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A la visite de la grande mosquée de Komoguel, à Mopti, dans le Centre du Mali

 Construite en terre battue, entre 1936 et 1943, dans le style soudanais, la mosquée de Komoguel est bâtie sur l’emplacement d’une première qui avait été construite en 1908. L’édifice est situé à l’entrée de la ville de Mopti, ”la Venise du Mali”, créée au 12e siècle par un pêcheur Bozo, du nom de Kifou Naciré.

 

De par son style architectural soudanais et les matériaux de sa construction, la grande mosquée de Mopti, communément appelée mosquée de Komoguel est considérée comme le modèle réduit de celle de Djenné, plus connue dans le monde.

Elle s’étend sur une superficie de près de 100m², mesurant 31 mètres de long sur 17 mètres de large et 15m de haut. Elle est composée de deux parties dont une première couverte et la seconde qui constitue la cour servant aussi d’espace de prière à l’air libre. L’édifice dont la toiture est portée par des piliers massifs alignés parallèlement au mur est entouré d’un mur d’enceinte d’une hauteur d’environ 2 m 30.

Inspirée du modèle de construction de la mosquée de Djenné, la mosquée Komoguel se différencie de celle-ci par la position et le décor du portail d’entrée. L’architecture de terre aux traits raffinés de l’édifice a eu une influence remarquable sur le style de construction de l’ensemble de son entourage donnant une certaine harmonie au quartier et à la ville.

Malgré la construction de multitudes de mosquées à Mopti, celle de Komoguel accueille le plus grand nombre de fidèles musulmans pendant les heures de prière, et, particulièrement, pendant la grande prière du vendredi. La prière du vendredi rassemble des milliers de fidèles qui arrivent à la mosquée par les rues et ruelles adjacentes, afin de communier dans la foi islamique.

Le monopole de l’imamat de la grande mosquée est détenu par de la famille Konaké.  L’imam actuel, Abou Mahamane Konaké dit ”Bouna”, âgé de 52 ans, est le benjamin des pères de la lignée. De la reconstruction de la mosquée à nos jours, huit imams ont dirigé la prière : Brahéma Bory Konaké 1856-1913 ; Diadjié Alkaly Konaké 1913-1952 ; Elhadj Sidi Konaké 1952-1972 ; Elhadj Malick Konaké 1972-1982 ; Abou Mahamane Konaké 1982-1983 ; Moctar Konaké 1983-2003 ; Yacouba Konaké 2003-2018 et Abou Mahamane Konaké dit ”Bouna” de 2018 à nos jours.

L’édifice religieux fait chaque année l’objet d’un entretien de crépissage appelé ”Gollè-missiri”. Cette activité est un évènement majeur dans la vie de la Cité. Elle exige la participation de toute la population, jeunes, femmes et vieux. C’est l’affaire de tout le monde. Des ressortissants installés dans d’autres villes font le déplacement pour y participer.

Le crépissage de la mosquée à lieu en période de décrue, entre le mois de mars et avril, parce que le banco utilisé à l’occasion est savamment préparé dans le lit du fleuve. Fait à partir d’un savant et délicat mélange de terre, d’eau avec du son de riz, du beurre de karité et de la poudre de baobab, cet enduit permet de protéger la mosquée des intempéries.

Cet évènement est, aussi, l’occasion de renouveler le sable à l’intérieur de la mosquée. Les travaux se déroulent dans une ambiance festive de chants religieux, de tam-tam, de cris de joie et de battement d’objets usés servant d’instruments d’animation.

Au fil des temps, le monument religieux a souffert d’un entassement de « banco » dû aux couches successives d’enduits lors des crépissages et une application inadéquate de revêtements en ciment,  en 1978, dans le souci d’éviter l’entretien annuel. Mais ce revêtement n’avait pas empêché l’eau de s’infiltrer entrainant une dégradation du bâtiment et ses toilettes et accès.

Ainsi, avec l’accompagnement de l’Etat, sur financement de la Fondation Aga Khan (AKF) et Aga Khan Foundation pour la culture (AKTC), la mosquée a été restauré entre octobre 2004 et juin 2006. Le travail a consisté en des activités de réparation de l’ouvrage mais, également en la formation de jeunes apprentis en maçonnerie, crépissage, menuiserie pour garantir des réparations et des travaux d’entretiens respectant les matériaux d’origine local (terre, paille et bois).

Comme toutes les autres mosquées, la grande mosquée de Komoguel à un caractère fédérateur. Au-delà des prières, elle accueille des cérémonies sociales, entre autres, les baptêmes et les mariages religieux. Ce qui fait de ce site cultuel un outil de maintien et de renforcement des liens sociaux.

Vu son importance, historique, architecturale, touristique, culturelle et son rôle  fédérateur, la mosquée de Komoguel a été inscrite par Décision N° 1593 /MC – SG du 14 octobre 2004, et classée sur la liste du patrimoine culturel national par Décret N° 05-480/P-RM du 4 novembre 2005.

”La mosquée de Komoguel est le seul bâti ancestral qui nous reste à Mopti aujourd’hui. En raison de son caractère de symbole de cohésion sociale et son expression du vivre-ensemble, nous devrons renforcer davantage notre union autour d’elle”, a expliqué l’imam Abou Mahamane Konaké  dit ”Bouna”.

Selon l’imam, certes, depuis un certain temps, l’Etat a pris en charge les charges d’électricité et un ancien député a installé une adduction d’eau, mais la mosquée à d’autres difficultés, « entre autres, l’absence de gardien, la faible capacité des toilettes entrainant un énorme besoin de vidange et de réparation interne ».

Pour le guide spirituel, l’Etat doit plus investir dans la protection des sites classés patrimoine national qui reçoivent des milliers de visiteurs (touristes, hautes personnalités nationales et internationales). « Cela, pour le bonheur des populations en générale et, en particulier, de la communauté musulmane », estime-t-il.

DC/MD

Source : (AMAP)

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