C’est une position pour le moins ambigüe que la CMA, la Coordination des mouvements de l’Azawad, a prise hier à Kidal. A l’issue de plusieurs jours de concertation avec les populations du nord, la CMA affirme rejeter en l’état l’accord de paix d’Alger, « tout en se déclarant, pointe le site de Jeune Afrique, toujours ouverte au dialogue. Face à ce qui s’annonce comme un nouvel accroc dans le processus de paix malien, une équipe de médiation internationale se déplacera ce mardi à Kidal pour convaincre les groupes rebelles de signer ce préaccord d’Alger. »
« Ainsi, déplore le quotidien Le Républicain à Bamako, plus de deux semaines après le paraphe du document par le gouvernement malien et les groupes de la plateforme d’Alger, la CMA, qui avait demandé à consulter sa base, continue de se faire prier par la médiation qu’elle a demandé à rencontrer. (…) Malgré tout, la médiation algérienne se veut rassurante quant à la position des membres de la CMA, relève Le Républicain. ‘Ils vont annoncer ce mardi leur décision de parapher l’accord’, indiquent des sources proches de la médiation algérienne. Qu’en sera-t-il des réserves ? ‘La négociation est terminée, la décision de signer sera annoncée’, indique-t-on. Ainsi tout le dispositif de la médiation sera au grand complet à Kidal, ce mardi, de la Minusma à l’Union européenne, en passant par le Médiateur algérien. Mongi Hamdi (ONU), Richard Zink (Union européenne), Aboudou Cheaka Touré (Cedeao), Ramtane Lamamra (Algérie), Pierre Buyoya (Union africaine), etc. Les patrons de ces organisations et les représentants des Etats membres de la médiation seront tous au grand rendez-vous de la paix à Kidal, s’exclame Le Républicain. A cet effet, il n’est pas permis d’imaginer un scenario de volte-face de la CMA. »
On tourne en rond…
« Alors, signera ou signera pas ? C’est toute la question », s’exclame le site d’informationGuinée Conakry Infos. « A quoi jouent les rebelles de l’Azawad ? », s’interroge encore le site guinéen. « Les atermoiements et les tergiversations de la Coordination des Mouvements de l’Azawad face à l’accord d’Alger prennent des tournures faussement démocratiques, pour contourner les fondements de cet accord qui se veut historique, mais qu’elle n’a point voulu signer, quand les autorités maliennes le faisaient, prétextant un besoin de consultation de la base. Depuis le 1er mars, on tourne en rond, constate Guinée Conakry Infos, avec des jeunes révoltés, des femmes résolues, des chefs de tribus décidés et des combattants déterminés à ne pas céder même un iota de leur territoire. (…) Une autre paire de manches s’engage avec la communauté internationale, et le risque de retomber dans une autre crise n’est plus à exclure, si l’attitude de la CMA ne change pas. Il faudrait alors aux autorités maliennes et à la communauté internationale, conclut le site guinéen, une bonne dose de flexibilité et une forte dose de capacité de persuasion pour sortir de cette impasse. »
Qui pour siffler la fin de la récréation ?
Le Pays, au Burkina, donne de la voix… « Six mois d’âpres discussions et de douloureuses concessions, d’efforts et de gaspillage de deniers du contribuable malien pour tourner en rond et finalement en arriver là ? Il y a véritablement quelque chose qui boitille et que la communauté internationale devrait vite s’employer à redresser, affirme le quotidien ouagalais. Il faut quelqu’un pour siffler la fin de la récréation. Et cet arbitre ne saurait être personne d’autre que les Nations unies, avec à leur tête la France, car ces frasques infantiles n’ont lieu que parce que les touaregs bénéficient de soutiens de quelques mains invisibles qui disent travailler pour un retour de la paix au Mali, mais qui se projettent déjà dans l’hypothèse où ces personnes devraient, demain, exploiter le soi-disant pétrole du sous-sol de l’Azawad. Ce n’est que par la fermeté, conclut Le Pays, que Kidal reprendra le chemin qui mène à la République. »
En tout cas, note L’Observateur Paalga, toujours à Ouaga, « on s’achemine donc vers une session de rattrapage sans trop savoir si celle-ci connaîtra un meilleur sort. La question se pose en effet de savoir jusqu’où peut aller le président IBK sans donner l’impression au reste des Maliens qu’il renonce à une partie de la souveraineté du pays. Voici donc les différents protagonistes de la crise au milieu du gué, ne pouvant plus faire machine-arrière mais se demandant bien si ce nouvel échec ne conduira pas vers une impasse. Dans ce no man’s land qu’était devenu le Nord-Mali sous la coupe des mouvements touaregs et des narco-djihadistes et que des trafiquants de tout poil écument, de nombreux pêcheurs en eaux troubles n’ont visiblement pas intérêt que la paix revienne, pointe encore L’Observateur Paalga, car ce serait la fin des haricots. Et si ceux qui ont perpétré la récente fusillade à la Terrasse de Bamako et au camp de la Minusma à Kidal avaient voulu fusiller le processus de paix, ils ne s’y seraient pas pris autrement. »
Source: RFI