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A PROPOS DU PROCES INTENTE PAR LA COUR : CONSTITUTIONNELLE CONTRE BOUBACAR YALKOUE Ils ont dit…

A l’occasion de l’ouverture, hier, du procès contre Boubacar Yalkoué, directeur de publication du quotidien Le Pays, intenté par la Cour constitutionnelle, nous avons recueilli les impressions de plusieurs personnes sur ce procès.

BASSIDIKI TOURE, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES EDITEURS DE LA PRESSE PRIVEE (ASSEP)

« Il est regrettable qu’on traine toujours les journalistes devant les tribunaux »

« Nous constatons, aujourd’hui, avec beaucoup d’amertume, que la liberté de la presse soit menacée car à chaque fois on traine les journalistes devant les tribunaux. Donc, nous sommes ici pour soutenir notre confrère Boubacar Yalkoué, et à travers lui la presse dans son ensemble. Nous allons défendre la liberté de presse. Je ne peux pas comprendre que ce pays, qui a beaucoup travaillé pour la liberté de la presse, avec plus 400 radios, 200 journaux, traine les journalistes dans les tribunaux au moment où on veut aller vers la dépénalisation des délits de presse. Ce qui veut dire que notre pays est en train de perdre petit à petit sa place. La situation de liberté de presse au Mali se dégrade de jour en jour. Avec ces interpellations infinies, je me demande à quelle place « Reporter sans frontières » va classer le Mali. »

DRAMANE ALIOU KONE, PRESIDENT DE LA MAISON DE LA PRESSE : L’intimidation ne nous empêchera pas de faire notre travail que nous faisons pour le Mali, pour les Maliens »

« Aujourd’hui, c’est le procès de consignation entre les membres de la Cour constitutionnelle et le directeur de publication du journal « Le Pays ». Nous sommes venus pour soutenir notre confrère Yalkoué. Ce qui nous a surpris dans ce procès, c’est le dispositif sécuritaire déployé. Pourquoi déployer à peu près 500 agents des forces de l’ordre pour seulement un procès, alors que les juges réclamaient lors de leur grève la sécurisation des tribunaux ? A cause de ce dispositif, des centaines d’individus ont été empêchés de faire leurs commissions au tribunal. On a même l’impression qu’ils veulent nous intimider. Ce que je voudrais dire, ce qui s’est passé ici ce matin n’est pas un bon signe. L’intimidation ne nous empêchera pas de faire notre travail que nous faisons pour le Mali, pour les Maliens »

ME DEMBA TRAORE, AVOCAT DE BOUBACAR YALKOUE : « Je suis avocat depuis 25 ans, mais je n’ai jamais vu un tel dispositif sécuritaire pour un procès »

Nous sommes venus défendre notre client, Boubacar Yalkoué, fondateur et directeur de publication du journal « Le Pays ». Le processus a commencé et le tribunal a demandé à la Cour constitutionnelle de payer 500 000 FCFA comme frais de consignation pour qu’on puisse entrer dans le fond le 13 décembre prochain. Donc d’ici le 13 décembre, si les plaignants ne paient pas ces frais, le procès ne se fera pas. Quand ils paient cette somme, les remarques que nous avons sur leur plainte, nous le feront ce jour-là. Les avocats de Madame Manassa Danioko et de ses conseillers ont proposé 50 000 FCFA mais nous, nous avons demandé 900.000.000 de francs. Voyez le dispositif sécuritaire ! Je suis avocat depuis 25 ans, mais je n’ai jamais vu de tel dispositif sécuritaire pour un procès. Ce dispositif ne se trouve pas à la Cour d’Appel où se passent actuellement les assises. La Cour doit payer pour les dépenses de ce dispositif sécuritaire. On dirait même que nous sommes en guerre en voyant ce dispositif. A cause de ce procès, ils ont empêché les gens d’avoir accès au tribunal. Si pour ce procès de consignation, ils ont déployé un tel dispositif sécuritaire, ce qui veut dire que le jour où il y aura le débat de fond, ils vont déployer toute l’armée ici au tribunal de la commune V. Je voudrais dire à Manassa qu’elle ne peut pas tout se permettre, la justice est là pour tout le monde. J’invite tout le monde à respecter la procédure ».

