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ADEMA ASSOCIATION : Propositions pour une sortie de crise

Le Comité directeur de l’Adéma –Association, après analyse des incidents qui ont marqué les élections municipales et législatives partielles et la recrudescence de l’insécurité dans le Centre du Mali, a entrepris une réflexion sur la préparation et la mise en œuvre du processus électoral des élections générales de 2018.

Dans l’optique d’atteindre les objectifs qu’il s’était assignés, le Comité directeur de l’alliance pour la démocratie au Mali a organisé une Table Ronde le 12 juin 2018 pour convenir d’une unité d’actions des forces vives de la nation qui puisse décider du présent et de l’avenir politique de notre pays par nous-mêmes sans une imposition de solutions venant de l’extérieur.
La table ronde a regroupé des représentants de plusieurs partis politiques, des pouvoirs publics, ceux de la DGE de la Céni, ainsi que de la société civile.
A la suite de la Table Ronde le Comité Directeur de l’Alliance pour la Démocratie au Mali a fait publier par la presse une déclaration le 23 juillet 2018 sur les « menaces qui pèsent sur le processus électoral ».
Le Comité Directeur à travers cette déclaration a invité le président de la République, candidat à sa propre élection, le Premier ministre, les citoyennes et citoyens maliens démocrates républicains, la communauté africaine et internationale à s’investir fortement et avec diligence pour préserver les acquis démocratiques du peuple malien.
L’Alliance pour la Démocratie au Mali a mis l’accent sur des préoccupations importantes dont : La tenue dans les délais constitutionnels d’élections libres transparentes et crédibles, sur toute l’étendue du territoire national; La prise en compte du contexte sécuritaire déterminant la réussite des élections inclusives sur l’ensemble du territoire, baromètre très significatif ; La nécessité d’une sécurité intégrée de toutes les forces en présence : Barkhan-Minusma, G5 sahel et les forces armées et de sécurité du Mali (FAMAS) ; L’affaiblissement de l’Etat du fait de l’absence de ses représentants dans de nombreuses circonscriptions ; la disponibilité des ressources humaines capables de gérer tout le processus électoral, logistique, matériel et documents et agents électoraux ; la question de l’opérationnalité des administrateurs nouvellement mutés dans les circonscriptions ; la situation sécuritaire très préoccupante dans la plupart des localités occupées par les groupes armés et terroristes dits djihadistes aggravée par l’escalade des affrontements entre Communautés entretenus par les amalgames « Peulhs et djihadistes », « dogons et donzos » dans le Centre du pays ; les inquiétudes découlant des prises de positions incertaines voire fluctuantes de certains groupes armés qui exercent le pouvoir à la place des représentants légaux de l’Etat dans les zones occupées ; la crainte de la réédition des incidents graves survenus lors des élections locales en novembre 2016 qui ont privé des citoyens de certaines communes de leur droit de vote.
La question du traitement très inéquitable de l’information au niveau des médias publics (notamment la couverture médiatique des activités politiques)
La où les stratégies pour « sauver le Mali » d’une éventuelle crise post-électorale et pour la préservation de l’intégrité territoriale ?
En conclusion de la table ronde, l’Alliance pour la Démocratie constate que :
Les acteurs politiques de la majorité présidentielle comme de l’opposition ont tous décidé d’aller aux élections soit pour rester au pouvoir soit pour y accéder et refusent d’envisager l’éventualité d’une crise pré, per et post électorale;
La sécurité n’ayant pas été assurée sur l’ensemble du territoire, les conditions d’inclusivité ne sont pas réunies. Des dizaines de milliers de Maliens sont ainsi privés de leur droit de vote ;
La mutation tardive des Préfets et Sous-Préfets n’a pas permis aux administrateurs de bien maîtriser leur rôle dans les opérations électorales;
Le contexte politique et social est caractérisé par une crispation entre les acteurs susceptible de polluer le climat de la campagne électorale ;
Les modifications apportées à la loi électorale ne suffisent pas, pour empêcher la fraude électorale.
C’est au regard tout ce qui précède que le Comité Directeur de l’Alliance pour la démocratie au Mali a exprimé une vive inquiétude quant à la possibilité d’une crise post-électorale, qu’aucun Malien et ami du Mali ne souhaite évidemment.

