Les syndicats des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation sont passés à la vitesse supérieure. Après avoir observé un arrêt de travail de 15 jours, ils ont entamé hier une grève illimitée pour la satisfaction de leurs doléances. En attendant qu’un compromis soit trouvé avec le gouvernement, notre équipe de reportage a fait un tour dans certaines structures dans la capitale pour constater l’effectivité de ce débrayage. Il était environ midi quand nous sommes arrivés à la mairie de la Commune IV du District de Bamako. Ici, plusieurs bureaux étaient fermés. Et les rares qui étaient ouverts, n’assuraient pas en réalité de service. Ce, malgré l’assurance donnée par le secrétaire général de la mairie, Aboubacar Bougoudogo, sur le respect du service minimum.
Daouda Minta venait d’apprendre que les agents municipaux sont en grève. Ce chef de famille, qui ignorait la situation particulière, était venu faire la demande d’établissement de l’acte de naissance de ses enfants. «Je suis venu pour faire le dépôt, mais on m’a fait savoir qu’ils sont en grève.
Donc, je suis obligé de rentrer à la maison», a regretté le trentenaire. Toutefois, Daouda Minta confie comprendre les grévistes qui sont, selon lui, dans leur droit de revendiquer. Notre interlocuteur a, par ailleurs, exhorté les autorités à trouver un terrain d’entente avec les syndicats afin que les agents reprennent rapidement le travail pour le bonheur des populations. Ramata Kouyaté, elle aussi, est retournée sans être servie. La jeune dame s’était rendue à la mairie pour récupérer son certificat de mariage. «Je suis venue vendredi dernier, on m’a dit de repasser aujourd’hui, hélas !», a-t-elle pesté, visiblement déçue.
Pendant ce temps, une assemblée générale d’information sur les négociations et la conduite à tenir se tenait dans les locaux de la municipalité. Le secrétaire général du comité syndical de la mairie de la Commune IV, par ailleurs secrétaire à l’information du Syntract (Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales), a expliqué que sur les 11 points de revendication, trois ont fait l’objet d’accord partiel.
Il s’agit, a détaillé Abidina Karembé, de la relecture du cadre organique des services relevant du ministère de l’Administration territoriale pour permettre aux fonctionnaires des collectivités territoriales de travailler dans ces départements. S’y ajoutent la sécurisation des administrateurs civils sur toute l’étendue du territoire notamment en leur affectant des gardes rapprochés et des agents de sécurité au niveau de leur domicile, et la prorogation du paiement des travailleurs des Agences de développement régional (ADR) à travers leurs accords d’établissement.
«Ce sont ces trois points qui ont fait l’objet d’accord partiel, sous réserve des observations», s’est réjoui notre interlocuteur. Les autres points de revendication (huit au total) n’ont pas fait l’objet d’accord, a-t-il déploré. À ce propos, Abidina Karembé a estimé que les autorités doivent faire des propositions, dénonçant le fait qu’il n’y en a eu aucune. Ce qui a motivé, selon lui, le maintien de ce débrayage en cours.
Contrairement à la mairie de la Commune IV, le service minimum était assuré dans celle de la Commune III. À notre passage, les usagers faisaient la queue devant les bureaux. Moussa Doucouré a pu se procurer de sa copie d’acte de mariage. Selon lui, la période de transition n’est pas propice aux revendications corporatistes. Pour un autre usager, ce débrayage pourra pénaliser les jeunes dans la constitution des dossiers pour les concours à venir. Cependant, dans cette municipalité, certains bureaux n’étaient pas ouverts, en l’occurrence celui du recensement. Aussi, la commission chargée de réviser les listes électorales n’y siégeait pas.
Parmi les points de désaccord, figurent les primes et indemnités des administrateurs civils, la prise en charge du salaire des travailleurs des collectivités territoriales par l’État comme ceux de l’éducation et de la santé, l’application de l’accord d’établissement des ADR. D’après le responsable syndical, ce sont des points extrêmement importants pour les travailleurs de l’administration territoriale.
Bembablin DOUMBIA
Source: L’Essor- Mali