20 juin 2015-20 juin 2019 : il y a 4 ans, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita et les groupes rebelles paraphaient au CICB, l’Accord pour la paix issu du Processus d’Alger. L’espérance d’un lendemain apaisé a toutefois fait place à un immobilisme, voire une exacerbation de la fragilité du pays qui est tiraillé entre des forces contraires pourtant parties prenantes du processus. Quatre ans, c’est peu de temps mais c’est suffisant pour reconnaitre ce qui ne tourne pas rond dans l’accord.
En effet, si l’on peut se féliciter du fait que l’Accord d’Alger a instauré le dialogue entre les frères ennemis maliens qui, pendant longtemps, ont communiqué à coups de canons, et permis une plus grande mobilisation de la communauté internationale au chevet du Mali qui, à l’époque, avait tous les traits d’un malade grabataire, la réalité est que sur le terrain, la paix reste plus un mythe qu’une réalité. Et pour cause.
L’Accord est malmené par les signataires eux-mêmes qui semblent n’avoir qu’en partage la mauvaise foi et la procrastination maladive qui en résulte. En témoignent les nombreux rapports et rappels de la communauté internationale qui, parallèlement à la rencontre de Bamako, se réunit à New-York à l’effet d’envisager des sanctions contre les fauteurs de troubles au Mali. A cela s’ajoute le fait que Kidal reste toujours hors de la République.
Le plus difficile pour le Mali sera de surmonter cette tendance des groupes terroristes à mettre, volontairement ou non, les communautés dos à dos dans un contexte d’insécurité. Le challenge est particulièrement dur pour les forces de défense et de sécurité qui doivent trouver la meilleure façon de conduire le contreterrorisme partout à travers le pays sans être vexatoires pour les communautés.
Les exactions contre les communautés peule et dogon sont commises par des personnes ou des groupes de personnes non identifiables. Dans les cercles de Bankass, Koro et Bandiagara la situation est plus préoccupante qu’à Kidal. Il est à reconnaitre que pour la paix et la réconciliation au Mali, il y a beaucoup de défis à surmonter. Il y a des difficultés de réalisation au niveau des quatre volets de l’Accord que sont : les réformes politiques et institutionnelles ; la défense et la sécurité ; le développement économique social et culturel ; la réconciliation, la justice et les questions humanitaires.
Qu’est-ce qui ne marche pas ? Telle est la question que l’on pourrait se poser après un bilan aussi mitigé. La réalité est que la guerre dans le septentrion malien est une véritable industrie. En entretenant un climat permanent de violences pour empêcher l’Etat malien de jouer son rôle régalien de contrôle de son territoire, les groupes armés dont les liens avec les grandes katibas terroristes n’ont jamais été formellement démentis, se nourrissent des grands trafics de drogue et de contrebandes en tous genres.
Quant à l’Etat malien, il donne l’impression de se complaire du statu quo et de prendre du plaisir à se satisfaire de la manne financière que lui apporte la communauté internationale. L’attention des autorités de Bamako semble même avoir été progressivement détournée par les affrontements communautaires intervenus au centre du pays entre les Peuls et les Dogons, avec son cortège de morts au quotidien.
Cet Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger qui devrait permettre normalement une sortie de crise, n’en est pas encore une panacée sûre. Alors que faire maintenant !
Assi de Diapé
LE POINT DU MALI