Les casseurs, « ce sont les gilets jaunes que je n’aime pas ». Face à des enfants, Emmanuel Macron a longuement évoqué la crise des « gilets jaunes » jeudi lors d’un débat pas comme les autres en Maine-et-Loire, assurant avoir « compris le message » de ceux qui « ne sont pas violents ».
Il a fallu attendre la fin des échanges pour que ce sujet brûlant soit évoqué par la cinquantaine d’écoliers et collégiens, invités à échanger avec le président dans une salle municipale de Beaupréau-en-Mauges, ville de 23.000 habitants entre Angers et Nantes.
Mais une fois posé sur la table, il a donné lieu à plusieurs questions et des réponses détaillées du chef de l’Etat, venu écouter les plus petits à l’approche de la fin d’un grand débat qui a attiré surtout des seniors.
Emmanuel Macron, avec des mots simples, a souvent joué au maître d’école, testant les connaissances des enfants. C’est Cassandre, élève de 5ème, qui s’est lancée en premier en demandant: « Que pensez-vous des gilets jaunes? »
« La vraie question, c’est qui sont les gilets jaunes », a répliqué le chef de l’Etat avant de se lancer dans un long monologue. « Au début, les gens qui ont mis des gilets jaunes c’étaient plutôt des gens qui disaient: on travaille, on n’arrive plus à s’en sortir ».
« J’ai bien compris le message » et « j’ai envie de répondre » à ceux qui « ne sont pas violents », a-t-il ajouté, souhaitant que les manifestations se terminent le plus vite possible.
« Mais d’autres ont mis un gilet jaune pour tout casser. Je ne suis pas du tout d’accord avec eux, ce sont les gilets jaunes que je n’aime pas ». « Ce sont des casseurs, il faut que les gens les soutiennent de moins en moins », a-t-il poursuivi.
« Il faut être intraitable. Car si on ne l’est pas comment peut-on expliquer aux enfants sur c’est mal de frapper, d’insulter ? »
– « Merci de réfléchir » –
Du trop-plein de plastique aux inégalités de salaires, en passant par le harcèlement, le débat a porté sur des thèmes revenus en force lors des réunions d’adultes qui se tiennent depuis deux mois.
Un jeune garçon s’est alarmé que, dans son village, il y avait « beaucoup trop d’emballages en plastique ». Puis chacun, levant le bras, a suggéré une solution: « acheter en vrac » ou « des jouets en bois », « ne plus utiliser des couverts en plastique », …
Sérieux et sans crainte, les enfants ont raconté leurs expériences des violences et du harcèlement. Certains ont évoqué une camarade d’école que « tout le monde harcèle en disant qu’elle sent mauvais », ou une jeune de 15 ans qui s’est suicidée après avoir été harcelée « sans rien dire à personne ».
« Quand on est ensemble contre une seule personne, on est vite très bête. A tous les âges de la vie », a répondu le chef de l’Etat. « L’important c’est d’en parler. Il ne faut pas que la personne qui en est la victime ait honte. »
Marius, assis au dernier rang, lui a demandé pourquoi certains métiers difficiles étaient moins bien payés que d’autres, pourtant moins pénibles. « Un joueur de foot gagne beaucoup mieux sa vie qu’une infirmière ou un chauffeur de camion », a reconnu Emmanuel Macron pour qui parfois les écarts sont « inexplicables ».
Après deux heures environ de débat, le chef de l’Etat a conclu: « Merci de réfléchir à tous ces sujets » car « c’est vous qui allez vivre comme adultes » les choix qui vont être faits.
Les enfants ont été visiblement ravis de l’échange, qu’ils n’ont eu que deux jours pour préparer, n’ayant été avertis que mardi. « Je suis super content car on ne voit pas tout le temps un président de la République ici », a réagi Nicolas, un petit blond de 5e. « Je n’ai pas tout compris mais (…) il était proche de nous, simple », a renchéri Alexandre, en 4e.
Le chef de l’Etat retrouve des adultes vendredi pour un nouveau débat avec les élus des Hauts-de-France, invités à l’Elysée.
AFP