Le syndicat Solidarity, qui représente en majorité des Blancs, a dénoncé, devant le conseil des prud’hommes de Johannesburg, les quotas raciaux dans le sport. Ceux-ci avaient été instaurés pour promouvoir la majorité noire, exclue des équipes nationales durant le régime raciste de l’apartheid.
La couleur de la peau dans le sport divise toujours en Afrique du Sud. Solidarity vient de saisir les prud’hommes de Johannesburg dans le but de “supprimer les dispositions spécifiques de la charte de transformation”raciale. Cette juridiction sud-africaine devra se prononcer sur la recevabilité de l’affaire, avant un éventuel procès.
Pour le syndicat, qui représente principalement la minorité blanche dans le pays, ce système de quotas dans le sport est “anticonstitutionnel et contre les lois du travail”.
Le ministère des Sports sud-africain a aussitôt dénoncé une démarche “désespérée” de Solidarity et sa “tentative de contenir les progrès faits”.
Car après la fin officiel du régime de l’apartheid, en 1994, les messages de réconcilation raciale sont souvent passés par le sport. En 1995, lors de la finale du Mondial de rugby à Johannesburg, le premier président noir Nelson Mandela était apparu portant le maillot et la casquette des Springboks, l’équipe fétiche de ses anciens oppresseurs. “Le sport a le pouvoir de changer le monde, le pouvoir d’inspirer, le pouvoir d’unir les individus comme peu d’autres activités peuvent le faire”, expliquait Mandela, cité par Jeune Afrique.
L’apartheid, qui a longtemps réservé le football aux Noirs et le rugby aux Blancs, a laissé des traces : les premiers restent aujourd’hui sous-représentés dans le rugby, mais dominent le football.
Des quotas contoversés
Pour la première fois en 1999, l’Afrique du Sud impose un système de quotas dans le rugby et le cricket professionnel. Mais il sera supprimé par le gouvernement en 2007. Une nouvelle politique de quotas, cette fois à plus grande échelle, sera adoptée, à partir de 2011.
La Fédération sud-africaine de rugby (SARU) et les Springboks ont signé un accord afin, qu’en 2019 pour les Jeux Olympiques au Japon, la moitié des joueurs de l’équipe nationale et des clubs soient noirs.
Ce principe des quotas avait été critiqué par Siya Kolisi, devenu capitaine des Springboks, en 2018. Cité par l’AFP, ce joueur noir, qui a grandi dans un township de Port Elisabeth (sud-est), avait déclaré lors d’une visite au Japon : “Je ne voudrais pas être sélectionné juste à cause de ma couleur de peau. Ce ne serait sûrement pas bon pour l’équipe et mes partenaires le sauraient.” Kolisi avait assuré que Nelson Mandela lui-même se serait opposé à cette règle des quotas.
Ses déclarations lui avaient valu des critiques politiques, alors que la nation arc-en-ciel œuvre pour une “transformation radicale” des structures héritées du régime ségrégationniste.
francetvinfo