La 45ème promotion de l’École Militaire Interarmes (Emia) de Koulikoro porte désormais le nom du général Moussa Traoré, l’ancien président du Mali. La cérémonie de baptême a eu lieu ce vendredi, 1er septembre, sur la Place d’armes du Centre d’instruction Boubacar Sada Sy à Koulikoro.
L’ancien président du Mali, général d’armée Moussa Traoré, sourit et remercie le ciel dans sa tombe pour avoir été honoré par les autorités de la transition du Mali. Celles-ci ont pris la décision de donner son nom à la 45ème promotion de l’Ecole Militaire Interarmes de Koulikoro, prestigieuse Ecole militaire. Au total, ils sont 235 officiers, dont 51 personnels féminins, à s’enorgueillir de porter le nom de leur prestigieux parrain. Ces nouveaux gradés viennent de neuf pays africains : Cameroun, Congo-Brazzaville, Guinée Conakry, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Ils viennent de terminer avec deux ans de formation qui les rend aptes d’accomplir la servitude et la grandeur militaires. En plus de cette formation, une autre de six mois les attend pour les aguerrir davantage. Ces Officiers viendront renforcer la montée en puissance de l’armée malienne. Il s’agira de semer la peur dans le camp des terroristes et des ennemis de la nation. Cette politique du gouvernement est à saluer dans la mesure où la France s’est unilatéralement retirée du Mali suivie par d’autres pays qui étaient présents dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. En plus de tout cela, la Minusma est dans la rétrocession des emprises aux FAMa. Cette opération sera effective au plus tard le 31 décembre 2023, date à laquelle elle prendra fin. Faut-il le rappeler, le Mali est victime d’une crise multidimensionnelle depuis 2012. Depuis leur prise du pouvoir, les autorités de la transition marquent des points dans le cadre de cette renaissance de l’armée malienne et de la lutte contre le terrorisme. Cela se remarque dans l’acquisition des équipements de défense et de sécurité pour redonner à l’armée malienne sa renommée d’hier. D’ores et déjà, les FAMa le concrétisent sur le terrain avec la destruction de plusieurs sanctuaires terroristes réputés hier inattaquables, permettant le retour progressif de la sécurité et des déplacés dans la quasi-totalité des régions du pays. Dans son intervention, le chef d’état-major général des armées, le général de division Oumar Diarra, a soutenu que le choix de feu général Moussa Traoré comme parrain de cette promotion rend non seulement hommage à un digne fils du Mali, mais aussi invite ces jeunes officiers à s’approprier les qualités et les valeurs de cet homme d’État et officier général qui a consacré sa vie à l’œuvre nationale pour le bien-être de son peuple. Dans une de ses déclarations en Russie, le président de la transition, Assimi Goïta, avait dit qu’avec l’appui de la Russie, le Mali recouvrera progressivement sa pleine souveraineté sur l’ensemble de son territoire car les forces de défense et de sécurité opèrent désormais en toute autonomie et en toute liberté d’action. Le chef suprême des armées a exhorté les récipiendaires de cette 45ème promotion à plus d’engagement, de détermination, d’abnégation et aussi au don de soi afin de mériter la confiance du peuple malien. Selon lui, ils doivent surtout servir de modèle pour leurs subordonnés.
Un officier et un patriote de qualité
Ce n’est pas pour rien, ni par flatterie, que le Président de la Transition, colonel Assimi Goïta, a dit et répété que le général d’armée Moussa Traoré est un officier général qui a consacré sa vie à l’œuvre nationale pour le bien-être de son peuple. Il justifie l’action de feu le militaire et homme d’Etat. A ses dires, feu le général Moussa Traoré était un général très valeureux, intègre, patriote qui a consacré son temps au renforcement de l’outil de défense de son pays. Il a précisé, à cet effet, que la reconnaissance du mérite est l’une des valeurs cardinales au sein des Forces armées de défense et de sécurité. Ces qualités de feu Moussa Traoré ne sont pas connues du grand public tant l’homme incarnait des valeurs militaires insoupçonnées. On pourrait utilement rappeler ses qualités exemplaires de soldat, ses performances. Peu de gens savent qu’il a toujours été premier dans ses différentes études militaires ici en Afrique et en France dans les années 50. Il était, par-dessus tout, connu pour sa rigueur professionnelle et son respect des principes militaires. Il a été toujours en avant chaque fois que la patrie lui a fait appel. C’est lui qui a conduit en 1961 le contingent des soldats maliens qui ont envoyé un message de soutien aux nouvelles autorités du Mali indépendant, avant de conduire