Dans une interview accordée à nos confrères du quotidien « L’Indépendant », la nouvelle directrice de Timbuktu Institute-Mali, a demandé l’union des forces de toutes les organisations maliennes travaillant dans le domaine de la résolution des conflits, de la médiation et de la prévention de l’extrémisme violent pour les actions en faveur du retour de la paix.
A la question de savoir la portée de la mise en place d’un bureau pays de Timbuktu institue, Fatima Al-Ansar a indiqué qu’avant « la création de Timbuktu Institute, les différents acteurs, nationaux, régionaux ou internationaux rencontrés et consultés, ont tous déploré soit l’insuffisance de capacités endogènes ou leur non-valorisation dans la recherche de solution aux conflits ou la prévention des crises en Afrique ». Aussi, a-t-elle expliqué les raisons pour lesquelles Timbuktu s’est voulu un instrument régional. « Saisissant ce retard accusé dans ces efforts de production d’une pensée critique et constructive à la fois pour traiter des grandes problématiques liées à la paix et à la stabilité mais aussi la rareté déplorable de cadres de réflexion prospective valorisant les solutions endogènes et inclusives, Timbuktu Institute s’est voulu un instrument régional pouvant pallier ce manque », a-t-elle précisé à Maciré Diop de l’Indépendant.
Pour Fatima Al-Ansar, une autre vocation de Timbuktu Institute « est la formation des nouvelles générations sur les méthodes et approches innovantes en matière de promotion de la culture de la paix mais aussi le renforcement des capacités des acteurs devant élaborer les politiques publiques ». Selon elle, même si elle estime qu’en tenant beaucoup de la dimension endogène des solutions, il faut quand même travailler avec les partenaires internationaux sur les questions liées à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits ainsi que des violences qu’elles soient d’ordre politique, identitaire, voire religieux, etc. Mais tout cela, dit-elle, en assumant pleinement notre passé riche de ses métissages et brassages.
En ce qui concernant ses atouts le retour de la paix au Mali, elle a été on ne peut plus clair : « La différence est que l’installation de l’Institut dans notre pays coïncide avec un moment critique, un tournant où nous n’avons plus le choix que d’avancer ou exposer le pays à une inextricable crise en plus des difficultés actuelles. Justement, dans ma vision à la tête de Timbuktu Institute-Mali, je milite avec des partenaires internationaux du Mali à la co-construction des solutions par une approche qui prenne en compte nos préoccupations ». Pour l’atteinte de ses objectifs d’ailleurs, elle envisage lancer son premier programme qui sera bientôt lancé est intitulée « la Parole aux Maliens : pour la réconciliation ». Cela s’inscrira t pleinement dans le cadre des documents stratégiques comme la Stratégie nationale de réconciliation et celle sur la prévention de l’extrémisme violent récemment validée. « L’échec des stratégies basées sur le « nation building » en Afghanistan nous rappelle qu’il faut écouter le terrain et non pas lui imposer des paradigmes conçus ailleurs », a précisé Mme Fatima Al Ansar.
Pour la nouvelle directrice de Timbuktu Insitute, il une large coalition des acteurs de la recherche-action pour des solutions endogènes. Car, selon elle, il y a tellement de dispersion de précieux efforts dans le cadre des actions menées par les structures de recherche-action comme par les organisations de la société civile malienne. Mais, ajoute-t-elle, de plus en plus, on peut noter une réelle volonté de synergie surtout que les urgences nationales sont bien là au point de rapprocher les visions. « Timbuktu Institute cherche, dans l’urgence à donner corps à cet esprit unitaire qui se dessine malgré la gravité de la situation. Après la prise de contact avec nombre de ces acteurs dans toutes les régions du Mali, j’entame avec mon équipe, dès la semaine prochaine, une série de rencontres avec les organisations partageant cette vision. Je pense que c’est le moment ou jamais d’agir. Il faut bâtir ces synergies pour booster les initiatives endogènes inclusives, les promouvoir et les appuyer par une réflexion stratégique », a affirmé Fatima Al-Ansar.
La question de la coopération internationale a été aussi évoquée. A ce niveau, elle a confié à l’Indépendant : « Pour moi, ce n’est pas antinomique avec la coopération internationale ; c’est une simple valorisation des solutions que les Maliens eux-mêmes peuvent proposer. Je crois beaucoup plus à cette autonomisation de la réflexion sur nos problèmes qu’à la volonté de jouer des rivalités internationales ou d’importer des conflits. Les Maliens et leur volonté de paix et de réconciliation font aussi partie de la solution. Si nous ne sommes pas autour de la table des solutions nous serons forcément dans le menu des convoitises. Il suffit de créer un déclic et d’avancer vers la réconciliation. Nous en avons les ressources si nous parvenons à faire face aux crises politiques. Reste maintenant la volonté ».
B. Guindo
Source: LE PAYS