Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

A quoi les Mistral peuvent-ils servir à l’Egypte?

Les deux navires de guerre porte-hélicoptères non livrés à la Russie ont trouvé preneur. Le Caire va les acquérir pour muscler sa marine face à la dégradation de la situation dans la région.

bateau guerre combat mistral

L’affaire n’a pas duré. Le Parlement est encore en train d’examiner le texte permettant d’annuler définitivement la livraison à la Russie des deux Mistral que déjà l’Elysée annonce avoir trouvé un nouvel acquéreur : l’Egypte. Le pays du président Sissi, premier pays en dehors de la France à avoir acheté des Rafale, ainsi que des frégates multimissions, poursuit ses emplettes avec ces deux porte-hélicoptères ultramodernes.

L’intérêt du Caire était connu depuis cet été, mais les discussions achoppaient sur le prix, jugé trop élevé par la partie égyptienne. D’après l’entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, cité par l’AFP, le montant de la vente avoisinerait les 950 millions d’euros, soit la somme remboursée par Paris à la Russie. «La France assurera la livraison de ces bateaux sans rien perdre», s’est félicité François Hollande depuis Bruxelles, visiblement soulagé de se débarrasser de ce dossier gênant.

Un Mistral, à quoi ça sert ?

A tout, ou presque, selon l’amiral Coldefy, directeur de la revue Défense nationale. Construits par l’industriel français DCNS, ces gros bâtiments de guerre polyvalents – presque 200 mètres de long pour 32 de large – sont d’abord des porte-hélicoptères. Mais, observe Alain Coldefy, «les Mistral ont un spectre de missions très vaste» dont la «projection de forces de combat», la santé grâce à un hôpital embarqué et le commandement.

Dans son livre Envoyez les hélicos, le colonel Pierre Verborg raconte comment les Mistral ont été utilisés pendant la campagne de Libye en 2011. Stationnés au large des côtes, ils hébergeaient les hélicoptères de l’armée de terre qui détruisaient des objectifs sur le sol libyen, en première ligne et non en appui comme traditionnellement, avant de revenir apponter sur les navires.

Lors de l’opération Licorne, en Côte d’Ivoire, les Mistral avaient servi de poste de commandement, et au Liban, en 2006, de plateforme pour évacuer les ressortissants français.«Ce sont des navires ultramodernes, uniques» insiste l’amiral Coldefy.

A quoi serviront-ils en Egypte ?

Tout en retirant une belle épine du pied du gouvernement français, l’Egypte poursuit la modernisation de ses forces marines, déjà entamée avec l’acquisition, en janvier, de deux frégates multimission (FREMM). La première a été livrée en août, la seconde devrait suivre dans les semaines à venir.

«Il n’y a pas eu d’investissement massif dans la marine depuis dix ou quinze ans», relève Tewfik Aclimandos, professeur à l’université française d’Egypte. Or la situation s’est passablement dégradée dans la région. «L’Egypte est confrontée à de nouveaux défis sécuritaires qui demandent une capacité de projection ou de surveillance», poursuit Aclimandos citant la Libye, le Sinaï, mais aussi le canal de Suez et le golfe d’Aden.

Au Yémen, plus de dix pays participent à la coalition contre les rebelles houthis. «L’Egypte ne veut pas aller au sol au Yémen, mais ne veut pas non plus fâcher l’Arabie Saoudite»,commente le chercheur. «Avec ces navires, l’armée égyptienne disposera d’une base aérienne flottante», ajoute Alain Coldefy.

L’Egypte avait-elle besoin de ces navires ?

Tewfik Aclimandos est affirmatif : «A priori oui, l’armée égyptienne a besoin de ces porte-hélicoptères. L’Egypte n’est pas riche, elle n’achète pas des joujoux pour faire plaisir.»Pour intervenir en Libye, pays frontalier qui se déchire, les Mistral pourraient aussi être un atout. «La zone frontalière est encore minée, avance l’amiral Coldefy, l’Egypte a 2000 km de côte. Les Mistral constituent une prolongation stratégique, tant vers la Libye que vers le Sud.»

Le Caire pourra compter sur le soutien financier de riches Etats pétroliers de la région. «L’Egypte est aidée par les pays arabes en général, par les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite. Le montant exact de l’aide financière n’est pas connu», indique Tewfik Aclimandos.

Mais les besoins de la marine égyptienne ne se limitent pas à des bâtiments. Il faut aussi des équipages capables de les utiliser. Un volet formation était prévu dans le contrat Rafale, un autre doit figurer dans celui-ci, sur les Mistral. «Les pilotes doivent apprendre à se poser sur des plateformes qui bougent dans tous les sens», résume l’amiral Coldefy. Il faudra du temps, en plus des millions.

Pierre ALONSO

Source: Liberation

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance