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Aide alimentaire aux déplacés : distribution gratuite de 43.000 tonnes de vivres

L’opération sera lancée ce mardi à Mopti par le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta et concernera 1,3 million de personnes en insécurité alimentaire

 

La Région de Mopti, peuplée de plus de 2 millions d’habitants (recensement de 2009), apparaît aujourd’hui comme l’épicentre de la crise sécuritaire et humanitaire. Différents groupes armés y sont actifs depuis 2012, endeuillant des familles au quotidien et provoquant le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

À maints endroits de la région, les populations qui sont restées sur place, ne peuvent pas se rendre au champ en toute quiétude. Ce qui laisse planer le risque de famine. Les bandits armés enlèvent le bétail en masse quand ils ne s’adonnent pas à des massacres de paisibles villageois. Heureusement, l’enchaînement macabre des massacres de civils a pris fin depuis quelque temps. Mais l’insécurité demeure le lot quotidien de nos compatriotes de la 5è Région.

Face à la détresse des populations affectées par la crise, l’État ne peut rester les bras croisés. C’est pourquoi, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta procédera au lancement officiel du Plan national de réponses à l’insécurité alimentaire (PNR 2012). Le chef de l’État donnera ainsi le coup d’envoi des distributions gratuites de vivres à nos compatriotes les plus vulnérables sur toute l’étendue du territoire national.

Approuvé le 30 avril dernier lors de la 17è session du Conseil national de sécurité alimentaire au titre de la campagne agricole 2020-2021, ce Plan constitue la réponse du gouvernement aux difficultés alimentaires de nos compatriotes sévèrement éprouvés par la crise multidimensionnelle et les effets liés au changement climatique. D’un coût prévisionnel évalué à un peu plus de 23 milliards de Fcfa, il porte sur l’assistance alimentaire, le cash transfert, l’appui alimentaire au bétail, aux cantines scolaires, la lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes, la reconstitution des stocks de sécurité.

Au plan alimentaire, ce sont au total 43.000 tonnes de céréales (riz, mil et sorgho) qui seront distribuées, à la faveur de cette campagne, à plus de 1,3 million de personnes en insécurité alimentaire modérée et sévère. Car la situation alimentaire notamment pendant cette période de soudure est marquée par l’accroissement des besoins alimentaires des populations rurales, constate le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA).

 

UNE LUEUR D’ESPOIR- L’évaluation définitive, cette année, de la situation alimentaire et nutritionnelle par le Système d’alerte précoce du Cadre harmonisé indique que de juin à août-septembre 2021, plus de 5 millions de Maliens auront besoin d’une assistance alimentaire et nutritionnelle. Parmi ceux-ci, plus de 1,4 million seront en insécurité alimentaire très sévère et auront besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. Dans les Régions de Tombouctou et Taoudéni, 150.000 personnes sont concernées, plus de 300.000 personnes à Gao, Kidal et Ménaka. La 5è Région compte 600.000 personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire.

À Mopti, le temps était clément hier lundi, après des pluies peu abondantes la veille. Dans la cour de la direction régionale du développement social et de l’économie solidaire, une douzaine de femmes étaient assises à même le sol sous un hangar. La plupart portaient des enfants au dos. L’une d’elle jouait avec ses triplés. Ce sont des déplacées venus chercher des appuis.

La Région de Mopti enregistre la moitié des déplacés du pays, soit 157.415 déplacés internes pour plus de 27.000 ménages, selon Boubacar Djambeïdou Diallo, chef de division défense et protection sociale à la direction régionale du développement social et de l’économie solidaire de Mopti. «Ils ont abandonné tout sur place. Certains sont arrivés avec seulement les habits qu’ils portaient. Ils n’ont ni terre ni d’autres sources de revenu », révèle-t-il.

Aujourd’hui, le premier besoin ici est alimentaire, souligne Boubacar Djambeïdou Diallo. «En la matière, l’État a mobilisé plus de 100 tonnes de vivres, les partenaires ont offert plus de 104 tonnes de janvier à maintenant. Mais ces soutiens arrivent tardivement. Ce qui expose les déplacés à l’insécurité alimentaire », déplore le technicien, précisant que des appuis en non vivres : kits, cuisine, nattes, moustiquaires, aliments bétail, leur sont parvenus.
Dans ce contexte, il va de soi que le lancement de la campagne de distribution gratuite de vivres soit attendu et considéré comme une lueur d’espoir. Les déplacés, insiste notre interlocuteur, sont dans une situation d’extrême fragilité alimentaire et nutritionnelle.