NOUHOUM TOGO, CHARGE A LA COMMUNICATION DU CHEF DE FILE DE L’OPPOSITION : « Nous voulons une presse libre et de qualité »

« Je suis satisfait au départ parce que je suis convaincu que l’histoire va retenir ce procès. C’est un grand jour à deux niveaux : la mobilisation monstre de la police, de la garde nationale et de la gendarmerie, du jamais vu même au niveau des assises ; et la détermination et l’engagement des journalistes pour soutenir leur confrère du journal « Le Pays ». Aujourd’hui, nous nous battons pour que la presse ne soit pas muselée. Nous voulons une presse libre et de qualité. Si la présidente de la Cour constitutionnelle est sûre de ne rien recevoir, pourquoi toutes ces propagandes lors de sa rencontre avec le CNJ ? Le combat pour lequel nous sommes là aujourd’hui est un combat de dignité. Je suis, particulièrement, très content de la solidarité entre les journalistes maliens. Il faut encourager cela ».

BENJAMIN SANGALA, SECRETAIRE GENERAL DE L’UNION NATIONALE DES JEUNES EDITEURS DE PRESSE (UNAJEP) : « Nous ne sommes ni des saccageurs ni des barbares mais des hommes et des femmes civilisés »

Nous sommes là pour demander la mobilisation et faire venir les journalistes pour soutenir notre confrère. Je suis très content parce que l’ensemble de la presse est venue. Je ne sais pas les raisons de tous ces agents des forces de l’ordre à ce procès. A mon avis, c’est du pipeau. On aurait pu laisser les gens venir librement suivre l’audience. Quand j’ai vu le dispositif sécuritaire, je me demandais si c’était une guerre contre la presse ou un combat pour faire taire la presse. Il faut que les autorités revoient cela. Nous ne sommes pas des saccageurs ni des barbares mais des hommes et des femmes civilisés ».

MOHAMED YOUSSOUF BATHILY ALIAS RAS BATH, CHRONIQUEUR ET PORTE-PAROLE DU CDR : « Que ce procès puisse être l’occasion de prouver l’importance du rôle des journalistes dans la démocratie, mais aussi dans le respect de la loi ».

« Nous sommes ici ce matin au tribunal de la commune V pour apporter notre soutien à notre confrère Boubacar Yalkoué et demander la dépénalisation des délits de presse. Il est aujourd’hui malheureux de constater que sous l’égide de quelqu’un qui se dit respectueux, soucieux de la démocratie, la liberté de presse soit menacée. Nous voulons aussi rappeler à la justice malienne qu’elle est une émanation de la volonté du peuple, qu’elle fonctionne avec notre argent, que les textes qui sont entre ses mains sont votés par notre volonté et que nous attendons d’eux d’être à la hauteur de la confiance placée en eux. Que ce procès puisse être l’occasion de prouver l’importance du rôle de journalistes dans la démocratie mais aussi dans le respect de la loi ».

HAMIDOU TOGO, DIRECTEUR DE PUBLICATION DU JOURNAL « LE HOGON » : « Pour nous, ce procès n’est pas contre un journal ou un directeur de publication, mais contre la liberté d’expression et de presse »

« Pour nous, ce procès n’est pas contre un journal ou un directeur de publication mais contre la liberté d’expression et de presse. Nous ne pouvons pas accepter, dans un pays dit démocratique, qu’on fasse atteinte à ces libertés. Nous sommes là pour défendre la liberté d’expression et la liberté de presse acquises chèrement depuis 1991. Le procès est renvoyé au 13 décembre, mais nous journalistes et tous les citoyens épris de justice, resterons mobilisés pour défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression. Nous serons mobilisés jusqu’à la fin de ce processus. J’en appelle à tous les journalistes et défenseurs de la démocratie de rester mobilisés pour la liberté d’expression. »

ABDOULAYE KONE, REDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL « LE PROCES-VERBAL » : « Restons sereins et gardons le calme »

« Pour moi, il est trop tôt de se prononcer sur le dossier en question car le jugement de fond est renvoyé au 13 décembre. Pour le moment, le tribunal a fixé à 500.000 Fcfa la consignation que la Cour constitutionnelle doit payer. Si elle ne paie ce montant avant le 13 décembre, sa requête ne sera pas reçue. Moi, je suis serein, je fais confiance en la justice malienne qui a tout le temps prouvé son indépendance. Donc nous ne faisons qu’espérer et faire confiance en cette justice qui ne nous a, en tout cas, pas pour le moment déçu. Je demande à mes autres confrères de rester sereins et d’attendre le 13 décembre, jour où le droit sera dit. Restons sereins et gardons le calme »

Rassemblés par Boureima Guindo

Source: Le Pays

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