Dans la perspective d’une grande tournée en 2026, Hamadoun Bocoum dit Afel s’est entouré de nouveaux instrumentistes. Ce qui découle de son ambition de s’imposer davantage dans le showbiz mondial.
Canaliser l’esprit du fleuve Niger et faire découvrir davantage la diversité du profond patrimoine musical du nord du Mali ! Telle est l’ambition qui a guidé l’artiste Hamadoun Bocoum dit Afel en s’entourant de nouveaux instrumentistes en vue d’une tournée mondiale en 2026. En effet, le prodige de Niafunké a été rejoint par Ali Bounaly Traoré à la guitare solo et Mahalmadane Bountel Traoré à la calebasse pour constituer une nouvelle formation. Neveux et protégé de feu Ali Farka Touré, Afel est réputé être un défenseur de la musique conçue comme «force d’unité, de dialogue et de préservation de la culture». Et, selon un critique, «ce nouveau groupe poursuit cet héritage» en cherchant à offrir de «la musique ancrée dans la tradition, mais ouverte au présent et à l’avenir».
Ce qui témoigne également du rôle durable de la musique en tant que «colle sociale du Mali» et de la ferme conviction d’Afel que, en temps de défis, «nous devons continuer à écouter, à créer et à nous rencontrer les uns les autres à cœur ouvert». La tournée envisagée en 2026 va sans doute booster «Lindé», le dernier album de l’héritier du grand bluesman Ali Farka Touré sorti officiellement le 4 septembre 2020.
Ce très dansant opus est une invitation à un voyage de découverte le long du fleuve Niger dans un vol presque spécial de l’artiste (Avion est le titre phare de l’album). Une œuvre qui est venue enrichir sa discographie après «Alkibar» (1999) et «Niger» (2006). Il y a eu, entre ces deux œuvres, «Musique du Mali» (Mali Music) avec d’autres artistes en 2002. Le «Messager du grand fleuve» (Niger) a mis 14 ans avant de signer ce retour (solo) fracassant dans les bacs. Et ce n’est pas faute d’inspiration. «J’ai attendu tout ce temps parce que j’ai manqué d’espace. Au nord, il était pratiquement impossible de faire de la musique. Même pour se regrouper, ce n’était pas chose aisée. Maintenant, les choses commencent à bouger…», a confié à la presse Hamadoun dit Afel Bocoum à la sortie de l’album.
Lauréat des «Aga Khan Music Awards 2022», Afel Bocoum a vu le jour en 1955 à Niafunké. À 13 ans, il a rejoint son oncle Ali Farka Touré au sein du groupe Asco. Il quitte le groupe en 1978, mais poursuit sa collaboration avec Ali Farka Touré pendant une trentaine d’années. Dans les années 80, Afel a formé son propre groupe, «Alkibar» ou «Messager du grand fleuve» (fleuve Niger) en sonrhaï. Avec un style que les critiques qualifient de «Songhaï blues», «Désert Blues» ou «Mali Blues», Afel utilise généralement des instruments traditionnels comme la njarka (violon monocorde), le njurkel (guitare à deux cordes) et la calebasse accompagnés par la guitare acoustique dans des chansons qui évoquent l’évolution de la société malienne, la reconnaissance des droits des femmes, les mariages forcés, le respect…
Artiste talentueux, musicien confirmé, Afel porte sur les épaules la lourde responsabilité et l’exaltante mission de perpétuer l’œuvre gigantesque d’Ali Farka Touré (arraché à l’affection des siens et des mélomanes le 7 mars 2006), de porter haut le flambeau pour qu’il ne s’éteigne jamais !
Moussa Bolly
Source: Le Matin