L’accord de défense entre le Mali et la France dont la signature est prévue le 20 janvier prochain divise déjà l’opinion nationale. La date du 20 janvier, aussi symbolique pour la souveraineté de notre pays depuis 1960 sous la présidence d’un certain Modibo Kéita, est retenue pour le signer !
A l’instar de beaucoup de Maliens, le parti politique Cnas Faso Hèrè de Soumana Sako se veut méfiant vis-à-vis d’un tel accord et l’a fait savoir à travers un communiqué dont voici la substance.
« Tout en renouvelant au peuple et au gouvernement français, et tout particulièrement au président François Hollande, l’expression de sa profonde gratitude pour leur intervention hautement salutaire dans le cadre de l’opération Serval, le bureau politique national de la Cnas-Faso Hèrè rappelle que le parti a toujours insisté sur l’impérieuse nécessité pour le gouvernement malien de conserver à tout prix le contrôle politique de toutes opérations militaires et de toutes autres actions ou activités nécessaires – y compris celles entreprises ou appuyées par la communauté internationale – pour la restauration complète de l’intégrité territoriale du Mali dans le cadre d’un Etat républicain, démocratique, unitaire, indivisible et laïc.
A cet égard, le BPN recommande fortement que tout accord de défense et de sécurité mentionne explicitement que le partenaire extérieur s’engage clairement à ne rien entreprendre, directement ou indirectement, qui soit susceptible de remettre en cause l’indivisibilité et le caractère unitaire de l’Etat malien. Au surplus, le partenaire doit s’engager à n’entraver d’aucune manière la volonté de l’Etat malien d’entreprendre, seul ou en coopération avec d’autres parties, toutes actions visant à restaurer l’intégrité territoriale du Mali face à toutes menaces internes ou externes ou à exploiter les ressources naturelles du Mali dans l’intérêt national de notre peuple tel que défini par les pouvoirs publics nationaux.
C’est au nom de ce même principe sacro saint que le BPN de la Cnas-Faso Hèrè insiste que tout accord de défense et de sécurité avec la République française fasse l’objet d’un débat parlementaire avant sa signature et ce, en conformité avec l’article 70 de la Constitution du 12 janvier 1992. Aussi, comme il l’avait déjà demandé le 29 juillet 2010, le BPN demande au gouvernement malien d’édifier l’Assemblée nationale sur les options fondamentales de notre diplomatie face aux enjeux géostratégiques de l’espace sahélo-saharien. En tout état de cause, la conclusion d’un accord de défense et de sécurité avec toute puissance étrangère – même avec le partenaire de longue date qu’est la France – doit s’inscrire dans une perspective stratégique qui le rende progressivement non indispensable à mesure que le Mali renforcera ses propres capacités de défense et de sécurité, autonomes ou en mutualisation régionale ou continentale.
En outre, précisément pour l’honneur même du Mali et de nos Forces armées et de sécurité, il serait hautement inconvenant qu’un éventuel accord de défense et de sécurité avec l’ex- puissance coloniale soit signé un 20 janvier.
Enfin, le BPN engage l’ensemble des forces démocratiques, patriotiques et progressistes à rester vigilantes et mobilisées pour la libération complète et sans condition de Kidal et pour la consolidation des efforts de sortie définitive de la crise que traverse notre pays depuis les évènements douloureux de 2012″.
Le MDAC rassure
Interrogé sur la question lors du Forum des directeurs de publication le samedi dernier au Centre Djoliba, le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a souligné que c’est un accord comme les autres qu’on a avec la France et les autres partenaires dans les domaines comme la santé, l’éducation…
Il a souhaité qu’on ne dramatise pas l’accord en question qui sera rendu public dès sa signature, prévue pour le 20 janvier prochain. Il sera signé entre les deux ministres de la Défense. Il s’agit de faire en sorte qu’il puisse avoir un cadre juridique dans la relation militaire entre les deux pays.
« Il n’y a rien d’attentatoire à la volonté d’indépendance du Mali. L’an passé, je n’étais pas là, mais il paraît que la France est intervenue suite à un coup de fil du président Dioncounda Traoré suivi d’une lettre. C’est parce qu’il n’y avait pas d’accord qui nous liait. Nous voulons formaliser tout ça ».