DIFFICILE DE SE NOURRIR- Le site de déplacés de Sokoura, situé en face de l’Institut de formation des maîtres (IFM), est une immense cour clôturée par des briques en ciment. À l’entrée, une déplacée vend des condiments non loin des toilettes construites en dur. Fagots sur la tête, des dames se dirigent vers des tentes dressées par le HCR et qui leur servent d’abris. Dans un bassin approvisionné par un château d’eau construit par l’Organisation internationale de la migration (OIM), des filles font la lessive. L’eau coule des robinets. Des enfants jouent un peu partout. Sous des hangars, des femmes préparent à manger et devisent entre elles. « Nous partageons nos peines et détresse », murmure l’une d’elles.

Oumou Gadiaka qui a été obligée de fuir son Bankass natal avec son mari et sa coépouse, nous conduit volontiers dans sa « maison » comportant une véranda et une chambre à coucher. Elle y habite depuis trois ans avec ses quatre enfants. Le mari faisant la navette entre les deux épouses. «Le souci majeur ici est la subsistance quotidienne. Un projet appuie en vivres. Cette assistance est irrégulière », souffle la dame. Elle soutient financièrement son mari en faisant des petits métiers comme la coiffure. « Tresser une personne rapporte environ 250 à 500 Fcfa selon le modèle. Je peux tresser trois femmes par jour», précise notre interlocutrice.

Devant le siège du conseil du village, le chef Oumar Barry et ses conseillers répondent aux questions d’une équipe d’enquêteurs gestionnaires du site, venus recueillir les besoins des pensionnaires. Certainement en prélude à l’arrivée du chef de l’État. Coiffé d’un turban, il précise que le site accueille 166 ménages (l’annexe y compris) pour 1.271 individus venus des Cercles de Bankass, Bandiagara et de Koro. «Se nourrir est la principale difficulté. Nous vivons des soutiens de l’État et de ses partenaires : 50 kg de riz, 50 kg de mil et plus de 5 litres d’huile. Cela suffit à peine pour un mois pour les ménages de cinq personnes et 25 jours pour ceux d’environ dix personnes. Ces appuis viennent tous les trois ou six mois. Le dernier remonte à six mois. Nous travaillons comme manœuvres pour surmonter ces moments», explique le chef traditionnel.

À défaut de trouver des lopins de terre où ils pourront cultiver, les déplacés font des activités génératrices de revenus comme l’embouche ovine. Un projet a, un moment, offert des chèvres et moutons à 200 personnes sur un total de 800 considérées comme actives. «Leur situation s’est nettement améliorée», se réjouit Oumar Barry.
Cette alternative pourrait être une solution probante. Des petits ruminants sont attachés devant plusieurs ménages. Certains jardinent aux pieds des murs de clôture du site. Un constat qui dénote leur volonté réelle de sortir de l’assistanat et de vivre à la sueur de leur front comme ils le faisaient dans leurs villages.

Envoyés spéciaux
Cheick M. TRAORÉ
Oumar DIOP

ÉCOLE PAR NIVEAU

 

À l’autre bout de la cour, des collégiens apprennent en classe. Sur un espace de jeu servant de jardin d’enfants, trois balançoires sont installées. Dans deux classes juxtaposées, des enfants apprennent à lire et à écrire le français et l’arabe.

Il est 11 heures 30 environ. Boureima Tall, employé par l’Unicef, modérateur des cours en français, libère les mômes. « Ici, c’est le système de niveau. Nous en avons deux : niveau 1 et 2. Le premier concernant les débutants.

Le deuxième, les anciens élèves ou les déscolarisés récupérés pour les réinscrire dans le système classique », explique le formateur.

Il encadre 75 enfants de quatre à cinq ans pour le niveau 1 et 50 enfants de sept à douze ans pour le niveau 2. Ceux qui font arabe sont près de 50 enfants, précise-t-il.

Mais le taux d’abandon est de plus en plus élevé, déplore l’enseignant. « Pas de cantine scolaire pour motiver les enfants à rester. Ils sont mobilisés par les parents à chaque fois qu’on annonce l’arrivée d’une aide», explique Boureima Tall. Pour qui, un recyclage des modérateurs s’impose pour arriver à dispenser un enseignement de qualité à ces apprenants.

C.M.T
O.D

Source : L’ESSOR

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