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Affaire « polygamie du président Bassirou Diomaye Faye »: Pourquoi les médias français n’ont aucune leçon de morale à donner au peuple sénégalais

La brillante élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal, continue de faire des vagues. Au plan politique, on s’interroge toujours sur la modulation de la politique extérieure du Sénégal, la composition de la nouvelle équipe gouvernementale mais également, on se pose la question de savoir si les nouveaux dirigeants du Sénégal vont opérer une rupture par rapport à la gouvernance de Macky Sall, ou tout au contraire, continuer dans le même sens que le président sortant.

Dans leur compte-rendu de ce qui peut être considéré comme un séisme dans le microcosme politique ouest africain, la chaîne de télévision française « France 24 » et le journal «  Le Parisien », ont fait une incursion dans la vie privée du nouveau président sénégalais, mettant en exergue, sa situation matrimoniale de polygame. Celui-ci a épousé en premières noces, Marie Khoné, une chrétienne avec laquelle il a quatre enfants, en secondes noces, il a épousé Absa Faye qui est de confession musulmane.

Cette situation, à en croire France24 et Le Parisien, divise les Sénégalaises. Nombre d’entre elles se disent contre cette pratique qu’elles jugent injuste à leur égard. Ce fut l’occasion pour les deux éléments de la presse française, de rappeler subtilement et de façon subliminale que la Commission des droits de l’Homme a jugé dans un rapport en 2022, que la polygamie constitue une discrimination vis-à-vis des femmes, qui doit être éradiquée.

En lisant les déclarations prêtées aux femmes sénégalaises, et surtout en lisant entre les lignes, on se rend compte que cette situation de polygamie au sommet du pouvoir sénégalais, et la polygamie de façon générale, heurtent la sensibilité de nombreux occidentaux. La polygamie est en revanche, entrée dans les mœurs de nombreuses sociétés africaines depuis la nuit des temps, et beaucoup de personnes s’en sont accommodée.

L’homosexualité au sommet du pouvoir français mais…

32,5% des Sénégalais mariés, vivent en union polygame. Ce pourcentage est en-deçà de la réalité, car de nombreux mariages polygames, ne sont pas enregistrés. Cette situation inédite au sommet du pouvoir sénégalais, a de quoi surprendre les journalistes français. Ceci ne fait pas partie de leur culture, et ils ne peuvent que s’en émouvoir.

De même qu’aujourd’hui, il règne au sommet du pouvoir français, une situation qui n’émeut pas les Français, mais qui heurte la sensibilité de nombreuses personnes à travers le monde (cf. l’interview de Piotr Tolstoï, Vice-président de la Douma Russe), et surtout les Africains. Ce n’est un secret pour personne, le locataire de Matignon, le premier ministre français, Gabriel Attal est un homosexuel qui ne le cache pas et qui s’assume.

Mais personne, encore moins, un Africain, ne s’en plaindra et ne s’érigera en donneur de leçons. Pourtant dans de nombreuses cultures à travers le monde, l’homosexualité n’est pas admise et même considérée comme une abomination. Et voir le premier ministre d’une grande puissance clamer son homosexualité,  est incompréhensible pour de nombreuses personnes.

Mais du fait du droit à la différence, personne ne s’en prend à l’exécutif français, et personne ne s’érige en donneur de leçons de morale. Personne ne fait non plus « l’étranger qui pleure plus fort que la famille du défunt ». Si cette situation ne gêne outre mesure les Français, quoi que cela soit du « Didiga », l’art de l’impensable ailleurs, nul ne peut se plaindre à leur place.

Entre polygamie et homosexualité, que choisir ?

Cependant, il serait décent que les Français, surtout les journalistes sachent raison garder et respecter la culture des autres. Le message subliminal qui transparait dans leurs différents comptes-rendus, n’est pas difficile à décrypter et ne trompe personne.

Comme on le voit, ces occidentaux peuvent bien accepter et promouvoir, le fait qu’un homme copule avec un autre, au nom de la liberté et des droits de l’Homme, mais s’offusquer, s’indigner et condamner qu’un homme épouse deux femmes. Si la culture occidentale permet que des personnes de même sexe se marient, ce mariage est une abomination intolérable dans d’autres cultures, tout comme l’est la polygamie chez eux.

Il ne s’agit donc pas de juger, mais de respecter les croyances et les valeurs des uns et des autres. Aucune valeur n’est au-dessus d’une autre. Ainsi, si la polygamie « trône » au sommet du pouvoir sénégalais, l’homosexualité a élu domicile au sommet du pouvoir français… Entre polygamie et homosexualité, que choisir ? Ainsi va le monde. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA 

Analyste politique

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