La dépouille de l’ex-homme fort est arrivé au Palais du peuple, bâtiment officiel d’apparat à Alger, selon des images diffusées par la télévision publique.
Un millier de personnes environ sont rassemblés sur plusieurs centaines de mètres, derrière des barrières sur les trottoirs, autour de cette ancienne résidence des gouverneurs ottomans bâtie au 18e siècle, qui abrite désormais des manifestations et cérémonies officielles. Entouré de nombreux motards, le cortège funéraire est arrivé vers 07H30 locales (06H30 GMT). Recouvert du drapeau national, le cercueil en bois du défunt, décédé lundi d’une crise cardiaque à l’âge de 79 ans, était porté par plusieurs officiers marchant au pas. La dépouille a été accueillie par le général Saïd Chengriha, qui assure l’intérim du chef d’état-major, et d’autres responsables militaires.
Recueillement des officiels
Le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’une présidentielle portée à bouts de bras par le général Gaïd Salah, et entré en fonction depuis moins d’une semaine, s’est recueilli devant le cercueil avant de présenter ses condoléances aux proches du défunt. Sur le cercueil, entouré de quatre officiers de différents corps d’armée, repose sur un coussin le collier de “Sadr” dans l’Ordre national du Mérite, une dignité réservée habituellement aux chefs de l’Etat, à laquelle l’avait élevé M. Tebboune, lors de son investiture le 19 décembre, dernière apparition publique du général Gaïd Salah. Abdelkader Bensalah, effacé président par intérim entre la démission de Bouteflika et l’élection de M. Tebboune et de nombreux autres hauts responsables de l’Etat se sont également recueillis devant la dépouille de celui qui était apparu ces derniers comme le gardien du “système” au pouvoir face au mouvement (“Hirak”) de contestation populaire qui agite l’Algérie depuis fin février. Selon les images de la télévision nationale, des citoyens ont ensuite commencé à entrer par petits groupes pour se recueillir tour à tour très brièvement devant le cercueil du général Gaïd Salah, durant 15 ans chef d’état-major de l’armée, institution pilier du régime à la tête de l’Algérie depuis son indépendance en 1962.
Gaïd Salah, un parcours dopé par Bouteflika
Nommé à ce poste par le président Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah fut longtemps d’une loyauté sans faille envers celui qui l’avait fait roi. Mais, en avril, il avait sacrifié M. Bouteflika au mouvement (“Hirak”) populaire et inédit de contestation, né un mois plus tôt. Sous la pression de la rue, il avait exigé et obtenu la démission du vieux président et assumé dans la foulée la réalité du pouvoir, tentant de décourager la contestation par la répression et s’attachant opiniâtrement à organiser une présidentielle, malgré l’opposition farouche de la rue contre un artifice destinée selon elle à régénérer le système au pouvoir. Le général Gaïd Salah sera enterré après la prière de l’après-midi (aux environ de 12H00 GMT) au cimetière d’El Alia, dans l’est de la capitale, au sein du carré des Martyrs, où reposent les anciens chefs d’Etat et grandes figures de la lutte contre le pouvoir colonial français.
Par Le Point Afrique (avec AFP)
Le Point