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Algérie. Face à la crise algérienne, des dirigeants français pétrifiés

Le devoir de nos dirigeants, ce n’est pas une repentance aussi éternelle qu’injustifiée pour ce qu’Emmanuel Macron a qualifié de « crime contre l’humanité », mais l’obligation de faire face à la situation algérienne dans l’intérêt exclusif de la France. On peut être sûr qu’ils en seront incapables. Les récentes déclarations françaises face à la contestation dans la rue du cinquième mandat du président Bouteflika l’illustrent parfaitement.

On implore, comme dans un exorcisme, la déesse démocratie pour que tout se passe bien mais, en réalité, il faudrait envisager des plans dans le cas ou cela se passerait mal. Il faut prévoir le pire, car sinon le pire est sûr.

Nous sommes, vis-à-vis de l’Algérie, dans une vraie dépendance idéologique, énergétique et migratoire. Nous payons au prix fort le gaz comme une sorte de réparation de guerre permanente. Nous sommes à l’Algérie ce que l’Allemagne est à l’État hébreu. Nous avons accepté une importante communauté de gens qui ont voulu se séparer de nous, en continuant — ou en exigeant — de vivre chez nous. Certains sont des indépendants-dépendants qui n’ont pas honte, bien au contraire.

Il est bien évident qu’une nouvelle guerre civile algérienne aurait des répercussions sur notre territoire. Mais une déstabilisation algérienne aurait également un impact sur la lutte contre le terrorisme islamique en France comme dans tout le Sahel.

Ce gigantesque pays construit de toutes pièces par la France gaullienne, qui lui a attribué l’immense Sahara et ses ressources, inquiète tous ses voisins. Certes, les Tunisiens sont contents de voir une sorte de printemps dans la rue algérienne. Mais ils savent sur quoi a débouché le leur. Le Maroc espère un affaiblissement de son frère ennemi du Maghreb. On redoute cependant beaucoup plus à Rabat une fuite en avant du régime menacé de l’intérieur sur le dossier du Sahara.

Cette crainte, on la retrouve en Libye, qui tente de se reconstituer après avoir été détruite par Nicolas Sarkozy, et dans tous les pays riverains de l’Algérie confrontés à l’islamisme des sables.

L’Algérie a tenu un rôle évident dans la lutte contre le terrorisme islamique. L’ONU a salué officiellement le travail d’Alger dans son aide aux pays du Sahel et d’Afrique de l’ouest pour lutter contre le djihadisme. C’est ce qu’a déclaré, le 25 juin dernier à Alger, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel, en soulignant la nécessité de profiter et de s’inspirer de l’expérience algérienne en matière de lutte contre l’extrémisme violent et contre le terrorisme durant les années 1990. Pour le diplomate onusien, il est donc « nécessaire d’échanger avec l’Algérie ses expériences pour faire face aux défis sécuritaires ».

Voila qui explique la compréhension internationale vis-à-vis du régime militaro-mafieux d’un président Bouteflika aux frontières de l’impotence.

Tout le monde redoute ce qui va se passer demain si l’Algérie est paralysée durablement par une crise interne, même sans aller jusqu’à une situation à la syrienne.

L’avenir de ce pays concerne tous les Français, même ceux qui ne savent même plus que l Algérie a été française. Gouverner, c’est prévoir. Il est à craindre que nos dirigeants n’aient rien prévu face à la méduse algérienne qu’ils n’osent décidément pas regarder en face… depuis près de soixante ans.

Pierre Boisguilbert

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