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Ali Nouhoum Diallo : « Je suis sceptique quant à la tenue des élections en juillet 2013»

Ali Nouhoum Diallo : « Je suis sceptique quant à la tenue des élections en juillet »

A quelque trois mois de la date fixée pour les élections de 2013. Nous avons rencontré le Pr. Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale et membre fondateur du parti ADEMA/PASJ. Le professeur se dit très sceptique qu’en au respect des dates fixées et appelle ces camarades candidats aux primaires à la retenue, à la cohésion et à la sérénité au sein du parti. Lisez plutôt.

 

La Nouvelle République : Nous sommes à 110 jours de la date fixée pour la tenue des élections. Pensez-vous que ces dates sont tenables ?

Ali Nouhoum Diallo : Mon opinion délicate sur cette question, est que c’est le gouvernement qui a dit qu’il lui était possible d’avoir un ficher électoral acceptable de la classe politique ; d’avoir ce que la classe politique réclame à savoir la carte électorale avec des données biométriques. C’est le gouvernement qui s’engage à faire des élections insusceptibles de contestations fondées. Des élections donc qui ne vont pas susciter des violences post électorales et voire une guerre civile post électorale. Si le gouvernement qui a pris ces engagements arrive à les tenir, je serais le premier heureux et le peuple va probablement décorer le président de la République, le premier ministre, les ministres de l’Administration territoriale, de la Justice et celui de la Sécurité. Mais si, dans la précipitation de l’organisation, ces élections s’avèrent bâclées, c’est l’ouverture d’une nouvelle crise qui s’ajoute à la crise existante. Il est à craindre que le Mali ne s’enfonce dans le bas fond. Des élections bâclées qui déboucheraient sur une nouvelle crise, eh hein ! Est-ce cela ne signifierait pas la fin même du Mali. Voila un peu mon problème, donc cette histoire, il faudrait vraiment que le peuple malien tout entier s’appuie sur sa carte politique et que le gouvernement aux intérêts fondamentaux du Mali et sache que si les conditions ne sont pas réunies qu’il l’explique à nos partenaires. Personnellement, je redoute qu’on est une situation à l’Afghanistan où Karzay est là mais cela n’est ce que la paix est revenue ? Est-ce que la démocratie est en cours? Est-ce que le peuple afghan vit dans la paix et la sérénité ?

J’ai peur que nous soyons dans la situation de l’Irak où des élections ont été faites sous la pression des partenaires. J’ai peur que nous soyons dans la situation de la Palestine où on est passé à des élections et les résultats ont été contestés par ceux là mêmes qui ont poussé aux élections. Et aujourd’hui, la Palestine est partagée en deux : la Cisjordanie et Gaza. J’ai peur de tout cela que tout cela ne se reproduise au Mali. Voyons à coté de nous Alpha Condé est élu Président de la République depuis deux ans mais jusqu’à présent l’Assemblée Nationale n’est pas mise en place, c’est toujours le CNT. Donc l’expérience que nous avons, nous donne des frissons à l’idée d’être poussé à des élections bâclées. Je dirai encore une fois que si le pari du Gouvernement est réussi, je dis alors bravo, je n’ai rien contre mais, je suis sceptique, étant donné l’état de mes informations, du degré de préparation de ces élections, qu’elles puissent se dérouler en Juillet, c’est être insusceptibles de contestations réellement fondées. Sinon je souhaite vraiment qu’on ait un président. Je pense que l’Occident qui branle les élections comme des fétiches doit aussi se poser la question, est ce qu’il n’est pas préférable d’avoir dans une démocratie, des élections municipales d’abord, des législatives ensuite et présidentielles enfin comme nous l’avions fait en 1992.

Il est plus démocratique que les conseillers municipaux soient déterminants dans l’élection des députés et que ces deux premiers soient déterminants dans l’élection du président de la république plutôt que l’inverse. Que le président de la République dise moi de toute façon je serai réélu quoi que vous fassiez, quant à vous, occupez vous de votre sort, celui ou celle que je ne souhaiterai pas voir à l’Assemblée, il n’y serait pas. Lorsque le président de la République puisse décider lui seul du sort et même de la majorité parlementaire et aussi des rapports de force, ça me parait pas démocratique.

Mon souhait c’est d’arrêter toutes ces spéculations sur la légitimité et laisser Dioncounda rester aux affaires jusqu’en 2014 pour que le mandat des conseillers communaux soit fini et qu’on puisse commencer les élections par les municipales suivies des législatives et terminer avec les présidentielles, c’est mon souhait le plus profond.

N.R : Pr aujourd’hui, nombreux sont les observateurs qui jugent que la constitution coexiste avec le coup d’Etat et que mieux vaut prendre le risque de faire des élections bâclées que de continuer avec un coup d’Etat déguisé ?

A. N. D : Je ne suis pas certain que des élections bâclées qui amèneraient un Président jugé illégitime par la classe politique empêcheraient cette coexistence. La nature de cette coexistence est liée à la structuration même de notre armée aujourd’hui. Le Mali est lui-même caractérisé par une colonne vertébrale de l’Etat brisé. La colonne vertébrale c’est nos forces armées et de sécurité. Il nous faut restructurer nos forces armées et de sécurité. Il nous faut rétablir la discipline au sein des forces armées et de sécurité. Tout le monde est d’accord qu’il faut reformer ces forces armées et de sécurité. Maintenant pour ma part je ne crois pas à la capacité du comité militaire de suivi et de reforme des forces armées et de sécurité tel que j’ai vu sa composition et sa direction capable de reformer réellement dans sa profondeur nos forces armées et de sécurité.

