Dans une interview exclusive parue le 29 mars 2022 au quotidien national «L’Essor », le ministre de l’Économie et des Finances du Mali , Alousséni Sanou fait le point sur la sur la situation économique et financière. Il évoque entre autres, le gel des ressources au niveau de la Bceao.
Sur le gel des avoirs maliens à la Bceao, le ministre de l’Economie a tenu à insister sur le caractère «illégal et illégitime » des sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa. Selon lui, ces sanctions ne sont prévues par aucun texte communautaire comme le disait, d’ailleurs, le président du Niger lors d’une conférence de presse à Paris. Ces sanctions et leur application par les organes communautaires, explique M. Sanou, violent plusieurs textes internationaux et communautaires : les textes de la Cedeao, la Convention sur le commerce mondial, la Convention de Vienne, les Statuts de la Bceao, le Règlement n°006/2013-CMUemoa relatif aux bons et obligations du Trésor émis par voie d’adjudication ou de syndication avec le concours de l’agence Umoa-Titres.
Alsousséni Sanou de souligner que le gel des ressources du Mali au niveau de la Bceao signifie que le Trésor public et les autres entités publiques ou parapubliques qui disposent d’avoirs financiers au niveau de la Bceao ne peuvent plus y accéder jusqu’à la levée des sanctions. «En plus, il faut ajouter comme autres sanctions la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les pays de la Cedeao et le Mali et la suspension de toutes assistances et transactions financières en faveur du Mali par les institutions de financement de la Cedeao, particulièrement la Bidc et la Boad », a confié M. Sanou.
Selon lui, les effets induits d’une telle décision sont l’indisponibilité des ressources de l’État déposées en compte à la Bceao. Ainsi, poursuit-il, l’État du Mali ne peut pas utiliser ses ressources créditées en compte. «Par exemple, l’État du Mali n’a pas pu honorer ses engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds et des autres créanciers. À cet égard, le cumul des échéances à payer non honorées avec les différents créanciers extérieurs du Mali atteindront le 31 mars un peu moins de 30 milliards de FCfa et 175 milliards de Fcfa pour les investisseurs dans les titres publics, soit un total de 205 milliards de Fcfa », a révélé le ministre de l’Economie et des Finances.
Il a indiqué que les opérations d’injection de liquidité de la Bceao permettent aux banques de financer substantiellement le déficit budgétaire de l’État attendu à hauteur de 1.000 milliards de FCfa. Il a fait savoir que la limitation du refinancement des banques dans le respect strict de la réglementation bancaire interdit le finance[1]ment du déficit par ce canal privilégié.
«Le blocage des transactions financières liées à l’approvisionnement du pays en produits vitaux concernés par les sanctions notamment les matériaux de construction, les engrais, …. fragilise les banques et ralentit la relance économique. L’impact de ces sanctions sur la notation du Mali auprès des agences internationales déteint négativement sur les notes des banques et dérangent leurs activités à l’international », déplore Alousséni Sanou.
Adou FAYE
Source : LEJECOM