La question des procurations
Nous notons que c’est lors de la campagne du 1er tour, que de vives contestations ont porté sur une décision de l’administration relative aux procurations. Cette décision prise suite aux conclusions d’une consultation de la Cour constitutionnelle en violation flagrante de la loi qui crée et organise la Cour constitutionnelle, a dû être annulée par le gouvernement le 28 juillet, moins de 24h avant le premier tour. Le coup était parti et le mal était déjà fait. Alimentant, ou validant une autre source de suspicion de fraude. Quel est le nombre de procurations utilisées ? Question sans réponse du MATD.
La question des assesseurs a suscité une autre tension entre les 2 tours : le MATD privilégiant cette fois ci la lettre à l’esprit de la Loi : Là encore, il a fallu revenir sur la décision, mais juste la veille de l’élection privant ainsi le candidat Soumaila Cissé d’assesseurs dans de nombreux bureaux de vote.
Le non-respect du devoir de réserve : par l’implication des ministres et hauts responsables dans la campagne du président sortant. Des chefs de services, des Directeurs généraux et responsables d’organisation professionnelles ont sans état d’âme, organisé des activités de soutien au président sortant, activités financées bien sûr par les ressources publiques. Cela, malgré les protestations des autres candidats. Considérant le poids économique de certaines sociétés et entreprises, telles la CMDT et l’Office du Niger et leur forte influence sur les populations de leur zones d’intervention, cela s’assimile à de l’achat de conscience.
Quant aux ministres, rares sont ceux qui n’ont pas crée leur club de soutien et mené campagne tambours battant avec les moyens de l’Etat. Faisant allégrement fi de l’esprit républicain et de la transparence qui doivent prévaloir dans la conduite de leur charge de ministre de la République. L’implication du ministre en charge de l’organisation des élections a particulièrement retenu l’attention et alerté sur la remise en cause du principe de neutralité de l’administration.

Conclusion
Au sortir de ces élections, notre unité nationale est ébranlée et la cohésion sociale fortement entamée.
Si la tenue de l’élection du président à date échue, permet d’éviter un vide institutionnel, il n’en demeure pas moins qu’elle n’aboutit pas forcément et automatiquement à la prise en charge des questions et préoccupations essentielles des Maliens : la sécurité, le recouvrement de l’intégrité territoriale, le retour sur l’ensemble du territoire de l’administration dans tous ses démembrements ( police, justice, économique, éducation , santé etc. ), la libre circulation des biens et des personnes.
Nous ne croyons pas au « dialogue spectacle » : cérémonies officielles médiatisées avec accolades et poignées de main. Il faut beaucoup plus que des déclarations d’intention pour faire face à la crise de confiance si profonde qui s’est installée tout au long du processus.
Nous invitons ceux qui détiennent de fait le pouvoir d’Etat à prendre la pleine et juste mesure des contestations (à l’intérieur comme à l’extérieur au sein de la diaspora) et engager sans délai une concertation avec tous les protagonistes du processus électoral autour des conditions préalables à la tenue des prochaines élections législatives et au-delà de l’agenda électoral, à initier un véritable et sincère dialogue national autour des questions majeures pour la Nation. Toute stratégie basée sur le « laisser faire, laisser pourrir » ne ferait que conforter l’escalade et nous éloigner de l’apaisement et la stabilité que tous les Maliens et amis du Mali appellent de leurs vœux.
Quant à l’opposition démocratique et républicaine, nous espérons qu’elle continuera à exprimer son désaccord et sa colère de façon pacifique et par des moyens que nos lois autorisent et à rester ouverte aux propositions de concertations et de dialogue qui permettraient d’éviter le chaos à notre pays. L’Alliance pour la Démocratie au Mali reste persuadée que seule une union des forces vives comprenant la classe politique, la société civile pourra, dans un espace de dialogue et de propositions opérationnelles, venir au bout de la crise post électorale qui commence à secouer notre pays.
P/ le Comité Directeur
La Présidente
Mme Sy Kadiatou Sow

Les Echos

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