Il était environ 16 heures ce vendredi, lorsque Mohamed SaliaMaïga, Adama Diarra et Mme SyKadiatouSow ont fini de lire respectivement la résolution et les dix commandements du M5 RFP. Issa Kaou Djim, pourtant annoncé pour traduire uniquement en langue Bamanakan les interventions de ses prédécesseurs, fonce sur le pupitre pour inviter la foule à prendre d’assaut l’Assemblée nationale, la Primature et l’ORTM. « Kouma Bana, A yetaa… » (le discours est fini allez-y), instruit le coordinateur de la CMAS. Bonjour le spectacle!
Sur les premières images qui tournaient en boucle, on pouvait voir des responsables de ce mouvement, tels NouhounSarr, Ben le Cerveau, l’imam Diarra, se faire filmer en héros, en direct sur facebook, au premier rang des contestataires qui se dirigeaient vers l’Assemblée nationale et l’ORTM. Le spectacle tellement étrange avait l’air d’une téléréalité politico-révolutionnaire.
Un spectacle tout à fait différent des recommandations lues et répétées à satiété par l’ancienne ministre SyKadiatouSow. Elle n’a pas cessé de dire à la masse dressée au bas du monument de l’indépendance, à faire preuve de civilité et de citoyenneté vis-à-vis des édifices publics. D’ailleurs, sa lecture du document de la contestation sur fond de désobéissance civile était architecturée entre : ‘’Baro den Kuraw’’ ‘’Siraminè’’, ‘’Ponts minè’’ ‘’Mounoumounou’’, ‘’ Falenfalen’’, ‘’Kotè Tama‘’, ‘’Panne Banbali’’, ‘’Jo ka baro’’, ‘’Waribana’’ et ‘’Tabalé’’. Des termes et actions de protestation réfléchis, pacifiques et porteurs. Surtout lorsque, comme pour insister ou magnifier leur démarche pacifique, les leaders du M5-RFP n’ont pas manqué de mentionner en 1er point de leur document ceci : « N’entrons pas dans les bureaux et surtout ne détruisons ni document, ni meuble ». Comme si cela ne suffisait pas, ils ont indiqué en nota benêt de ne pas : « bloquer les résidences privées et protégeons les biens privés (stations-services, banques, services de téléphonie…) ».
En clair, de ce que les leaders du M5 RFP ont dénommé « les 10 commandements », il n’y avait aucun point qui fait mention de vandalisme, de saccage et même de prise d’assaut de la chaîne nationale de la radio et de la télévision.
Pourquoi Issa Kaou Djim a délibérément cité le nom de l’ORTM ?
La question vaut son pesant d’or, s’il s’avère bien que l’ORTM du début de ce mouvement à cette date fatidique du 10 juillet a fait preuve d’équité et de professionnalisme, malgré son statut de média public. La chaîne nationale, contre toute attente a même offert son plateau aux protagonistes du M5-RFP et de la CFR pour un débat démocratique. Ironie de l’histoire, le représentant du M5-RFP à ce débat à grande audience n’était autre que le même Issa Kaou Djim. Et ironie du sort, c’est ce même Issa Kaou Djim qui a appelé la foule à se diriger vers et à assiéger l’ORTM. Histoire de partager le chapeau de son forfait, le coordinateur de la CMAS, en haranguant la foule, a eu la malice de citer les noms des responsables du M5-RFP, derrière ce message. Seulement, ce qui parait curieux, relève du fait que dans ce lot, émergent deux anciens récents ministres de la Communication, porte-parole du Gouvernement. Lesquels, connaissent mieux que tout le monde les difficultés dans lesquelles se trouve l’ORTM aujourd’hui, pour assurer sa survie dans le paysage médiatique continental et même national. Malgré ces conditions précaires, les agents de l’ORTM n’ont pas de vie de famille, ils se lèvent avec les muézins et se couchent avec les noctambules. Ceux-ci, sans être sur un champ de bataille, méritent-ils de faire toute leur carrière, de façon quotidienne, la peur au ventre ?
En tout cas, à la charge de ces politicards du M5-RFP, l’histoire retiendra désormais que de par leur faute, sinon leur caution morale, des badauds ont mis aux arrêts la chaîne publique nationale, durant des heures, menacé ses agents, avant de saccager et brûler ses locaux.
En tout état de cause, contrairement à ce qu’on voulait faire croire, les Maliens sont fiers et solidaires de leur télévision nationale. En attestent, les nombreuses déclarations de condamnation et de soutien exprimées, depuis vendredi en faveur de l’ORTM. Comme disait un penseur, « calomnier la presse, c’est calomnier la liberté d’expression, attaquer la presse c’est attaquer la démocratie », le savent-ils ?
La Rédaction
Source: Journal le Sursaut-Mali