Après la Cédéao, tout monde a les yeux rivés sur le retrait de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uémoa). Les trois Etats envisagent de créer leur propre monnaie à travers la mise en place d’une banque d’investissement.
Avant même d’avoir entamé des négociations sur leurs conditions de sortie de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Bamako et Ouagadougou se heurtent à l’organisation régionale sur la question du délai de retrait. Le Mali, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a donné le ton en annonçant que le Mali se retire sans délai de cette organisation.
Avec cette annonce, les autorités de Bamako rejettent toute idée de négociation avec la Cédéao pour y rester. Certains diplomates qualifient ce retrait de “précipité et irréfléchi” dont les conséquences seront désastreuses pour les populations de ces trois pays.
En plus de claquer la porte de cette organisation régionale, les dirigeants de l’Alliance des Etats du Sahel qui se sont inscrits dans un chemin de non-retour pour l’indépendance politique et économique des Etats qu’ils dirigent, entendent mettre sur pied une monnaie commune et une banque d’investissement.
La création de cette monnaie commune s’inscrirait, selon des analystes, dans la volonté pour ces trois Etats, de rompre avec les chaînes héritées de la colonisation. Avec une telle annonce, le retrait des Etats de l’AES de l’Uémoa qui regroupe 8 pays pour l’instant, ne devrait pas tarder.
D’ores et déjà, les analystes économiques tirent la sonnette d’alarme indiquant que si ce trio ayant quitté la Cédéao décidait de se retirer de l’Uémoa cela pourrait peser sur la confiance des entreprises. Un scénario qui va entraver ainsi potentiellement la croissance économique de la Cédéao et pire entraînera la dévaluation du F CFA.
Pour Modibo Mao Makalou, économiste et ancien conseiller du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), il existe une clause qui fait que les Etats peuvent se retirer à tout moment de l’Uémoa.
“Les trois Etats peuvent se retirer à tout moment. Jusque-là, ils n’ont pas décidé d’activer cette clause. Mais ils peuvent le faire. Ce que moi j’ai compris, c’est d’aller vers un regroupement d’intégration économique et monétaire parce que le stade ultime de l’intégration économique et monétaire, c’est avoir une monnaie commune. Ces trois pays ont déjà une monnaie commune comme le F CFA. Certes, ils peuvent décider de créer une autre monnaie commune mais cela engendrera d’autres difficultés parce que, est-ce que la convertibilité de cette monnaie et son taux de change vont permettre à nos économies d’être compétitives ou pas ?”, interroge l’économiste.
En attendant, la direction générale du trésor et de la comptabilité publique a obtenu la semaine dernière la somme de 21,934 milliards de F CFA sur le marché financier de l’Uémoa. Une opération qui s’est déroulée au terme d’une émission d’adjudication de bons assimilables du trésor (BAT) de durée 364 jours et d’obligations assimilables du trésor (OAT) de 3 ans et 5 ans.
Ousmane Mahamane