Une délégation des membres du Conseil sécurité conduite par l’Ambassadeur français auprès des Nations-Unies séjourne, dans notre pays, à l’occasion d’une mini-tournée dans les pays du Sahel. Objectif de la visite à Bamako et à Mopti : se faire une idée de l’état de mise en œuvre de l’accord et surtout évaluer les avancées et besoins pour l’opérationnalisation de la force G5 Sahel en vue de pouvoir estimer la meilleure façon pour l’ONU d’aider la force G5.
La délégation onusienne a eu une séance de travail, hier jeudi, avec des membres du Gouvernement dans la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Par cet exercice, il s’agissait pour les deux parties d’avoir une vision partagée sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger ainsi que sur la menace terroriste et les trafics transfrontaliers dans le Sahel.
L’honneur est revenu d’abord du ministre des Affaires étrangères de souhaiter la bienvenue à cette importante délégation du Conseil, formée de la France, de l’Éthiopie et de l’Italie, qui malgré les contraintes de temps et les nombreuses crises à travers le monde a fait de déplacement du Mali pour appréhender la complexité du défi et mesurer l’engagement des États du sahel et plus particulièrement celui du Président IBK, président en exercice du G5 Sahel à trouver une solution à la crise. Il a également apprécié la démarche des membres du conseil qui vise à partager les difficultés, les contraintes et évaluer le chemin parcouru.
À la suite du chef de la diplomatie, le ministre de la Défense, Tienan COULIBALY, a fait un exposé succinct sur le processus de paix en cours dans notre pays, les progrès réalisés ainsi que les difficultés dans sa mise en œuvre intégrante. Ce dernier n’a aussi pas manqué de faire part à la délégation les attentes des autorités et du peuple malien rapport à l’accompagnement de la communauté internationale dans l’instauration d’une paix durable et définitive dans notre pays.
Par rapport à la force du G5 Sahel, le ministre Tienan COULIBALY a rappelé que cette force était une volonté politique des cinq Chefs d’État du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad de lutter contre le terrorisme, le narcotrafic. Elle doit être composée avec des effectifs en personnel militaire et personnel de police pouvant aller jusqu’à 5 000 hommes, en vue de rétablir la paix et la sécurité dans la région du Sahel.
Selon le chronogramme déjà établi, le premier bataillon de la Force devrait être opérationnel dès la fin de ce mois, tandis que les premières opérations militaires entre les frontières du Burkina, du Mali et du Niger, qui constituent le triangle de la mort, devraient débuter le mois prochain.
Depuis, le G5 Sahel, divisé en trois « fuseaux » opérationnels (Est, Centre et Ouest) s’est doté d’un commandant en chef, le général Didier Dacko, ancien chef d’état-major général des armées maliennes. Le quartier général a été installé à Sévaré, au centre du Mali, pays considéré comme le principal théâtre d’opérations et source de déstabilisation de cette zone. Le seul souci pour l’instant, c’est la problématique de financement de cette force qui va monter en puissance après les premières opérations sur le terrain. D’où, le plaidoyer du ministre de la Défense pour un soutien accru du conseil de sécurité.
Pour sa part, l’Ambassadeur de France auprès du Conseil de sécurité a fait le lien entre la sécurité et le développement en rappelant à juste titre qu’il ne saurait y avoir une paix au Sahel sans une mise en œuvre totale et effective des dispositions de l’Accord pour la paix au Mali.
C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que les membres du conseil de sécurité de l’ONU ont adopté il y a quelques jours une importante déclaration dans laquelle ils se sont félicités de l’annonce par les groupes armés de la cessation des hostilités et de s’engager dans la mise en œuvre intégrante de l’accord. Aussi, ont-ils appelé le gouvernement et les groupes armés à adopter, sans délai, un chronogramme sur des actions concrètes. Avant de rappeler que la reprise des hostilités en violation de l’accord constitue des motifs de sanctions.
« Voilà le contexte dans lequel les membres du conseil ont décidé de faire le déplacement du Mali pour connaître l’analyse du gouvernent quant à l’état de la menace dans le Sahel, ensuite le point de l’état du déploiement de la force conjointe du G5 Sahel en termes de capacité opérationnelle, notamment l’état de mise en œuvre des premières opérations », a révélé François Delattre.
Aussi, la question à laquelle la délégation a souhaité avoir des réponses concerne l’analyse des besoins des pays du Sahel en termes de l’opérationnalité de cette force et le comment articuler les soutiens bilatéral et multilatéral.
Aussi, s’agit-il de connaître l’appréciation des autorités du pays des différentes options de soutiens onusiens tels que présentés par le rapport du Secrétaire général de l’ONU, ainsi que les recommandations dudit rapport visant à assurer une meilleure coordination au niveau régional sur la force conjointe et garantir le respect par cette force des standards en matière des droits internationaux humanitaires.
Outre cet intéressement à la force régionale, les membres du conseil de sécurité avaient également souci de l’état de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation dans notre pays.
Parlant spécifiquement de son pays, l’ambassadeur François Delattre a réaffirmé le soutien de la France aux États du sahel. C’est la raison pour laquelle la France a fait de la question du G5 Sahel une priorité pour son mandat à la présidence du Conseil de sécurité de ce mois d’octobre. Parce qu’ayant cette responsabilité politique et morale d’accompagner et d’apporter tout le soutien nécessaire à l’opérationnalisation de cette force à l’échelle régionale contre le terrorisme.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin