Paris a annoncé, ce mardi, la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie en raison du refus de ces pays de délivrer des laissez-passer aux immigrés refoulés de France. Suite à cette annonce, le Maroc et l’Algérie ont déploré la décision de la France de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard des ressortissants de leurs pays.
Le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, lors d’une conférence de presse avec son homologue mauritanien Ismaël Ould Cheick Ahmed déclare « Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifié ». Le Maroc a toujours géré la question migratoire et le flux des personnes, avec une logique de responsabilité et d’équilibre entre la facilitation des déplacements des personnes et la lutte contre la migration clandestine, ajoute Nasser Bourita. Cette décision de la France considéré de drastique doit être étudiée par le pays. « C’est une décision inédite, qui est rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France », justifie le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, sur la radio Europe 1.
Cependant, l’Algérie ne reste pas indifférente par rapport à cette décision. De ce fait, ce mardi 28 septembre, la diplomatie algérienne a estimé qu’il s’agit d’une décision unilatérale. Dans une déclaration de l’envoyé spécial chargé du Sahara occidental du Maghreb, Amer Belani, nous apprenons qu’il qualifie cette décision de disproportionnée. « Il s’agit d’une décision malencontreuse dans la forme car elle intervient à la veille du déplacement d’une délégation Algérienne à Paris afin de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant pour renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière », a-t-il-ajouté. Belani souligne également la disponibilité des autorités algériennes à traiter la question migratoire, il rappelle que sur le fond, la dimension humaine est au cœur des spécificités de la relation entre l’Algérie et la France du partenariat d’exception qui lie les deux pays. « La gestion des flux humains postule une coopération franche et ouverte » a-t-il-soutenu, en précisant que cela suppose une gestion commune dans un esprit de partenariat et non un pas de fait accompli qui relève de considérations unilatérales propres à la partie française. Par ailleurs, près de 8 000 Algériens font l’objection d’une obligation de quitter le territoire français, selon les chiffres révélés ce mardi par la radio Europa 1. Le nombre d’algériens que la France a décidé d’expulser serait plus important. Pour les six prochains mois, le président Macron a fixé un quota de 31500 visas Schengen à accorder aux Algériens, soit 50% du nombre de visas délivrés durant la même période de 2020. En outre, si on se penche du côté du Maroc, nous constatons que les canaux consulaires marocains ont délivré près de 400 laissez-passer pour des personnes se trouvant en situation irrégulière durant les huit derniers mois. « Le Maroc a toujours réagis de manière pragmatique et stricte avec les personnes qui se trouvent en situation irrégulière », explique Nasser Bourita. Dans un contexte de montée extrême droite, la question migratoire est au cœur des débats en France à quelques mois de l’élection présidentielle du printemps prochain.
Mariam Guindo, Stagiaire
Source: LE PAYS