En Afrique de l’Ouest, les pays côtiers et sahéliens soutiennent l’élevage transhumant. Le PRIDEC, le Programme régional d’investissements dans les pays côtiers a été adopté ce week-end. L’objectif : permettre une transhumance apaisée dans la région.
Pendant la période de soudure, les éleveurs sahéliens mènent leurs troupeaux jusque dans les pays côtiers comme le Togo ou le Bénin pour trouver du pâturage. Ces mouvements provoquent souvent des conflits, notamment entre agriculteurs et éleveurs.
Le PRIDEC propose donc une solution simple : délimiter des routes de transhumance et y offrir les services nécessaires pour que les éleveurs ne s’en écartent pas. « Il faut d’abord identifier des couloirs de transhumance, des zones de repos et de parcage, et enfin réaliser des investissements pour permettre à ces éleveurs d’accéder à l’eau, explique Dodo Boureima, responsable du réseau régional d’éleveurs Billital Maroobe. La recherche de l’eau en dehors des couloirs de transhumance peut créer des dégâts champêtres. C’est la même chose pour les marchés. Durant leur transhumance, les éleveurs ont besoin de céréales, de vêtements, de soins pour leurs animaux et donc il faut qu’ils y aient un accès sur les marchés. Ce sont beaucoup de petites choses mais elles sont primordiales pour les éleveurs. »
Un système d’élevage rentable
Des petites choses… dont le coût de la mise en place est quand même évalué entre 200 et 300 millions d’euros. L’Union européenne en fournira 25 millions. Un investissement rentable d’après Marc Casteran, chef de programme de la délégation régionale européenne : « Pendant longtemps on a considéré l’élevage nomade comme archaïque. On préconisait de sédentariser les troupeaux, d’intensifier la production comme dans les pays développés, avec beaucoup d’intrants, etc… Mais des études ont démontré que cet élevage-là valorisait des ressources qui ne le seraient pas du tout autrement. Sur certains territoires où passent les troupeaux, d’une part il n’y aura pas de surpâturage puisque les troupeaux ne restent pas longtemps, d’autre part, le broutage va favoriser la repousse de l’herbe et de surcroît il y aura un dépôt de fumier. Donc c’est le mode d’élevage le plus rentable, à tout point de vue. »
Une gestion communautaire
La grande innovation du PRIDEC, c’est d’octroyer une dimension régionale aux couloirs de transhumance. Alors que le foncier a toujours été l’apanage des Etats, pour la première fois, plusieurs pays reconnaissent les particularités de l’élevage nomade et sont disposés à gérer de manière communautaire les couloirs de transhumance.
« Les pays de la Cédéao reconnaissent la transhumance comme une activité importante pour l’économie de notre sous-région mais aussi pour assurer notre sécurité alimentaire, admet Oko Koura Agadazi, ministre de l’Elevage du Togo. Cette activité procure des produits animaliers aux pays en déficit de viande, en même temps qu’elle développe des sources de revenus au niveau des pays de provenance, notamment les pays sahéliens. Donc cette activité non seulement assure la sécurité de notre région mais soutien l’économie de notre espace communautaire. »
L’élevage représente près de la moitié du produit intérieur brut agricole de toute l’Afrique de l’Ouest.
Source : RFI