La presse commente la participation africaine au Mondial 2018 de football. Le nouveau système électronique de perception de l’impôt en Tanzanie et le dégel en vue entre l’Ethiopie et l’Erythrée sont aussi au menu.
L’Ethiopie déstabilise davantage l’Erythrée avec la paix qu’avec la menace de guerre, constate la Neue Zürcher Zeitung. Le quotidien suisse de langue allemande se base sur la réaction plutôt agressive du président érythréen Issaias Afeworki à l’offre de paix du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Afeworki a décoché une salve de critiques contre la classe politique éthiopienne désireuse, selon lui, de saboter par tous les moyens les avancées positives enregistrées par son pays.
Au fond, pense le journal, la paix avec Addis Abeba rendra injustifiés l’état d’urgence permanent et la militarisation de l’Erythrée. Le discours présentant « l’ennemi éthiopien » et son occupation de la ville frontalière de Badme risque de perdre sa légitimité.
Des machines à percevoir l’impôt
L’Etat tanzanien a de quoi se réjouir. Des petits appareils électroniques sont mis sur marché pour récolter l’impôt. Grâce à l’appareil qui permet d’imprimer les quittances, l’Etat peut tracer les bénéfices engrangés par les sociétés et augmenter ainsi les recettes fiscales. Mais pas que. La police utilise aussi le même dispositif pour percevoir les amendes. Et ça marche !
Un bon exemple, selon la Neue Zürcher Zeitung, pour éviter la corruption et contourner les difficultés récurrentes en Afrique pour imposer le secteur informel. Un autre avantage : le gain du temps, perdu auparavant dans les longues queues au trésor. Le Kenya et le Malawi ont expérimenté le système avec succès. Le Ghana veut suivre l’exemple. Mais le journal temporise : le système de prélèvement électronique de l’impôt peut être trafiqué par quelqu’un qui veut cacher une transaction. Pour qu’une telle initiative connaisse un succès complet, il faut un changement des mentalités, recommande le journal.
Le joueur sénégalais M’Baye Niang marque le deuxième but contre la Pologne (19.06.18)
Les “lions” honorent l’Afrique
La Frankfurter Allgemeine Zeitung scrute la participation africaine au Mondial 2018 en Russie. Le journal constate que l’Afrique est oubliée du monde footballistique. Et cela s’est révélé durant le premier match du Sénégal contre la Pologne. Analysant le deuxième but sénégalais marqué par M’Baye Niang, la FAZ fait remarquer que ce joueur qui se faisait soigner hors du terrain a été autorisé à rejoindre le jeu. Mais les Polonais l’avait déjà oublié et se sont fait avoir lors d’une passe hasardeuse au gardien polonais. Une faille dans laquelle M’Baye Niang s’est engouffré jusqu’à envoyer la balle dans les buts vides.
La Frankfurter Allgemeine salue la prestation des lions de la Teranga comme étant une fierté pour toute l’Afrique. L’entraîneur Aliou Cissé incarne l’antithèse de cette habitude à recruter des vétérans européens à la tête des équipes africaines.
Le foot africain à la traîne
La Süddeutsche Zeitung en profite pour prendre le pouls du football africain, victime de son instabilité. Instabilité liée au limogeage fréquent d’entraîneurs, la plupart européens parce qu’ils n’arrivent pas à combler les trop nombreuses attentes. Instabilité liée aussi au recrutement précoce de joueurs africains par les équipes occidentales qui considèrent l’Afrique comme un réservoir.
Le journal prend l’exemple de l’équipe sénégalaise au Mondial 2018. Presque aucun des joueurs n’a évolué dans le championnat national. L’Afrique a de quoi développer son football. Partout on voit des enfants jouer dans la rue. Autant de talents, autant d’engouement. Et pourtant, jamais une équipe africaine n’a pu décrocher le titre de champion du monde, lit-on dans le journal qui relaie ainsi les propos d’Eric Cantona, ancien joueur français.
Deutsche Welle