Egypte, Arabie saoudite, Bahreïn et Emirats arabes unis cessent leurs relations avec le Qatar.
Des relations diplomatiques rompues, mais aussi des frontières maritimes, terrestres et aériennes fermées. Le Qatar se retrouve en partie isolé ce lundi alors que plusieurs pays ont décidé d’arrêter leurs relations avec lui. Ils l’accusent de financer le terrorisme. Egypte, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn et Yémen cessent de collaborer avec le Qatar et l’accusent notamment de soutenir la nébuleuse Al-Qaïda, le groupe de l’Etat islamique (EI) ainsi que la confrérie des Frères musulmans.
Le Qatar, qui se targue de jouer un rôle régional et d’avoir été choisi pour organiser le Mondial 2022 de football, a également été exclu de la coalition militaire arabe qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen. Ce pays dénonce le Qatar pour «ses exactions, ses liens avec les milices des comploteurs (rebelles Houthis) et son soutien aux groupes extrémistes», en l’occurence Al-Qaïda et l’EI, fortement implantés au Yémen.
Il s’agit de la crise la plus grave depuis la création, en 1981, du Conseil de coopération du Golfe (le CCG, constitué de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Koweït, d’Oman et du Qatar).
L’accès au Qatar devient plus compliqué
Outre la rupture des relations diplomatiques, l’Arabie ferme ses frontières terrestres, aériennes et maritimes pour «protéger sa sécurité nationale des dangers du terrorisme et de l’extrémisme». «L’Arabie saoudite a pris cette mesure décisive en raison des sérieux abus des autorités de Doha (NDLR : la capitale du Qatar) tout au long des dernières années (…) pour inciter à la désobéissance et nuire à sa souveraineté», a déclaré un responsable saoudien. «Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région», a-t-il accusé. Selon lui, Doha soutient aussi «les activités de groupes terroristes soutenus par l’Iran dans la province de Qatif», où se concentre la minorité chiite du royaume saoudien (qui est à majorité sunnite), ainsi qu’à Bahreïn, secoué depuis plusieurs années par des troubles animés par la majorité chiite de ce pays.
L’Egypte ferme également ses frontières aériennes et maritimes comme les Emirats et Bahreïn. Etihad Airways, compagnie aérienne des Emirats, suspend dès mardi tous ses vols vers et en provenance du Qatar. Comme le montre cette carte relayée par une journaliste du quotidien arabe «Al Hayat», la route pour accéder et sortir du Qatar depuis et en direction de la Méditerranée se complique.
Ces mesures sont «injustifiées» et «sans fondement», a réagi le ministère des Affaires étrangères du Qatar dans un communiqué. Elles ont été prises «en coordination avec l’Egypte» et ont un «objectif clair : placer l’Etat (du Qatar) sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté» et est «totalement inacceptable», a-t-il ajouté. Exprimant «son profond regret et sa surprise», le ministère qatari a dénoncé «une campagne hostile, fondée sur des mensonges (…) témoignant d’une préméditation à nuire à l’Etat» du Qatar.
Rex Tillerson, le secrétaire d’Etat, l’équivalent américain du ministre des Affaires étrangères, appelle ce lundi les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences et à rester unis. «Si nous avons un rôle à jouer pour les aider à affronter (leurs différends), nous pensons qu’il est important que le CCG reste uni», a-t-il déclaré. Il ne considère pas que cette crise puisse avoir «un impact significatif sur le combat uni contre le terrorisme dans la région et dans le monde».
Le président américain, Donald Trump, s’est rendu en Arabie il y a deux semaines. Lors de ce premier déplacement à l’étranger, il a signé un accord sur «une vision stratégique» pour renforcer les relations économiques et de défense entre le royaume saoudien et les Etats-Unis. Dans un discours le 21 mai à Ryad, la capitale saoudienne, devant des dirigeants du monde musulman, il a appelé à «chasser» les extrémistes et «les terroristes», en référence aux groupes djihadistes, auteurs d’attaques dans plusieurs pays. Il a aussi demandé à la communauté internationale «d’isoler» l’Iran.
Un vrai-faux piratage à l’origine de la crise
Cette crise survient alors que les autorités du Qatar ont affirmé la semaine dernière avoir été victimes de pirates ayant publié sur le site Internet de l’agence de presse officielle QNA de faux propos attribués à l’émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Ces paroles controversées rompent avec le consensus régional sur plusieurs sujets sensibles, notamment l’Iran, vu comme un allié stratégique alors qu’il vient d’être accusé par l’Arabie saoudite d’être «le fer de lance du terrorisme». Ils contiennent aussi des commentaires négatifs sur les relations entre l’administration de Donald Trump et le Qatar, pourtant un proche allié des Etats-Unis. Le Qatar s’est en outre plaint d’être victime d’une campagne hostile, notamment aux Etats-Unis, concernant son soutien présumé aux groupes islamistes.
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