personnellement le groupe de militaires qui avaient démissionné de l’Armée française pour rejoindre celle du Mali. C’est sans doute pour ces raisons qu’il a été ensuite envoyé en Afrique australe, notamment en Tanzanie, pour former au combat les guérilleros des Mouvements de Libération nationale (c’était d’ailleurs là qu’il a connu à l’Ambassade du Mali au Tanganika, actuelle Tanzanie, Mariam Cissoko qui deviendra sa femme). L’histoire retient ainsi que feu le général Moussa Traoré a contribué à la formation des militaires de l’ANC, la SWAPO, le MPLA, FRELIMO, etc. Devenu Président du Mali, à partir de 1968, il contribuera à renforcer, à diversifier et à densifier le soutien du Mali à tous les Mouvements de Libération nationale en Afrique, par des soutiens multiformes (armements, humains, finances et autres matériels, diplomatie, politique, etc.). Ainsi, Nelson Mandela, à sa libération de prison en 1989, avait voulu faire sa première visite en Afrique de l’ouest, au Mali; le calendrier avait été fixé de commun accord entre les deux États à avril 1991, après l’ouverture politique au Mali suite Congrès de l’UDPM prévu pour les 28, 29 et 31 mars 1991. Si cette perspective n’avait pas été contrariée, tous les courants politiques maliens allaient accueillir en communion Madiba (Mandela). Malheureusement, c’était sans compter avec la détermination de la France et des ” Démocrates et Patriotes sincères convaincus ” de renverser coûte que coûte GMT avant le fameux Congrès devant annoncer le multipartisme, y compris, si nécessaire, dans un bain de sang, en complicité avec certains militaires recrutés d’avance pour faire un coup d’Etat. Il est d’ailleurs important de rappeler que plusieurs dirigeants d’Afrique australe sont arrivés au pouvoir avec en poche des passeports du Mali sur instruction de GMT (SWAPO, ANC, MPLA, FRELIMO, etc.). Ceci expliquant cela, on se souviendra du rôle du ministre des Affaires étrangères de général Moussa Traoré, Alioune Blondin Bèye, en Angola plus tard comme Représentant de l’ONU.
Il a pris soin de l’Armée nationale comme de la prunelle de ses yeux
Le Mali et l’Afrique, feu Moussa Traoré les avait fortement vissés à son âme. De retour d’Afrique australe, il a été nommé Instructeur à l’ÉMIA de Kati, où il a formé la plupart des officiers des FAMA. C’est lui qui, avec la création du franc malien, a été chargé de convoyer dans le plus grand secret les billets du nouvel franc jusqu’à destination, juste avant le discours historique du président de la République du Mali sur le changement de monnaie. Ce n’est pas tout. Moussa Traoré fera rayonner et entendre le Mali et sa diplomatie, dans la tradition et la continuité de son prédécesseur à la tête du Mali. Ainsi, tous les Chefs d’Etat ou / et de Gouvernement des principaux pays du monde et d’Afrique ont rendu visite au Mali pendant son règne (Chine, Vatican, France, Allemagne, USA, Canada, et plusieurs Chefs d’Etat africains, d’Asie et d’Amérique du Sud). Panafricaniste convaincu, il a été à l’initiation ou fondateur de toutes les Organisations sous régionales, régionales ou africaines (CEDEAO, LIPTAKO- GOURMA, OMVS, CILS, ANAD etc.). On comprend pourquoi il était respecté de tous. Aligné uniquement sur les intérêts du Mali, il s’entendait avec les Russes, les Français, les Allemands, les Chinois, les Canadiens, les USA, Cuba et tous les pays africains, en gardant les principes du neutralisme positif et intransigeant. Par exemple, le Mali était le seul pays africain avec lequel le Maroc a maintenu ses bonnes relations malgré que notre pays n’a pas reconnu l’annexion du Sahara occidental, reconnu par l’Algérie qui a aussi gardé des bonnes relations d’amitié avec le Mali.
C’est cela qui donne à réfléchir aujourd’hui. Il a pris soin de l’Armée nationale comme de la prunelle de ses yeux. Les ” Démocrates et patriotes sincères convaincus ” ont déstructuré, désarticulé et désarmé les FAMA pour rendre le pays à ses ennemis pilleurs, notamment leur sponsor, la France, et ensemble, ils ont voulu cacher la réalité aux Maliens, tout en détruisant à petit feu la Grande Armée malienne, créée par Modibo Keïta et qui a eu ses lettres de noblesse sous Moussa Traoré, c’est ce que le Président Goïta a magistralement reconnu. Pire, tous les héritages diplomatiques du Mali avaient été bradés par les pseudos de la maudite révolution du 26 mars 1991, qui ont imprimé au grand Mali une insupportable descente aux enfers. Dieu, le peuple malien, l’histoire et le colonel Assimi Goïta ont décidé de rendre hommage à ce grand et digne fils du Mali. L’histoire ne s’accommode pas de règlements de comptes, il faut le savoir.
Sy Éric
Didi Demba Tandjigora
Le National