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Afrique : la guerre en Ukraine exacerbe les crises humanitaires

RÉPERCUSSIONS. Les dix crises les plus négligées au monde se trouvent toutes en Afrique, selon le classement du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publié ce 1er juin.

aura-t-il « un avant et un après-guerre en Ukraine » pour ce qui est de l’accueil des exilés et réfugiés dans le monde ? La question mérite d’être posée alors que de plus en plus d’ONG alertent sur la réponse des pays développés aux crises humanitaires qui se déroulent sur d’autres continents, notamment en Afrique. En effet, au-delà de capter une grande partie de l’aide humanitaire destinée à l’Afrique, la guerre en Ukraine – qui ne fait qu’exacerber une situation déjà fragile – commence à avoir des répercussions importantes sur le plan humanitaire.

En plus du nombre de vies en jeu, la guerre qui se prolonge est en train de placer, de fait, en arrière-plan de nombreux autres conflits ou crises en cours. La région souffre du dérèglement climatique qui affecte les cultures, la sécheresse frappe des régions entières, sans oublier l’insécurité liée à la présence des groupes djihadistes et les conséquences de la crise pandémique du Covid se conjuguent pour fragiliser encore plus de nombreux pays. Résultats : la région compte 6,7 millions de personnes déplacées et 1,6 million de réfugiés. D’après le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), les dix crises « les plus négligées » de déplacement de populations se situent pour la première fois toutes en Afrique, affirme l’organisation dans un rapport paru ce mercredi 1er juin, dans lequel, les experts s’inquiètent des conséquences de la guerre en Ukraine sur le continent.

 

La loi du « mort-kilomètre »

Le NRC publie chaque année une liste des dix « crises de déplacement les plus négligées », fondée sur trois critères : le manque de volonté politique de la communauté internationale pour y trouver des solutions, de couverture médiatique et de financement des besoins humanitaires. Le classement pour 2021 « témoigne de l’échec chronique des décideurs, des bailleurs de fonds et des médias à traiter les conflits et la souffrance humaine sur ce continent », a déploré le secrétaire général de l’ONG, Jan Egeland, cité dans un communiqué. Si une importante proportion de pays africains y figure habituellement (huit sur dix en 2020), 2021 est la première année où « toutes les dix sont en Afrique », selon le rapport.

Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait, notamment la loi dite du « mort-kilomètre ». C’est-à-dire que plus les crises ou conflits sont éloignées de l’Occident, moins elles y suscitent d’intérêt et d’empathie. L’ONG dresse le parallèle avec la guerre en Syrie, qui a commencé a mobiliser à partir du moment où les réfugiés syriens ont commencé à arriver aux portes de l’Europe, et que le sujet a fait les gros titres des médias.

 

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Le cas de la RDC

Comme l’année précédente, la République démocratique du Congo (RDC), « cas d’école de la négligence, figurant dans cette liste pour la sixième fois d’affilée », souligne le NRC, arrive en tête, avec 5,5 millions de personnes déplacées, en particulier dans le nord-est du pays. « Il s’agit d’une des pires crises humanitaires de ce siècle, et pourtant ceux qui, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique, ont le pouvoir de changer cela, ferment les yeux sur les vagues d’attaques brutales et ciblées contre les civils qui brisent les communautés », selon l’ONG. Le nord-est de la RDC est en proie à des tensions et des conflits intercommunautaires, avec une augmentation spectaculaire des attaques contre les camps de déplacés depuis novembre 2021.

« Je ne peux pas planifier l’avenir de mes enfants, il n’y a rien d’autre que de trouver de la nourriture chaque jour. Le monde ne sait pas à quel point nous souffrons ici », a déclaré une mère de famille de 37 ans dans la province de l’Ituri, en RDC. Cinq membres de sa famille ont été tués dans un massacre et sa maison a été incendiée.
L’aide fournie à la RDC l’année dernière équivalait à moins d’un dollar américain par semaine et par personne dans le besoin, et l’appel humanitaire était financé à moins de la moitié. En comparaison, l’appel humanitaire pour l’Ukraine lancé le 1er mars a été presque entièrement financé le jour même, à hauteur de plus de 6 milliards d’euros récoltés lors d’une conférence internationale des donateurs à Varsovie, le 5 mai.

Un fossé

En Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso, qui dépasse désormais 1,75 million de déplacés, notamment dans le nord du pays en proie aux attaques djihadistes, arrive en 2e position, devant le Cameroun, le Soudan du Sud, le Tchad, le Mali, le Soudan, le Nigeria, le Burundi et l’Éthiopie. « La guerre en Ukraine a démontré l’immense fossé entre ce qui est possible lorsque la communauté internationale se rallie derrière une crise, et la réalité quotidienne pour des millions de personnes qui souffrent en silence dans ces crises sur le continent africain que le monde a choisi d’ignorer », dit Egeland.  « Ce n’est pas seulement injuste – ce parti pris a également un coût énorme. Des vies qui auraient pu être sauvées sont perdues. On laisse les conflits se transformer en crises prolongées et anéantir les espoirs de générations de personnes en un avenir meilleur. »

Et ce n’est pas tout. La faim est en hausse dans la plupart de ces pays, en raison notamment de l’aggravation de leur situation alimentaire « par la hausse des prix du blé et du carburant causée par la guerre en Ukraine », prévient le NRC. La Russie et l’Ukraine assurent à elles deux environ 30 % de la production mondiale de blé. La crainte d’une crise alimentaire d’envergure est particulièrement ressentie en Afrique où dans de nombreux pays, une population majoritairement pauvre est frappée directement par la hausse des prix – que les États ne peuvent enrayer faute de ressources financières – quand les habitants ne sont pas directement menacés par millions de famines, comme dans la Corne de l’Afrique, soumise à une terrible sécheresse.

« En outre, plusieurs pays bailleurs de fonds sont en train de décider ou d’envisager de réduire leur aide à l’Afrique pour réorienter les fonds vers l’Ukraine et l’accueil des réfugiés dans leur pays », indique-t-il. C’est le cas par exemple du Danemark, qui a décidé de réduire son financement de 40 % au Mali.

Source: Le Point.fr

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