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Alpha Saloum Haidara co-auteur du livre « Les terres fertiles » “L’Africain veut réussir mais ne pas être acteur de cette réussite”

La corruption, le désespoir, la mauvaise gouvernance en Afrique, voici entre autres les thématiques abordées dans les vers de ce recueil de poèmes ” Les terres fertiles empoisonnées “. Coédité par deux poètes africains, le Malien, Alpha Saloum Haïdara et le Camerounais, Gervais de Collins Moumsi Bouopda, cet ouvrage vient d’être publié chez Innov Editions dont le premier auteur cité en est le directeur. Dans l’entretien qui suit, Alpha Saloum Haïdara nous parle, entre autres, du recueil de poèmes, son homologue camerounais ainsi que les raisons de leur collaboration, le Festival International de la Poésie ” Voix des vers “, qui est une initiative de la jeune maison d’éditions.

Aujourd’hui-Mali : Vous venez de copublier avec Gervais de Collins Moumsi Bouopda, le recueil de poèmes “Les terres fertiles empoissonnées”, pouvez-vous nous présenter cet ouvrage ? 

 Alpha Saloum Haïdara : Terres Fertiles empoisonnées est un recueil de poèmes coécrit avec Gervais de Collins, qui est un poète camerounais. Dans ce recueil, nous avons voulu, à travers ce florilège, faire comprendre au monde entier que l’Afrique est un continent beau, valeureux et riche, mais qui a été trahi par ses propres enfants. L’Africain veut réussir mais ne pas être acteur de cette réussite. Il se comporte plutôt en un véritable spectateur de son propre malheur. Pourtant, nous avons toutes les potentialités pour que ce continent soit le plus riche de ce monde, mais par manque de bonne foi, de volonté, d’intégrité, on s’enfonce dans le gouffre chaque jour encore plus. Toute cette solidarité qu’on ne cesse de véhiculer n’est que pure mensonge, si elle était réellement vraie, cela aurait pu se sentir dans nos quotidiens

Qui est Gervais de Collins Moumsi Bouopda et pourquoi cette collaboration ?

Gervais un est frère de plume camerounais, avec qui je discute souvent des vrais problèmes de l’Afrique. En réalité, cette coécriture est le fruit d’un pur hasard. Après tant d’échanges sur le devenir de notre continent, nous nous sommes dit qu’il serait important d’unir nos deux plumes car cela aussi relève de notre identité en tant que poètes car n’oublions pas la célèbre phrase de Césaire : “Ma bouche serait la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche…”

Le titre de l’ouvrage “Les terres fertiles empoissonnées” est assez évocateur, pouvez-vous nous l’expliquer un peu ?

Nous avons choisi comme titre “Terres fertiles empoisonnées” parce qu’il répond véritablement au cas malheureux de l’Afrique qui est une terre riche disposant de tous les atouts et potentiels pour se développer, mais qui, à cause d’une mauvaise gouvernance, je dirai même une inconscience, reste toujours dans l’ornière. Une mère empoisonnée par ses propres enfants.

Votre poème “Albinos” est-il un hommage à Ramata, la jeune albinos assassinée à l’orée des élections présidentielles de 2018 au Mali ?

Le poème Albinos n’est pas en réalité une réponse directe au cas typique de Ramata car il a été écrit bien avant, mais je voudrais juste rafraîchir votre mémoire que, chaque année, nous assistons à l’assassinat de plusieurs Ramata dans ce continent, pour servir à des sacrifices surtout lors des périodes électorales. Il est essentiel que ceux aminés par cette cruauté comprennent que l’albinisme n’est qu’une maladie cutanée qui ne peut avoir un effet positif sur leurs ambitions sataniques. S’ils veulent réellement réussir, alors il va falloir qu’ils se battent dur pour cela.

Que nous évoque le poème “L’ombre du vautour” ?

Le poème l’ombre du vautour fait allusion à toutes ces manigances occidentales pour le seul but de ruiner l’Afrique. Il est évident que l’occident est d’une part à la base de tout ceci, mais je me dis juste que c’est toujours par la complicité des Africains, et il est temps que nous arrêtions de nous faire piéger en mettant en avant nos intérêts personnels. C’est l’un des problèmes majeurs de l’Afrique et la jeunesse doit prendre conscience de cela pour bâtir une Afrique nouvelle.

A la lecture, nous remarquons que votre recueil de poème est plus mélancolique, mais vous y faites place à l’espoir notamment avec le titre ” Univers tricolore “!

Oui effectivement, le recueil est à cheval entre mélancolie et espoir comme le décrit le titre même du livre. Car malgré toute cette situation chaotique, nous avons aujourd’hui une génération qui fait preuve d’abnégation et de persévérance pour l’émergence et le développement de ce continent. C’est un travail d’une longue haleine, mais l’espoir est permis avec tout ce que nous sommes en train de constater, tant sur le plan économique que social.

Vous êtes également le directeur d’Innov Éditions, peut-on savoir comment se porte aujourd’hui votre jeune maison d’éditions ?

Innov Editions se porte très bien par la grâce de Dieu et nous nous réjouissons beaucoup des résultats obtenus malgré notre jeunes âge. Grâce à nos différentes représentations un peu partout en Afrique francophone, nous arrivons à travailler avec les écrivains du Mali et d’ailleurs. L’initiative Prix Innov, dans les pays comme la Guinée Conakry, le Burkina Faso et le Sénégal a créé un vrai contact de proximité avec les auteurs de la sous-région. Bientôt se tient le festival international de poésie dénommé (Voix des vers) la date vous sera indiquée.

C’est quoi le Festival International “Voix des vers” ?

Le Festival “voix des vers” est une initiative d’Innov Editions afin de revaloriser la poésie, nous avons constaté que la poésie en tant que premier genre littéraire et genre le plus ardu de la littérature a été reléguée en dernière position au point où d’aucuns la qualifient de mère malheureuse de la littérature. En plus de cela, il n’y a aucun prix pour la poésie au niveau de tous les événements littéraires qui sont organisés. Alors à Innov, en tant que défenseur de la poésie vu que c’est notre genre par excellence, nous avons décidé d’organiser un festival de poésie qui a pour objet de faire renaître la poésie de ses cendres.

En tant qu’éditeur, quel message avez-vous à l’endroit des jeunes écrivains maliens ?

Je dirai juste aux jeunes écrivains qu’ils sont ambassadeurs et vitrines de leur nation et ils doivent se battre pour ce pays car chaque plume peut sauver des vies, pour cela la qualité des écrits devient primordiale.

           Réalisé par Youssouf KONE

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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