La création de la nouvelle Agence répond à une exigence de l’Uemoa. Elle doit contribuer au développement des mutuelles dans le cadre du Régime d’assurance maladie universelle
L’on est en droit de garder espoir avec la nouvelle Agence malienne de mutualité sociale (Amamus), une exigence du règlement N°7 de l’Uemoa pour assurer la protection sociale à des populations non couvertes par les systèmes formels de sécurité sociale, qui entend franchir d’un pas conquérant sa deuxième année d’existence. L’établissement, créé par la loi n° 020 du 3 juillet 2019, a tenu, hier à la Maison des aînés, la toute première session de son conseil d’administration. La réunion était dirigée par le conseiller technique au ministère de la Santé et des Affaires sociales, Dr Mohamed Berthé, en présence du directeur général de l’Amamus, Aboubakar Hamidou Maïga.
Les textes assignent à l’Agence la mission d’exercer le rôle administratif de la mutualité sociale tel que défini par la règlementation communautaire relative à la mutualité sociale au sein de l’Uemoa.
À ce titre, elle doit instruire les dossiers d’agrément des mutuelles sociales et des structures faîtières, tenir le registre d’immatriculation des mutuelles sociales et des faîtières, entre autres. Mais une des missions essentielles de l’Amamus est de contribuer au développement des mutuelles dans le cadre du Régime d’assurance maladie universelle (Ramu).
L’Amamus, qui entend accélérer le pas, a soumis à l’approbation des administrateurs son cadre organique qui permet de définir le profil des emplois et de recruter le personnel requis. Ils ont apporté des amendements avant d’adopter le document.
L’administration de l’établissement développe une expertise dans le domaine de l’organisation et de la gestion des mutuelles et des associations faîtières. Ce qui représente un atout majeur pour la jeune structure qui jouera, à n’en pas douter, un rôle essentiel dans l’extension de la couverture maladie par les mutualités pour la réussite du Ramu.
Un peu d’explications s’impose pour comprendre la nécessité d’aller au Ramu dans notre pays. L’Assurance maladie obligatoire (Amo) qui représente une réelle avancée en matière de politique de protection sociale, couvre les fonctionnaires et les autres travailleurs régis par le Code du travail. Les indigents reconnus comme tels sont pris en charge par le Régime d’assistance médicale (Ramed). Ces deux régimes de protection sociale ne couvrent pas tout le monde, d’où la nécessité d’aller à la couverture maladie universelle pour ne laisser personne en rase campagne. L’Amamus y assurera un rôle capital.
Pour le conseiller technique au ministère de la Santé et des Affaires sociales, c’est dans le souci de mieux accompagner l’opérationnalisation du Ramu que l’Amamus en tant que nouvel organe administratif de la mutualité sociale préconisée par l’Uemoa a été créée pour améliorer de façon significative la couverture maladie du secteur informel et agricole. Il a également rappelé que dans les 8 pays membres de l’Uemoa, près de 70% de la population en général ne bénéficie d’aucune forme de couverture sociale et en particulier d’assurance santé.
Comme on pouvait s’y attendre, le conseiller technique au ministère de la Santé et des Affaires sociales a rappelé le contexte de la pandémie du coronavirus mais surtout la nécessité pour tous d’observer les gestes barrières pour éviter une propagation de la maladie dans notre pays.
Le directeur général de l’Amamus a reconnu que sa jeune structure est confrontée à des petites difficultés d’installation et de mise en place d’une organisation interne. Pour lui, il faut définir le profil des emplois mais à travers le cadre organique pour se donner les moyens d’accomplir efficacement la mission. Il a rappelé le contexte de création de son Agence, conformément à une exigence de l’Uemoa avant de souligner que son établissement est prêt à faire face à sa mission avec un budget équilibré en recettes et en dépenses à un peu plus de 1,62 milliard Fcfa.
Il est aujourd’hui admis par tous que sans système de tiers payant, il serait très difficile voire impossible pour les populations de faire face au risque maladie parce que dans notre pays, comme le dit l’adage : « Il vaut mieux aller au boulanger qu’au médecin ». Autrement dit, le médicament coûte plus cher que la nourriture. Mais on peut relativiser cette réalité avec les régimes de protection sociale.
Bréhima DOUMBIA
Source : L’ESSOR