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Accaparement massif de terres de culture à Kati: marche pacifique des victimes sur la préfecture

La Coordination locale des APM de Kati, qui regroupe plus de 45 villages, a organisé, hier jeudi, une marche pacifique pour soutenir les actions du ministre Mohamed Ali BATHILY en charge de l’Habitat, l’urbanisme et des affaires foncières, dans sa croisade contre les prédateurs fonciers.

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Au cours de cette marche, les manifestants ont revendiqué de vive voix la restitution de leurs terres spoliées avant d’exiger la libération immédiate de deux ressortissants de Diago qui croupissent à la Maison d’arrêt de Kati.

À l’appel de la coordination locale des Associations pour le Mali (APM), ils étaient plus de 3 000 manifestants, hier jeudi, dans les rues de la ville garnison de Kati à battre le pavé pour dénoncer ce qu’ils qualifient de passivité, voire la complicité des autorités administratives et judiciaires face à la « mafia » des prédateurs fonciers qui sévissent dans la localité en toute impunité.

L’itinéraire de la manifestation
La manifestation est partie du centre émetteur de l’ORTM, en passant par le camp Soundjata KEÏTA, la Préfecture de Kati, le Lycée Mamby SIDIBE, pour prendre fin devant l’hôtel de ville aux environs de midi.
Dans les rangs des manifestants, on notait la présence de plusieurs responsables de la coordination nationale des APM, notamment Sylvestre KAMISSOKO, Bakary BERETE, ainsi que le président de la coordination régionale de Koulikoro, Sékou BALLO.
Sur les différentes pancartes et banderoles brandies, tout le long de la procession, par des manifestants qui avançaient à des pas endiablés, on pouvait lire, entre autres : « Dehors spéculateurs fonciers sangsue dans le village de Diago » ; « Kati dit non à la spéculation foncière » ; « Clanabougou réclame vraiment ses terres, pas plus, pas moins » ; « Le regroupement des villages victimes de la spéculation foncière dans le cercle de Kati réclame ses terres spoliées, Trop C’est Trop » ; « Sirababougou Kô anka Dougoukolo, Abas les spéculateurs ».
De même, les manifestants sur plus de deux Km ont aussi scandé des slogans comme « Aw Ka Dugukolo » ; « On veut nos terres ».

Les motivations de la marche
Selon l’un des porte-parole des manifestants, Bakary NIARE, cette marche pacifique a été organisée par les populations de Kati dans le but de recouvrer leurs terres qui les ont été spoliées par des sociétés immobilières.
Aussi, a-t-il indiqué, ils ont écrit au ministre des Domaines qui, à l’issue d’une visite de terrain, a invité les victimes à suivre un certain nombre de démarches en vue de recouvrer leurs terres. Mais au bout de cette procédure, les terres ne sont pas toujours rendues aux ayants droit.
« Nous sommes fatigués, ce sont nos terres de culture. Par cette marche, nous voulons montrer que nous sommes peinés », s’est-il lamenté.
De son côté, le coordinateur des APM du cercle de Kati, Karounga CISSE, après avoir rappelé que le Mali est un pas à vocation agro-sylvo-pastorale, s’est indigné de voir que les paysans, premiers acteurs de l’agriculture, toujours spoliés de leurs terres.
Dans le scénario, a-t-il déploré, ce sont les pauvres populations qui sont dépossédées de leurs propriétés par les riches. Ce qui révolte davantage, selon M. CISSE, c’est que des terres de cultures qui sont spoliées et morcelées pour être vendues ou hypothéquées auprès des banques contre des prêts faramineux.
Dans ce contexte, a-t-il reconnu, le ministre des Domaines a fait de son mieux en dénonçant le fait que les titres fonciers, qui ont servi de base à la justice pour ordonner l’expulsion des paysans, sont établis en violation de la loi. Par conséquent, il a demandé l’annulation de ces TF que la justice refuse malheureusement d’acter.
De même, il a déploré l’arrestation de deux ressortissants de Diago sans sommation par la justice à la veille de l’hivernage.
Selon M. CISSE, ces genres de problèmes existent dans la plupart des villages des 37 communes du cercle de Kati.
« Nous ne voulons plus qu’un paysan soit mis en prison parce qu’il a réclamé ses terres », a-t-il prévenu.

La déclaration finale
Dans la déclaration lue par leur porte-parole, Drissa NIARE, les marcheurs expliquent les raisons de leurs déboires : « Considérant que les accaparements massifs de terres de culture au profit d’intérêts privés représentés notamment par Hamady Kindy BATHILY, Mohamed Ali Gagny LAH et les sociétés immobilières (Banga Immobilière, Ba Diallo SARL), qui ciblent des dizaines de milliers d’hectares à des fins bassement spéculatives, portent atteinte aux droits coutumiers et humains et privent les communautés locales et les paysans d’exercer les activités agricoles et pastorales nécessaires pour leur subsistance, voire leur survie ;
Considérant que les villageois sont privés de leurs terres de culture puis jetés en prison et privés de liberté de cultiver comme ils le souhaitent ; Considérant que ces accaparements aggravent les inégalités d’accès et de contrôle du foncier au détriment des paysans ».
Aussi, appellent-ils les autorités à prendre les mesures idoines pour que cessent immédiatement les accaparements fonciers massifs et que soient restituées les terres spoliées ci-après énumérées : « terrain de 1700 ha à Sirakoro Niaré, spolié par les sociétés : Banga Guetema, Sema –SA et autres ; terrain de 443 ha à N’Toubana, spolié par Hady NIANGADOU , PIMENT et autres ; terrain de 1200 ha à Diago spolié par Binta Diane SEMEGA ; terrain de 200 ha à Fanafiècoro ; terrain de 37 ha à Klanabougou spolié par Binta Diane SEMEGA ; terrain de 60 ha à Magnambougou spolié par Kolas NIANGADOU ; terrain de 60 ha à Gorodji ».
M. NIARE a également exigé au nom des marcheurs la libération immédiate de tous les paysans emprisonnés à tort pour la défense de leurs terres.
À la fin de la manifestation, une copie de la déclaration a été remise à l’adjoint au préfet de Kati, Mamadou KEÏTA, et au maire de commune urbaine de Kati, Yoro OUOLOGUEM. Ces deux autorités ont exprimé leur soutien aux victimes et se sont engagées à transmettre leur message à qui de droit.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

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