A  quoi je peux croire, c’est que les occidentaux s’engagent lorsque quelqu’un est élu, qui qu’il soit, dès lors qu’il est issu des urnes que ça se soit bien passé ou pas, gare à celui qui le touchera. Si ce n’est pas le cas je ne vois pas en quoi le seul fait d’élire quelqu’un, lui donnera plus de pouvoir que Dioncounda Traoré aujourd’hui. J’aimerai bien être convaincu que comment élire quelqu’un dans n’importe quelle condition pourvu qu’il y ait élection lui donnerait plus de pouvoir que celui qui est là, que personnellement je connais, dont je connais l’intelligence, dont je connais la patience, dont je connais la sagesse, dont je connais son amour pour le Mali. Mais encore une fois si cela est possible je ne demanderai pas mieux pour ma part.

N.R : Parlons un peu de votre famille, l’ADEMA PASJ où l’on a dix neuf candidats pour les primaires. En tant que doyen de cette famille, vous êtes certainement très sollicité. Dites nous comment tout cela se gère et votre lecture de la situation ?

A. N. D : Le jour que le parti africain pour la solidarité et la justice a décidé qu’en son sein, il n’y a pas de candidat naturel, qu’en son sein tout militant a le droit de prétendre à toute fonction, politique, administrative et diplomatique dès lors les primaires ne sont que la conséquence de cette perception politique. Donc pour le moment nous sommes dans les normes que nous nous sommes fixées. Et tous ceux qui sont candidats, c’est légitimement et conformément à nos textes qu’ils se sont présentés comme candidats à la candidature. Il appartient à la commission des bons offices comme la dernière fois de faire correctement son travail, de faire objectivement le travail, de voir comme j’ai dit à tout candidat qui m’a fait l’honneur de venir me demander des conseils. Je leur ai dit à tous, mettez le pays au dessus même de votre parti. Donc faites en sorte que dans vos campagnes aussi passionnées soient-elles, de ne pas insulter l’avenir et de songer à deux choses. Un, il est difficile au parti ADEMA de gagner ces élections dès le premier tour, tout est possible en politique mais jusqu’ici, nous n’avons que le tiers de l’électorat malien, donc vous aurez besoin des candidats des autres partis au second, si vous-même vous êtes au second tour. C’est pour cela garder vous d’insulter l’avenir. Deuxièmement mettez votre parti au dessus de votre personne. Donc dans vos campagnes aux primaires, en votre âme et conscience, entre vous-mêmes, vous choisissez celui qui est le plus susceptible de faire gagner le parti. Vous pouvez par des approches démocratiquement variées, peut être arrivé d’être choisi comme candidat du parti. Et si par malheur, les approches démocratiques qui vous ont conduits là, ne sont pas ceux des plus populaires en dehors du parti, qui a été retenu, il est possible que ne soyons même pas au second tour. Donc j’ai appelé tous les candidats à faire extrêmement attention à cela. Qui est le plus susceptible vraiment aujourd’hui de faire gagner le parti, de l’amener au moins au second tour en pole position. Faites tout pour que le regroupement autour de celui est retenu soit le plus facile possible cela signifie qu’entre vous aussi, vous ne vous êtes pas dit des choses inoubliables. C’est bien d’avoir des ambitions personnelles et c’est légitime d’en avoir, mais détruire le parti sans s’en rendre compte ne serait pas une bonne chose. J’ai dit à tous les candidats rangés vous derrière celui qui sera choisi par le peule ADEMA, comme une armée et la plus disciplinée au monde qui y soit.

N.R : Pensez-vous qu’on pourra avoir un candidat consensuel, sans arriver à la conférence nationale ?

A. N. D : Eh ! Honnêtement à cette question je ne peux pas répondre, tout dépendra du degré d’engagement des hommes pour le Mali. J’ai dit tout à l’heure que tout dépend de leur capacité à faire leur propre introspection et dire qu’honnêtement entre moi et un tel celui qui incarne le mieux les valeurs du parti. Vraiment sur le plan de l’itinéraire, un tel il y a longtemps qu’il ferraille contre l’injustice, contre la dictature, contre l’oppression. Vraiment un tel a un parcours d’étape plus que moi, il a plus d’autorité morale que moi sur les hommes. Un tel au regard du monde tel qu’il est aujourd’hui globalisé, il a plus de chance de connaitre les attentes nationales, de connaitre l’économie mondial, de voir la place que le Mali peut occuper là dans. C’est à eux de se soucier du Mali avant leur parti et de se soucier du parti avant leur personne. Ce n’est que lorsque les candidats seront à cette hauteur que nous pourrons espérer petit à petit qu’au fil des concertations, qu’au fil des discutions avec les uns et les autres et au fil de leur programmes pour le Mali mis en communs en plus du programme de tout le parti. Ce n’est qu’après ça que nous saurons. Donc je ne peux pas répondre à votre question honnêtement. Maintenant, même aller jusqu’à la conférence nationale personnellement ça me dérange pas hein ! L’essentiel qui est là aussi, ce que l’argent ne prend pas trop de place. Que les gens ne se mettent pas à sillonner des sections en distribuant de l’argent, à acheter des consciences. Mais l’argent a aujourd’hui pris une place indiscutable en politique et pas seulement chez nous. Ceci étant, il faudrait que dès à présent que des abeilles de l’international  socialiste reviennent vraiment à des fondamentaux et faire en sorte que ce soit l’homme, qui est d’une intégrité morale, qui soit capable d’affronter les tempêtes, parce que notre pays n’est pas totalement libéré. Il nous faut des hommes capables d’être des politiques et des hommes de guerre, qui ont l’amour de ce pays. Donc il appartient aux abeilles aujourd’hui de se réveiller et de dire voilà le meilleur d’entre nous.

Entretien réalisé par Harber Maiga         

 

Source: Nouvelle République

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