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Afrique : Réflexion à l’impact du numérique sur l’accès aux services essentiels

Le think tank (Re)sources consacre en 2017 ses travaux de réflexion à l’impact de la révolution digitale sur l’accès aux services essentiels dans les pays en développement et en particulier en Afrique.

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La révolution digitale mérite d’être observée attentivement car elle est susceptible d’apporter des solutions concrètes et immédiates à des populations qui manquent cruellement d’accès aux services de base. Entre 2 et 4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable et à l’assainissement (300 millions en Afrique pour l’eau potable et 695 millions pour l’assainissement) et 1,4 milliards de personnes n’a pas accès à l’énergie (600 millions en Afrique).

En offrant des clés de compréhension, les technologies digitales sont des outils d’aide à la décision qui permettent de faire des choix informés et de prioriser les actions à mener en fonction des territoires. Accélérateurs de progrès, elles transforment également la relation à l’usager en définissant de nouveaux services et en optimisant les pratiques informelles, particulièrement présentes en Afrique.

De nombreuses technologies mobiles, expérimentées à l’échelle locale, permettent en outre de cartographier des points d’eau ou encore de signaler des défaillances au niveau des infrastructures. Dans le domaine de la relation client, des solutions de compteurs intelligents offrent aux usagers la possibilité de prépayer leur consommation d’eau via leur mobile. Le développement du téléphone mobile est, à ce titre, trois fois plus rapide en Afrique que dans le reste du monde, ce qui ouvre d’importantes perspectives d’innovation.

Le leapfrog africain, c’est-à-dire le fait de sauter des étapes dans le développement d’infrastructures permettant d’avoir accès à l’énergie, mais également à l’eau, à l’éducation, à la santé a démarré en 2007 autour de la bancarisation, avec M-PESA, la première donnée mobile lancée par un opérateur téléphonique (Safaricom). M-PESA est la plus grande innovation de rupture et d’usage que l’Afrique ait connue ces dix dernières années. Dans le domaine de l’énergie, M-KOPA, un kit qui permet l’achat d’un petit panneau solaire afin de couvrir une consommation domestique, est un des modèles qui ont révolutionné l’accès à l’électricité en Afrique.

Les innovations d’usage et le déploiement d’une infrastructure mobile peuvent représenter un intérêt dans certaines régions, ailleurs qu’en Afrique. En matière de reverse innovation, la monnaie mobile et la bancarisation ont été créées pour pallier une absence de bancarisation.Ces formes de flux d’innovation et d’inversion ne pensent plus désormais l’innovation dans les laboratoires fermés de recherche et développement au Nord, mais bien plutôt en s’inspirant de pratiques d’innovation et de nécessité.

Enfin, les données numériques (téléphones, ordinateurs, cartes bancaires, cartes à puces, abonnement pour transports en commun…) permettent de disposer d’informations considérables, à jour et très précises sur les pratiques des habitants d’un territoire. Au-delà du fait que ces données sont faciles à collecter, leur usage pourrait révolutionner le domaine des politiques publiques. Les big data constituent un levier pour aider les pouvoirs publics à répondre aux défis de l’urbanisation croissante des villes du Sud et de l’accès aux services de base. A titre d’exemple, la gestion des flux de déchets via une entreprise de plateforme (ubérisation des déchets) mettant en contact des émetteurs, des transporteurs et des recycleurs de déchets, pourrait être une solution aux situations d’accumulation sauvage de déchets dans les villes, et permettre le tri et la réutilisation.

L’innovation africaine nous oblige à penser les modèles économiques en étant moins centrés sur les individus et davantage sur les communautés et les collectivités. L’innovation africaine est plus collective et collaborative, ou, en tout cas, dirigée vers des boucles courtes, d’économie circulaire. L’Afrique est le continent où l’on inventera, avec le digital, l’économie de la fonctionnalité, ce que nous peinons à inventer dans les pays du Nord, organisés autour de l’économie de la propriété.

(Re)sources invite tout au long de ce cycle numérique des experts qui apportent des éléments de compréhension à la révolution digitale dans l’accès aux services essentiels, en s’appuyant sur des expériences concrètes et facteurs de progrès pour des populations non seulement bénéficiaires mais aussi actrices de ces changements.

 

africtelegraph

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