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Alpha Barry (Burkina Faso): «Passer à la phase opérationnelle» du G5 Sahel

Les opérations africaines et leur financement sont au cœur de discussions depuis mardi à l’ONU. Ce mercredi 26 septembre 2018, il sera notamment question du Mali et du G5 Sahel. Une rencontre de haut niveau est prévue dans l’après-midi à New York. L’occasion également de parler de la lutte contre le terrorisme alors que le Burkina Faso est de plus en plus régulièrement soumis à des attaques. Notre invité ce matin est Alpha Barry, le ministre burkinabè des Affaires étrangères.

RFI : Alpha Barry, qu’espérez-vous de la rencontre de haut niveau qui doit se tenir tout à l’heure sur le Mali et le G5 Sahel ?

Alpha Barry : Notre espoir dans l’immédiat, c’est que tout ce qui a été mis en place passe à une phase opérationnelle. A savoir qu’il y a eu une forte mobilisation lors de la conférence de Bruxelles avec 416 millions d’euros sur les 423 millions qui étaient attendus. On peut même dire qu’on a largement atteint les objectifs puisqu’il y a eu d’autres annonces qui sont venues par la suite. Il y a eu aussi des annonces en matériel, en équipement, notamment des dons de véhicules blindés de la part de l’Egypte. Ça commence à devenir un peu concret. On devrait pouvoir avoir les premières livraisons, côté Burkina en tout cas, d’ici trois semaines.

Quand est-ce que vous pensez que les opérations pourront avoir lieu ?

Ce sont les militaires qui peuvent répondre à la question. Ce qui est sûr, c’est que les bataillons ont été mis à la disposition de l’état-major de la force conjointe. Si les premiers équipements commencent à se mettre en place, il ne devrait plus rester grand-chose pour le côté opérationnel. Donc, cela devrait suivre dans la foulée.

Comment pérenniser le financement du G5 quand Washington refuse de faire passer la force du G5 Sahel au chapitre 7 ? Est-ce qu’il y a une alternative à cela ?

Non, nous disons que nous continuons à demander un chapitre 7, mais pour le moment on se heurte à un refus. Il faut dire parallèlement que les Etats-Unis financent les pays du G5 de façon bilatérale. 60 millions de dollars ont été débloqués l’année dernière, ce qui est quand même substantiel. Cette année, selon les informations que nous avons, on atteint une augmentation.

Vous avez des soldats au sein de la Minusma. Ces casques bleus sont souvent bunkerisés parce qu’ils ont surtout un mandat défensif. Est-ce qu’il ne faut pas fermer la Minusma et remettre tous les moyens de la Minusma au G5 Sahel ?

Nous avons mené une action diplomatique pour avoir un mandat de la Minusma plus robuste, un mandat plus offensif, mais cela n’a pas véritablement changé grand-chose. Je ne dirais pas que la Minusma est inutile, mais nos chefs d’Etat ont estimé qu’une bonne partie des financements de la Minusma auraient pu permettre d’aider le G5 Sahel, qui lui est prêt en tout cas à aller au front.

Votre pays est touché directement par ces attaques terroristes. L’enlèvement de deux expatriés près de la mine d’Inata ne prouve-t-il pas que la situation dans le nord reste toujours aussi dangereuse, malgré tous les efforts sécuritaires qui ont été faits ces derniers mois ?

Nous disons qu’avec le G5, au sein du G5, nous sommes obligés d’assurer la sécurité de notre pays et de défendre les frontières de notre pays. Nous en appelons donc à ce que les choses aillent assez vite pour permettre d’avoir des actions coordonnées. Parce qu’il ne sert à rien, côté burkinabè, de mener des opérations quand ce n’est pas en coordination avec une opération du même type de l’autre côté de la frontière. C’est le sens de notre plaidoyer. Notre président, le président Roch Marc Christian Kaboré, avait même déjà prévenu certains amis et partenaires du Burkina Faso que si on n’aide pas véritablement le Burkina il y a un gros risque que la menace ne se propage et si elle se propage ce ne sera pas seulement au Burkina, mais cela va être à l’ensemble de la région. Et donc, il faut faire attention parce que le Burkina est dans une position tampon entre la zone véritablement sahélienne et le reste de l’Afrique de l’Ouest. Le Burkina apparaît dans sa position de tampon, comme un verrou qu’il faut absolument protéger, de sorte qu’il ne saute pas. Mais pour le moment, le phénomène étant nouveau pour les Burkinabè, c’est de plus en plus que les forces de défense et de sécurité s’adaptent à ces nouveaux combats et je pense que le résultat commence à être visible.

Est-ce que vous pensez que ce sont les mêmes jihadistes qui sont dans le nord ou que c’est vraiment une nouvelle cellule terroriste qui est là, dans l’est du pays ?

Dans ma position actuelle, je n’ai pas vraiment d’informations. Je ne peux pas dire s’il s’agit des mêmes groupes ou d’une autre cellule en gestation.

Est-ce que la contamination de ce phénomène à votre pays n’est pas le résultat, finalement, d’un échec ou d’un semi-échec des opérations au Mali ?

Si ces opérations n’existaient pas, je ne sais pas quel en serait le résultat aujourd’hui. Donc je ne peux pas le dire, mais ce que nous constatons c’est que ces opérations ne suffisent pas à sécuriser nos pays. Pas que le Burkina, mais c’est valable pour le Mali, c’est valable pour le Niger, c’est valable pour l’ensemble du G5 Sahel, et c’est cela qui justifie la mise en place ou la création de la force conjointe pour venir en appui aux efforts qui sont déjà dans la région.

Quand le président Kaboré parle, le 8 septembre, de mesures pour lutter contre le terrorisme, de quelles mesures s’agit-il exactement ?

Ce sont des questions à poser aux militaires pour être plus précis, à la défense. Mais il est clair que, comme je l’ai dit, nous attendons les actions du G5 Sahel. Mais avec ou sans le G5 Sahel, le Burkina va être obligé de défendre son territoire et va être obligé d’assurer la sécurité des personnes et des biens sur son territoire. Et c’est ce qu’il fait depuis le début.

RFI

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