Homme à poigne, dit-on, le ministre de la Justice, Tiéna Coulibaly, s’est pourtant muré dans un silence total au sujet des affaires judiciaires qui ébranlent la République. En attendant, la Justice malienne, vouée aux gémonies par l’opinion nationale, secouée par des scandales, décide de déclencher des rebondissements d’affaires sensibles. Témoignage : la convocation, ce jeudi 21 mars, de l’honorable Karim Keita et Dr. Oumar Mariko pour des affaires les concernant.
Des analystes estiment que ces députés qui bénéficient de l’immunité parlementaire ont été convoqués dans le cadre d’une enquête judiciaire sur la disparition du journaliste Birama Touré dont on est sans nouvelle depuis trois ans. Le ministre de la Justice ne s’est jamais exprimé publiquement sur cette disparition depuis son arrivée aux affaires, et il est fort probable qu’il ne soit au courant de rien sur les derniers développements.
Si la Justice s’intéresse à Oumar Mariko, député remonté contre le pouvoir, c’est que l’ancien leader de l’AEEM sous Moussa Traoré a plusieurs fois accusé Karim Keïta, le fils du président de la République. Mariko raconte à qui veut l’entendre que le président et son fils savent où se trouve Birama Touré ; il l’avait dit spécialement dit aux anciens des familles fondatrices de Bamako, les Touré, sans aucune réserve.
L’on comprend donc aisément pourquoi Karim Keïta, le très puissant président de la commission défense de l’Assemblée nationale a été convoqué par la justice. Mais ce qu’on ne comprend pas, c’est que cette même justice sait pertinemment que le fils du président est couvert par l’immunité parlementaire.
Dès lors, des questions sans réponses se posent quant à la pertinence de la démarche du juge qui sait que le travail qu’il prétend faire se buttera contre cet obstacle de taille. Ainsi, on est tenté de dire que la motivation de la justice se trouve ailleurs. En effet, certains Maliens avancent l’argument selon lequel des fonctionnaires corrompus, dont des juges, cherchent à intimider le pouvoir qui est sous pression de l’opinion nationale.
La pétition de Mamadou Sinsy Coulibaly, le président du Conseil national du patronat malien, visant à débarquer des juges corrompus seraient à l’origine de l’agitation judicaire en cours. En ouvrant une enquête gênant le fils du président de la République, des juges montrent qu’ils peuvent ne pas couler seuls. D’ailleurs, la cour suprême a promis un soutien total à son président Nouhoum Tapily dont la démission est exigée par certains.
En tout cas, ce n’est pas pour rien que la justice malienne s’emballe pour entendre de hautes personnalités du pays. Et tout cela dans une sorte de précipitation qui ne garantit pas la suite attendue, puisque la première des choses est la levée de l’immunité parlementaire. Tiéna Coulibaly ne se prononcera probablement pas sur cette affaire que d’aucuns estiment vouée à être classée sans suite.
D.Kéita
INFO SEPT