du Mali Dames et Messieurs de volley-ball ont remporté le trophée de Beach-volley de la Zone III, à Abidjan. Chaque deux ans, nous organisons une compétition de volleyball dénommée « Festi-Volley » en Commune V où nous invitons les équipes étrangères comme celles de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. Depuis la création de cette compétition à ce jour, c’est le Mali qui remporte les trophées. Par rapport à la compétition sous régionale, nous participons régulièrement au tournoi de Volley-ball de Ziguinchor au Sénégal et durant nos participations, nous avons remporté plusieurs trophées. Ce qui me fait dire que le volley-ball malien est connu au niveau national, sous régional et international. Depuis notre affiliation à la Confédération africaine de volley-ball (CAV) jusqu’aujourd’hui, nous participons à toutes les réunions et tous les grands congrès et assemblées générales de la CAV et de la Fédération internationale de volley-ball.
Vous-êtes à votre premier mandat. Pouvez-vous nous parler des grands chantiers que vous avez entamés dans le cadre du développement du volley-ball au Mali ?
Dans le cadre du développement du volley-ball, notre bureau qui a été mis en place en 2015 a actualisé le plan de développement du Volley-ball. Il faut rappeler que, de 2011 à 2015, j’ai été le premier vice-président de cette Fédération et durant cette période nous avons élaboré un plan de développement du volley-ball sur 4 ans. Lorsque je suis devenu président en 2015, nous avons actualisé ce plan de développement. Ce qui nous a permis au plan international d’obtenir le projet « Rêve Africain » de la Fédération internationale de volley-ball (FIV). Ce projet a pour but le développement de la discipline à la base. A ce titre, nous avons mis en place des centres de développement dont quatre se trouvent à Bamako et chaque centre est composé de 50 enfants. A l’image des quatre centres de Bamako, nous avons aussi bénéficié, en 2012, du projet de développement de la structure de volley-ball financé par le Comité national olympique et sportif du Mali Cnosm. Avec ces deux projets, nous avons pu faire un grand pas vers le développement de la discipline au Mali. Après cela, les régions de Gao, Ségou et Kayes ont pu créer leur centre et chacun d’eux a été équipé par la Fédération malienne de volley-ball.
Quelles perspectives pour le volley-ball malien ?
Pour les perspectives, l’apport du Comité national olympique et sportif du Mali Cnosm, nous a permis d’assoir la discipline, de faire en sorte que les régions puissent développer la discipline à leur niveau, d’organiser des compétitions au niveau national comme l’Inter-ligue Mémorial Feu Pierre Djiré à Ségou et un Inter-ligue en rotation entre les régions du pays. Cette compétition a pour but de mettre des jeunes, ensemble, et de faire valoir l’esprit d’entente et d’équipe. En termes de perspectives, nous sommes en train de voir comment participer à d’autres tournois comme le tournoi de volle-ball de la zone II afin que nous puissions être reconnus comme volley-ball de niveau supérieur par la Confédération africaine de volley-ball, la CAV. Malgré que tous nos résultats sont envoyés au niveau de la CAV, mais nous voulons être parmi les premiers à participer aux Jeux Africains et aux Jeux Olympiques.
Quelles sont les difficultés auxquelles votre Fédération est confrontée, aujourd’hui?
Vous savez, nous avons beaucoup de difficultés. Aujourd’hui, la plus grande difficulté à laquelle la Fédération malienne de volley-ball est confrontée, c’est le problème de sponsoring. Vous savez, sans un grand sponsoring, c’est difficile de faire développer une discipline. C’est vrai que nous bénéficions du sponsoring de Sotelma-Malitel à travers le Comité national olympique et sportif du Mali, le Cnosm, mais nous voulons d’autres sponsors afin que nous puissions aller très loin dans le développement de la discipline au Mali. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour remercier le président du Cnosm, Habib Sissoko, pour tous les efforts qu’il fait pour le développement des disciplines sportives au Mali. Depuis un moment, nous bénéficions de l’appui de quelques sponsors comme Fofy Industrie, Somagep et de Bms-sa. A part ces quelques sponsors, nous n’en avons pas d’autres. Ce qui nous pose énormément de difficultés. L’Etat nous a confié la discipline, malheureusement il ne nous donne pas assez de moyens pour que nous puissions développer le volley-ball. C’est vrai que comparaison n’est pas raison, mais notre fédération reçoit seulement 590 000 Fcfa par an de la part de l’Etat. Je ne sais pas ce que nous pouvons faire avec cela. Contrairement à certaines disciplines (ndlr : football et Basketball) qui reçoivent beaucoup d’argent. Nous sommes conscients des difficultés de l’Etat, mais nous souhaitons qu’il fournisse un peu d’effort afin que nous puissions avoir quelque chose de conséquent. En plus de la Fédération, les ligues régionales ont des difficultés pour venir participer au championnat national de volley-ball. Nous allons organiser les championnats nationaux du 20 au 28 septembre prochain, mais jusqu’à présent les équipes des ligues de Kayes et Gao n’ont pas reçu des moyens pour venir à Bamako. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités régionales et surtout aux collectivités territoriales, d’accompagner leurs équipes afin qu’elles puissent participer aux championnats nationaux.
Quelles sont les relations de votre Fédération avec le Cnosm ?
Aujourd’hui, je dirais que si le Comité national olympique et sportif du Mali n’existait pas, il fallait le créer, parce que sans lui beaucoup de fédérations sportives allaient disparaitre. Le président Habib Sissoko et son équipe ne vivent que pour le développement des disciplines sportives. Nos relations sont excellentes avec le Comité national olympique et sportif du Mali. Avec tout cela, certains présidents de fédérations ont eu la chance d’être nommés au secrétariat exécutif du Cnosm.
Votre mot de la fin ?
Je dirais oui le volley-ball malien a fait du chemin. Nous avons des difficultés, mais ces difficultés font que les hommes sont là pour les transcender et nous demandons l’accompagnement des autorités, que cela soit au niveau ministériel ou au niveau des collectivités. Je profite une fois de plus de l’occasion pour lancer un appel auprès des sponsors de venir nous aider à développer le volley-ball.