L’ancien Premier ministre Moussa Mara a été longuement entendu ce mercredi par la Chambre d’instruction de la Cour suprême du Mali. Pendant sept heures, il a répondu aux interrogations des magistrats avant de rentrer librement chez lui, confirmant son statut de témoin dans cette affaire qui continue de faire couler beaucoup d’encre.
Un témoignage très attendu
Bamada.net-L’affaire de l’achat du Boeing présidentiel, acquis entre 2013 et 2014 sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), refait surface avec l’audition de plusieurs hauts responsables de l’État de l’époque. Parmi eux, Moussa Mara, qui était ministre à l’époque de la transaction avant d’être nommé Premier ministre en avril 2014, soit au moment de l’arrivée de l’avion présidentiel à Bamako.
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« Lorsqu’on achetait l’avion présidentiel, j’étais ministre à l’époque, pas Premier ministre », a rappelé Moussa Mara, tentant de clarifier sa position sur cette affaire controversée.
En novembre 2024, lors d’un débat radiophonique à Bamako, il s’était déjà exprimé sur le sujet :
« C’est seulement lorsque l’avion arrivait que j’ai été nommé chef du gouvernement. Pour autant, si la justice souhaite m’entendre, je me tiens à sa disposition. »
La relance d’un dossier explosif
L’audition de Moussa Mara intervient alors que la justice malienne tente d’élucider plusieurs zones d’ombre autour du coût réel de l’acquisition de l’avion et les responsabilités des différents acteurs impliqués.
Officiellement, le gouvernement avait annoncé un montant de 18,5 milliards de francs CFA, tandis que Moussa Mara, dans sa déclaration de politique générale, avait avancé le chiffre de 20 milliards de francs CFA. Un rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG) avait ensuite révélé que l’avion aurait coûté environ 19 milliards de francs CFA, avec 1,4 milliard de francs CFA de commissions et autres frais versés à des intermédiaires proches du pouvoir.
L’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, est l’une des principales figures poursuivies dans cette affaire. Incarcérée depuis plus de trois ans, elle n’a toujours pas été jugée, le procès devant la session spéciale de la Cour d’assises ayant été ajourné entre juillet et octobre 2024.
Des auditions en cascade
La comparution de Moussa Mara s’inscrit dans une série d’auditions menées par la Cour suprême, suite à une requête des avocats de la défense. Avant lui, son prédécesseur Oumar Tatam Ly et l’ancien ministre du Budget avaient été entendus. L’objectif de ces auditions est d’éclaircir les responsabilités des différents acteurs dans ce marché controversé, marqué par des accusations de « détournements, d’escroquerie, de faux et de favoritisme ».
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Lors d’un premier procès tenu en septembre 2024, les accusés avaient nié en bloc toutes les charges retenues contre eux et exigé que d’anciens Premiers ministres soient appelés à la barre afin de témoigner sur les conditions réelles de l’achat de l’appareil.
Un ancien Premier ministre prudent dans sa communication
Sur sa page Meta, Moussa Mara a publié un message de remerciement à ses proches et à ceux qui lui ont témoigné leur soutien :
« Je sors après avoir fourni toutes les informations et connaissances relatives au dossier en question. »
Toutefois, il a soigneusement évité de dévoiler des détails sur la nature exacte des questions qui lui ont été posées ni sur les informations transmises à la justice.
Quel avenir pour l’affaire du Boeing présidentiel ?
L’audition de Moussa Mara confirme la volonté des autorités judiciaires de faire la lumière sur ce scandale financier qui a suscité de nombreuses controverses. Reste à savoir si ces témoignages permettront d’avancer vers un procès en bonne et due forme et si la justice malienne parviendra à faire toute la transparence sur cette affaire.
En attendant, les Maliens suivent avec intérêt cette procédure judiciaire qui pourrait révéler de nouveaux éléments sur la gestion des finances publiques sous l’ancien régime.
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MLS
Source: Bamada.net
