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A la Une: Ouagadougou, nouvelles révélations, nouvelles questions…

Quatre jours après les attaques, la justice burkinabè s’est enfin exprimée hier. « Maïza Sérémé, la procureur du Faso auprès du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, a en effet rencontré les journalistes pour dire ce qu’elle savait ou pouvait dire à l’étape actuelle des enquêtes », rapporte L’Observateur Paalga.

Principal élément nouveau relève le journal, « contrairement à ce qu’on a entendu ces derniers jours, aucun assaillant ne portait d’uniforme militaire. Les huit jeunes envoyés par Iyad Ag Ghali, qui a revendiqué les attentats, étaient en tenues civiles neuves, comme s’ils s’étaient sapés pour aller au bal de la mort. Ils avaient en outre dans leurs sacs ou ceints autour de leur tête des bandeaux où était inscrite la profession de foi en islam, que les musulmans appellent la Shahada : ‘Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son messager’. »

Alors, s’interroge L’Observateur, « d’où vient donc qu’on ait pu parler de militaires parmi les assaillants ? Si ça se trouve, la confusion a pu naître des huit personnes interpellées jusque-là, parmi lesquelles se trouvent deux militaires en activité et un autre radié. »

Zones d’ombre

« D’où sort-il, renchérit Aujourd’huique des témoins aient vu des hommes en tenue militaire burkinabè prendre d’assaut l’ambassade de France et le quartier général de l’armée burkinabè ? Est-il possible qu’ils les aient confondus avec des éléments des forces spéciales qui sont intervenues pour mettre fin à la furie des assaillants avec brio ? Y-a-t-il un lien avec les 400 tenues militaires volées en mars 2017 ? (…) Ensuite, comment ont-ils pu accéder à la porte de l’état-major général des armées et à y accéder avec un véhicule, (…) avec une telle facilité ! Qui leur a vendu la mèche qu’un cénacle se tenait sur la Force G5-Sahel ? (…) Ce n’est que le début des investigations, souligne Aujourd’hui, et sans doute pour les besoins de l’enquête, Maïza Sérémé n’a pas voulu déflorer certaines choses. Mais il reste qu’ultérieurement, les Burkinabè veulent être situés. Quid par exemple, des éventuels taupes et autre renégats qui auraient été d’intelligence avec les terroristes ? Au fait, quelles sont leurs nationalités ? Où ont-ils trouvé tous ces engins de guerre ? Bref, conclut le quotidien ouagalais, il faudra éclairer la lanterne des Burkinabè, pour que Radio-couloir ne continue pas de colporter des informations erronées, cause de psychose et de déstabilisation. »

Peur sur la ville

En attendant, un climat de psychose règne dans la capitale burkinabé… En effet, relève Wakat Séra, « dans l’attente, les populations angoissées continuent, à raison, de suspecter, qui le boutiquier d’une certaine couleur de peau, qui le collègue de bureau, qui encore le voisin de quartier au comportement ‘bizarre’. Vite la lumière, s’exclame Wakat Séraet que chaque Burkinabè, sans verser dans l’inquisition, soit un agent de renseignements, afin qu’une veille constante nous évite la tragédie du vendredi noir du 2 mars 2018. »

Réformer l’armée !

Qui plus est, il faut des mesures drastiques concernant l’armée, estime pour sa part Le Pays… « La première des solutions à envisager est de repenser de fond en comble l’armée, de manière à la hisser à un niveau où elle peut riposter comme il faut au nouveau péril. L’heure n’est plus aux mesures cosmétiques. Toutes les intelligences, et notre armée en regorge, poursuit Le Pays, doivent être mises en synergie pour anticiper les attaques terroristes et leur apporter une thérapie de cheval. A ce propos, on peut déjà envisager la délocalisation des enceintes militaires à des endroits où, en cas d’attaques terroristes, les effets collatéraux pourraient être minimisés. A cela, l’on peut ajouter la nécessaire coordination de tous les services de renseignement de la République. (…) L’autre levier à activer, pointe encore Le Pays, c’est celui de la discipline et de la cohésion de la Grande muette. Les différents régimes d’exception que le pays a connus ont eu raison de ces deux valeurs qui font la force de toute armée digne de ce nom. De ce fait, l’armée semble avoir perdu son âme et le sens de ses missions régaliennes. (…) Aujourd’hui, cette page doit être radicalement tournée, conclut Le Pays. Et sur la nouvelle page, l’on doit poser les bases d’une armée véritablement républicaine, c’est-à-dire une armée non pas au service d’un homme et de son clan, mais une institution forte et résolument tournée vers les intérêts supérieurs de la Nation. »

 

Par Frédéric Couteau – rfi.fr

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